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Le discours de Simone Veil sur l’avortement a quarante ans

Le discours de Simone Veil à la tribune de l’Assemblée nationale a aujourd’hui quarante ans. Le 26 novembre 1974, la Ministre de la Santé de Valéry Giscard d’Estaing s’apprête à tenir un discours qui marquera l’Histoire. Il concerne la légalisation de l’avortement, sujet ultra sensible à l’époque.

Devant une assemblée essentiellement masculine ne comptant que 9 femmes pour 481 hommes, la ministre déclame : « Nous ne pouvons plus fermer les yeux sur les 300 000 avortements qui chaque année mutilent les femmes dans ce pays, bafouent nos lois et humilient ou traumatisent celles qui y ont recours. » « Aucune femme ne recourt de gaieté de coeur à l’avortement. Il suffit de les écouter. C’est toujours un drame », assure-t-elle tout en soulignant que « l’avortement doit rester l’exception, l’ultime recours pour des situations sans issue ».

Succèderont à son discours plus de 25 heures de débats durant lesquelles Simone Veil essuie des insultes en tous genres. Pendant près de trois jours et deux nuits de combat, elle doit même faire face aux critiques émanant de sa propre majorité, et notamment celles de Michel Debré, ancien Premier ministre du général de Gaulle, qui voit dans ce texte « une monstrueuse erreur historique ». Alors que la jeune femme revient tout juste des camps de la mort, on ose lui reprocher le « choix d’un génocide » ou encore d’organiser une « barbarie couverte par la loi comme elle le fut par les nazis ».

« Je n’imaginais pas la haine que j’allais susciter », confie l’ex-ministre de la Santé à la journaliste Annick Cojean. Le 29 novembre 1974, au coeur de la nuit, la loi est votée par 284 voix contre 189. Les deux tiers des députés de la majorité votent contre le texte, adopté essentiellement grâce aux voix de gauche et centristes. La « loi Veil » est promulguée le 17 janvier 1975, autorisant l’IVG pour cinq ans. L’autorisation sera rendue définitive par la loi du 31 décembre 1979.

 

Qu’en est il aujourd’hui ?

Plusieurs lois ont succédé à la loi IVG afin d’en faciliter l’application, notamment celle de 1982 introduisant le remboursement de l’avortement, celle de 2001 portant le délai légal durant lequel une femme peut avorter de 10 à 12 semaines de grossesse, autorisant les médecins libéraux à réaliser des IVG médicamenteuses, et plus récemment celle de 2014 supprimant la notion de «situation de détresse» pour justifier d’une demande d’avortement.

Pourtant, d’autres recommandations demeurent sans application. C’est notamment le cas de la «clause de conscience», permettant à un médecin de refuser une IVG ou encore du délai obligatoire de 7 jours de réflexion pour la femme entre les deux premières consultations qui n’ont pas été supprimés. Aussi, «pour des questions de rentabilité financière», de nombreux établissement se sont vus dans l’obligation de fermer. S’ajoutent à cela des difficultés d’accès à l’IVG dans certains territoires qui entrainent un dépassement du délai légal de 12 semaines, obligeant ainsi les femmes à se tourner vers l’étranger. Ce serait le cas de 3.500 et 5.000 femmes chaque année. Restent encore certaines pressions liées à la religion.

 

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