Après la condamnation à mort d’un citoyen à la double nationalité américaine et iranienne, c’est hier un scientifique iranien impliqué dans le projet nucléaire de la République Islamique qui a été assassiné avec une bombe magnétique qui aurait été fixée à sa voiture. Le conflit semble ainsi prendre une ampleur plus inquiétante.
Le contexte:
La situation est très tendue entre Téhéran, Washington et Tel-Aviv, la République Islamique de Mahmoud Ahmadinejad ne s’est pas laissée impressionner par les menaces diplomatiques des puissances de l’ouest qui veulent voir l’Iran cesser ses activités nucléaires qu’ils jugent hautement dangereux pour leur sécurité.
Il faut rappeler que la République Islamique d’Iran a toujours été très claire quant à sa position vis à vis d’Israël, un Etat qu’elle juge parfaitement illégitime. De fait, les activités d’enrichissement d’uranium que mènent activement les ingénieurs iraniens pourraient être mis à profit pour assembler des bombes nucléaires qui seraient, selon les craintes occidentales, employées pour s’en prendre à Israël, voire même les Etats-Unis d’Amérique.
Les sanctions économiques et diplomatiques que les occidentaux ont utilisé contre Téhéran depuis des années n’ont eu visiblement aucun impact et c’est pourquoi les Etats-Unis se démènent pour organiser un embargo de grande envergure sur le pétrole iranien qui est la source de revenue la plus importante du pays et permet de nourrir ses 78.000.000 d’habitants. Les négociations sur le projet nucléaire iranien ont été coupées il y’a près d’un an maintenant et même si les autorités iraniennes ont signifié qu’elles seraient prêtes à les reprendre, les occidentaux leur impose de prendre en premier lieu des mesures témoignant de leur « bonne volonté » ce qui bloque, une nouvelle fois, les négociations.
L’Europe:
L’Europe qui importe de grandes quantités de pétrole d’Iran essaye d’envisager les possibilités d’un embargo, ce qui nécessitera de trouver de nouveaux fournisseurs. Ils n’en démordent pas moins sur l’aspect urgent d’un changement de position de la République Islamique, il est de tradition pour les européens de suivre les Etats-Unis dans leurs « croisades ». D’ailleurs, l’Agence Internationale de l’Energie Atomique, sous l’égide de l’ONU, qui suit de très près la situation est basée à Vienne.
L’utilisation des armées:
Les Etats-Unis ainsi qu’Israël n’ont jamais laissé douter de leur détermination à faire emploi de la force militaire si la République islamique se montrait trop « non-coopérative ». D’ailleurs des forces navales colossales composées de bâtiments de guerre américains et européens sont déployées près du Golfe Persique sous le commandement des Etats-Unis. Ils sont à tout instant en état d’agir si l’Iran mettait en pratique ses menaces. En effet, la République Islamique qui est de plus en plus touchée économiquement par les efforts américains pour bloquer leurs revenus liés au pétrole a menacé à plusieurs reprises de bloquer le détroit d’Ormuz par où transite la lourde majorité du pétrole mondial. Les conséquences seraient, à long terme, désastreuses pour l’économie planétaire. A cela les Etats-Unis ont rétorqué que si jamais l’Iran venait à commettre ce blocage, ils utiliseraient la force sur le champ et reprendraient le contrôle du détroit. Etant alors dans une situation difficile, l’Iran se contente de pratiquer des essais militaires de plus en plus réguliers dans les environs du détroit en signe qu’ils ne cèdent pas totalement à la menace occidentale et surement pour provoquer « l’ennemi ».
De plus, Israël et les Etats-Unis avaient menacé de bombarder les installations nucléaires de la République Islamique si celle-ci n’arrêtait pas bientôt son programme d’enrichissement en uranium. Face à ce risque, l’Iran a déplacé ses installations et les a enterré dans une montagne dans le bunker de Fordoo dans les environs de la cité « sacrée » de Qom. Chose qui déplaît fort à l’occident étant donné qu’un simple bombardement ne suffirait plus, il faudrait une guerre si les négociations échouent.
