Quasi une première pour nous cette semaine en parlant … de la musique d’une série française, La faute à Rousseau, nouvelle fiction de France 2.
[Extrait Sonore « La faute à Rousseau »]
[« SérieFonia : Season III : Opening Credits » – Jerôme Marie]
[« La faute à Rousseau – I Got a Way » – Nicolas Jorelle]
Cette semaine, il va falloir que je vous raconte brièvement ma vie à travers ce SérieFonia… Parce que… Avant d’en arriver à La faute à Rousseau, série diffusée sur France 2 depuis ce 17 février, il faut bien dire que ce qui va suivre est avant tout la faute d’Alex… Je parle d’Alexandre Letren, bien évidemment. Car c’est lui qui, pour l’occasion, a joué les proviseurs et m’a renvoyé vers les bancs d’école en me demandant de plancher sur un double sujet pour une fois imposé. Oui, je dis bien double parce que ce sera encore le cas la semaine prochaine. Car l’ami Alex est parti d’un constat simple : en déjà trois ans de SérieFonia sous sa forme « pastille », je n’ai – il est vrai – quasiment jamais parlé de musique française. Et ma foi… shame on me… Il a raison. Du coup, en éternel élève rebelle, je commence par faire un peu de provoc… et je vous emmène en Espagne.
[« Merlί – Générique » – Xavier Capellas]
Entre septembre 2015 et janvier 2018, les trois saisons de Merlί font les bons jours, ou plutôt les bonnes soirées, de la chaîne catalane TV3. La musique des 40 épisodes est signée de Xavier Capellas et cette histoire de vieux professeur de philosophie venant en aide à ses étudiants à travers des cours au contenu et influences peu conventionnels a su tranquillement se frayer un chemin jusqu’à chez nous. Tout d’abord en étant diffusée sur Ciné+ Famiz sous le titre Philo et, ensuite, par la mise en chantier d’un remake plutôt libre… rebaptisé La faute à Rousseau.
[« La faute à Rousseau – Fun » – Nicolas Jorelle]
Autant la jouer franc jeu : le cinéma français, ce n’est déjà pas ma tasse de thé. Alors la télé française, encore moins. J’avoue même, avec un poil de honte, faire le plus souvent partie de ces détracteurs rabâchant que nos productions sont généralement tournées sans le moindre style et, encore plus généralement, extrêmement mal jouées… Oui, je sais, je suis à fond dans le cliché et, fidèles de La loi des séries que vous êtes, vous hurlez surement déjà au sacrilège… Mais ne vous emballez pas trop vite et retenez Alex encore quelques secondes de me casser la gueule car voici venir l’heure de mon mea culpa… Grâce à lui, j’ai découvert Les revenants, Dix pour cent, Irresponsable, Maroni, Romance… et surtout Marianne… Que j’ai ouvertement adoré et que je n’aurais jamais visionnée sans ses bons conseils. Alors, quand il m’a envoyé l’album de La faute à Rousseau… D’un compositeur que je ne connaissais pas pour une série dont je n’avais strictement jamais entendu parler… Je me suis d’abord tout naturellement demandé : bon, il a fait quoi ce Nicolas Jorelle ? Et puis… soudain… Je me suis rappelé Fanfan…
[« Fanfan – Le thème du violoncelle » – Nicolas Jorelle]
C’était en 1993, écrit et réalisé par Alexandre Jardin, avec Sophie Marceau et Vincent Perez en éternel adulescent. Depuis, cet ancien technicien de studios, a composé pour plus d’une centaine de projets, dont une grande majorité pour la télévision et un bon p’tit paquet de publicités. En 2009, il a remporté le prix de la meilleure musique au Festival de la fiction TV de La Rochelle pour Un viol de Marion Sarraut… mais, en fouinant, je me suis plutôt arrêté sur ce très beau morceau tiré du téléfilm Meurtre à l’abbaye de Rouen, tourné pour France 3 en 2014.
[« Meurtre à l’abbaye de Rouen – La lumière » – Nicolas Jorelle]
Ainsi que sur cet extrait des Brumes du souvenir, toujours pour France 3 en 2017.
[« Les brumes du souvenir – Le cimetière » – Nicolas Jorelle]
À la découverte de ces partitions, mélodiques et somme toute assez classiques, j’étais loin de me douter que celle de La faute à Rousseau allait s’avérer si différente… En premier lieu, c’est essentiellement de l’électro. Avec un zest de glam rock… Et bon, un peu de rap aussi ; pour faire plaisir aux j’euns… En écoute seule, l’album est agréable et baigne l’auditeur dans une ambiance soutenue et enveloppante ; bien qu’en apparence dénuée de toute évolution narrative. Ce qui se vérifie d’ailleurs par la suite au regard des épisodes… Par nature, la série est très bavarde. Et ne laisse donc que peu de place à la musique pour s’exprimer réellement. Seules quelques courtes séquences aux effets de montage appuyés, entre accélérations et ralentis, favorisent ce type d’aération. De même qu’une très jolie scène d’amour dans l’épisode 4. Mais en dehors de ça, le compositeur ne peut qu’envelopper l’ensemble de ses sonorités marquées, et parfois chantées, jusqu’à se fondre dans l’image sans jamais totalement l’incarner pour autant.
[« La faute à Rousseau – Liberty Bird » – Nicolas Jorelle]
Mais c’est dans l’ère du temps. Il devient rare, finalement, qu’une musique de film raconte encore véritablement quelque chose par elle-même. Ce qui ne la rend pas nécessairement moins agréable… Tout dépend des attentes de chacun. Mais quoi qu’il en soit, l’atmosphérique épuré semble bien l’avoir définitivement emporté sur le thématique développé. Toutefois, il arrive ici que Nicolas Jorelle puisse s’arrêter sur un personnage en particulier… C’est le cas d’Emma, interprétée par Esther Valding, qui bénéficie de son propre et bouleversant arc narratif à l’occasion de l’épisode 3. Mais là encore, la musique reste sobre, sans réel motif appuyé et plus ou moins étirable à volonté…
[« La faute à Rousseau – Emma » – Nicolas Jorelle]
Quelque part entre Le cercle des poètes disparus et Pause-café, La faute à Rousseau est de ces programmes qui vous happent par surprise… Car oui, je peux à présent l’affirmer : à mon propre étonnement, j’ai beaucoup, beaucoup, aimé cette série. Pour le coup remarquablement écrite et interprétée ; même si servie par une mise en scène lambda et on ne peut plus conventionnelle. Mention spéciale pour Louis Duneton : absolument formidable dans le rôle de Théo… Ainsi que pour tout le jeune casting en général. En tête d’affiche : Charlie Dupont parait plus vrai que nature en prof de philo forcément paumé, juste ce qu’il faut de charmant et de cliché… d’ailleurs judicieusement rajeuni de près de 20 ans par rapport à son homologue campé par Francesc Orella dans la version originale espagnole. Comme il se doit, chaque épisode met en avant un problème de société… toujours traité dans une extrême dignité. Ce qui n’est pas sans rappeler les meilleures séries du genre : de Degrassi (première génération) à Hartley, cœurs à vif, en passant par Fame et Angela 15 ans. Bref… Merci Alex ! Sans toi, je serai forcément passé à côté de quelque chose de vraiment très réussi. Mais en sera-t-il de même avec OVNI(s), la série de Canal +, que tu m’as également soufflée pour la semaine prochaine ? Suspense… Quoi qu’il en soit, ce sera l’occasion de voir si la Vérité est toujours ailleurs… ou si elle peut également briller de par chez nous.
[« La faute à Rousseau – L’autre » – Nicolas Jorelle]
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