Le cauchemar vécu par une jeune fille de 17 ans émeut le Maroc et les réseaux sociaux. Associations et professionnels souhaitent lui apporter leur aide pour tenter de remédier aux séquelles physiques de la victime.
Khadija Okkarou a 17 ans lorsque le drame arrive. « Pendant le mois du ramadan, je suis allée passer une semaine chez ma tante. J’étais devant la porte du domicile de ma tante et un groupe d’hommes m’a kidnappée et ils m’ont emmenée dans un terrain vague que je ne connaissais pas » relate-t-elle à Chouftv. La jeune fille s’apprête à vivre, pendant deux mois, un cauchemar éveillé. Dans plusieurs médias marocains, la lycéenne relate sa vie aux mains de la « bande dangereuse » qui l’a kidnappée dans le centre du pays, à Fkih Ben Salah. Khadija est violée, droguée, tatouée et torturée. Dans une vidéo publiée le 21 août par Chouftv, elle raconte son calvaire : « Ils m’ont séquestrée pendant près de deux mois, violée et torturée ». Elle confie à Telquel : « Je n’arrêtais pas de pleurer et j’ai essayé de fuir à plusieurs reprises, mais ils ont réussi à m’attraper. Ils m’ont alors frappé […] Ce sont des criminels qui ne me donnaient ni à manger ni boire et ne m’autorisaient pas à me laver ».
Khadija Okkarou retrouve finalement son domicile. Elle relate l’appel de son père, qui promet aux kidnappeurs de ne pas les dénoncer à la police si jamais sa petite fille rentre chez elle. Quelques jours plus tard, elle se confie aux autorités. Les stigmates sur son corps sont encore visibles : brûlures de cigarettes, tatouages multiples et violents… Mais les principales sévices sont psychologiques. « Je ne leur pardonnerai jamais, ils m’ont détruite. […] Je suis quelqu’un de pieux, je poursuivais mes études et ils ont gâché ma vie, je ne peux même plus sortir ».
Les réseaux sociaux s’emparent de l’affaire
Rapidement, le hashtag #JusticePourKhadjia émerge sur les réseaux sociaux. L’histoire du drame dépasse les frontières du Maroc et le scandale entraîne une grande mobilisation pour soutenir moralement cette jeune fille brisée. Une pétition est lancée lundi 27 août, adressée au roi Mohammed VI pour qu’il réponde à une telle barbarie. Elle recense déjà près de 13.000 signatures.
Le tatoueur tunisien Wachem « Fawez le tatoueur » a quant à lui contacté le père de la victime pour lui proposer ses services : retirer les tatouages et traces du cauchemar de Khadija.
Un dessin né du talent d’une jeune illustratrice, appelée Nad-Art, va rapidement devenir l’emblême du combat de Khadija. On y découvre une jeune femme en pleurs, dont le corps est parsemé de tatouages en tous genres et visiblement victime de violences physiques. Son visage est barré d’un « SOS« . L’image est rapidement relayée par différents médias marocains.
L’histoire dramatique de la jeune marocaine, désormais traitée par la Justice
12 personnes ont été interpellées par la Justice, selon l’AFP informée par Naima Ouahli, membre de l’Association marocaine des droits humains à Beni Mellal. Associations et professionnels souhaitent apporter leur aide dans le traitement judiciaire de l’affaire Khadija. L’audience devrait se tenir le 6 septembre.
Dans ce procès, la jeune adolescente ne sera pas toute seule : « Nous avons déjà six avocats et membres de l’association qui vont défendre Khadija », déclare Abderrahim Majdi, président de la section de l’Association marocaine des droits humains (AMDH) à Beni Mellal. Tandis que dans un communiqué, l’association de développement de l’enfance et de la jeunesse ADEJ (section Souk Sebt) a déclaré se porter partie civile.