Sous une chaleur de plomb et un ciel bleu, l’hymne national américain raisonne 54 ans après à Cuba accompagné de la bannière étoilée qui flotte dans le ciel.
Cinquante quatre ans après le débarquement de la baie des cochons, et l’embargo américain, le vendredi 14 août, l’œil était tourné sur la petite île de Cuba. C’est accompagné de six sénateurs, dont un républicain, que John Kerry chef de la diplomatie américaine s’est rendu à la Havane pour écrire l’histoire. Une première depuis 1945. Cette visite chargée de symbole avait pour but, la réouverture de l’ambassade américaine sur l’île.C’est ainsi qu’à 14h40 heure locale, sous l’air de l’hymne national américain Jim Tracy, F .W Mike East et Lary C. Morris les marines qui avaient abaissé le drapeau en 1961, le hissent à nouveau, marquant officiellement le rétablissement de la diplomatie entre les Etats-Unis et Cuba.
Lors de son discours, John Kerry déclare « aujourd’hui nous faisons tomber toutes les barrières et recherchons de nouvelles possibilités » en parlant du nouveau rapport que son pays s’apprête à établir avec Cuba.
Enjeux politique de part et d’autres
Pendant son discours, John Kerry fait preuve de fermeté et pose les jalons de cette nouvelle coopération. Il déclare « la démocratie est au fondement des principes américains. Le peuple de Cuba serait mieux servi par une véritable démocratie dans laquelle, les gens sont libres de choisir leurs dirigeants ». Une critique adressée au système dictatorial cubain établi par Fidèle Castro, et poursuivi par son frère Raoul même si ce dernier fait preuve d’ouverture.
« Je réitère ma promesse de bloquer la confirmation d’une ambassade auprès de ce régime méprisable » annonce Marc Rubio candidat à la primaire républicaine.
Du côté américain, cet acte est loin de faire l’unanimité. Les républicains en majorité au Sénat, comptent faire barrage à l’élection d’un ambassadeur à Cuba à l’instar de Marco Rubio, homme politique d’origine cubaine. Qui plus est s’il est démocrate . En vue des élections présidentielles de 2016, Jeb Bush le frère et fils des anciens présidents, prend aussi position et se range au côté de sa majorité. Il confirme la fermeté des républicains à voter contre la levée de l’embargo américain sur Cuba, un enjeu majeur de ce dégel.
Si son frère fait preuve d’ouverture, à Cuba, Fidel Castro n’en démord pas. Il fait une apparition à l’occasion de son 89ème anniversaire jeudi 13 août. Au côté de Nicolas Maduro et Evo Morales (président vénézuélien et bolivien) il fustige les Etats-Unis en rappelant que, l’Etat américain doit « de nombreux millions de dollars » à l’île cubaine, en guise de dommages et intérêts pour toutes ces années d’embargo.
Ces deux pays peuvent-ils collaborer ?
Les points de dissidences sont forts. Cuba n’est pas prêt à abandonner son système politique, pour suivre le modèle américain. D’ailleurs Bruno Rodriguez chef de la diplomatie cubaine n’a pas manqué de répondre à son homologue. Il souligne que les Etats-Unis sont aussi confrontés à des problèmes intérieurs non résolus « Cuba n’est pas le pays où se produisent des actes de discrimination raciale ou des brutalités policières provoquant des morts » il ajoute « le territoire où des gens sont torturés, détenus dans un vide légal, ne relève pas de la juridiction de Cuba » en faisant référence à la base militaire de Guantanamo, territoire que l’Etat castriste réclame aux américains.
La question des droits de l’Homme chère aux américains reste fondamentale à Cuba. Encore le weekend dernier, une centaine de dissidents ont été arrêtés suites à une manifestation. D’ailleurs ces dissidents ne voient pas d’un bon œil le rapprochement entre les deux pays, de peur que les Etats-Unis les oublient. Ils reprochent au gouvernement américain d’avoir omis de poser ce problème sur la table lors des discussions qui ont menées au dégel.
Si ce jour du 14 août 2015 restera dans l’histoire, la normalisation des relations entre les deux pays est à demie teinte. De nombreux problèmes sont encore à résoudre pour espérer un changement à Cuba.