Le temps presse, car l’Iran aurait déjà débuté un enrichissement en uranium à 20%, ce qui d’après les experts en la matière serait la première étape ainsi que la plus difficile avant l’enrichissement à 90% nécessaire pour la constitution d’une bombe nucléaire. Les tergiversations comme quoi ce serait pour la médecine et le traitement du cancer ne convainc pas du tout les puissances de l’Ouest car ils jugent qu’il est impossible que l’Iran détienne des installations médicales à ce point perfectionnés sans oublier le tempérament guerrier de la République Islamique.
Sans oublier non plus que l’Iran ne connaît pas que des adversaires dans sa lutte, Mahmoud Ahmadinejad a été reçu il y’a quelques jours par Hugo Chavez, Président de la République Bolivarienne et les deux hommes ont blagué à propos des Etats-Unis et de leurs « craintes ». Hugo Chavez en a profité pour rappeler son soutien sans retour envers la République Islamique d’Iran en dénonçant une nouvelle tentative des Etats-Unis pour dominer le monde qui serait aussi vaine qu’illégitime.
Plus problématique encore, la Chine qui se fait de plus en plus arrogante vis à vis des Etats-Unis avec sa carrure internationale qui ne cesse de gonfler, n’a pas du tout montré de signe qu’elle serait prête à participer à l’embargo contre l’Iran, étant donné qu’elle importe 22% du pétrole iranien c’est un coup dur pour l’occident. Surtout que si l’Iran négocie un prix bradé pour son pétrole en échange de débouchés, la Chine pourrait accroître ce pourcentage.
C’est dans ce contexte explosif que les deux parties à la lutte cherchent toute les manières possibles de remporter des petites batailles diplomatiques, techniques ou politiques.
Condamnation à Mort:
C’est donc dans ce contexte que Amir Mirza Hekmati, citoyen américain, qui disait travailler pour une firme New-Yorkaise dans l’élaboration d’un jeu devant manipuler les populations au Moyen-Orient pour les Etats-Unis a été arrêté en août dernier pour espionnage alors qu’il visitait ses grands parents en Iran.
D’après l’agence d’information ISNA, il aurait été condamné à mort pour avoir coopéré avec le pays hostile des Etats-Unis et espionné pour le compte de la CIA (Central Intelligence Agency) et la Cour l’aurait jugé « corrompu sur Terre et « Mohareb » (un qui mène la guerre contre Dieu). »
C’est bien la première fois qu’un citoyen américain se voit condamner à mort par l’Iran, même si ce n’est pas la première fois que des citoyens américains sont accusés pour de tels faits. Les Etats-Unis réfutent l’accusation comme quoi M Hekmati serait un espion et exigent sa libération immédiate en soulignant les accusations trop nombreuses et fausses ainsi que les pratiques Iraniennes qui sont passés maîtres dans l’art des aveux forcés.
C’est une affaire qui vient mettre de l’huile sur le feu dans la situation actuelle. Il reste une dernière chance pour l’accusé, c’est la Cour suprême qui étudie toutes les condamnations à mort du pays et pourrait épargner sa vie.
Assassinat:
L’assassinat du scientifique iranien, qui rappelle deux attaques similaires qui ont eu lieu en 2010 a provoqué la colère des autorités iraniennes qui accusent, comme en 2010 les « sionistes » et « ceux qui prétendent lutter contre le terrorisme », en d’autres termes Israël et les Etats-Unis.
L’accusation ne semble pas manquer de cohérence étant donné que s’en prendre aux ingénieurs qui travaillent sur le projet nucléaire iranien serait une façon radicale de le ralentir. C’est d’ailleurs pourquoi tous les scientifiques impliqués dans le projet nucléaire sont étroitement protégés par le Corps des Gardes Révolutionnaires, surtout depuis la double attaque de 2010.
D’après les caméras sur place et des témoignages, un homme en moto aurait fixé une bombe magnétique sur la voiture avant de filer.
A la suite de cette attaque, des parlementaires iraniens auraient crié « Mort à l’Amérique! » en brandissant leurs poings en signe de défiance et attestant parfaitement de l’ambiance qui règne à Téhéran. D’après l’agence d’information officielle de la République Islamique les comités responsables de la sécurité nationale ainsi que de la politique étrangère se sont réunis pour débattre de la façon dont les autorités allaient réagir à cette « attaque terroriste ».
A ce rythme, il semblerait qu’il y’est peu de chances que la République Islamique d’Iran et l’Occident trouvent une solution pacifique à la situation présente.