Les 10 et 11 décembre 2018, une conférence des Nations Unies va se tenir à Marrakech. Le sujet de cette conférence est la ratification du Pacte Mondial sur les migrations sûres, ordonnées et régulières, un sujet qui suscite une levée de boucliers des différentes droites partout dans le monde ainsi qu’une envolée magistrale de « fake news » et de revisites personnelles du traité.
Cet accord expose les bénéfices économiques, culturels et sociétaux de l’immigration, tout en prévoyant de la part des Etats signataires un investissement dans une campagne de sensibilisation. Le but est aussi d’endiguer la xénophobie et toute forme de racisme, quitte à allouer moins de capitaux pour les médias qui diffusent ce genre d’idées. La portée de ce pacte est principalement symbolique étant donné qu’il ne contient aucune restriction ni obligation juridique.
Alors que la date butoir de la ratification du traité approche, les États gouvernés par les extrêmes reculent de plus en plus, jusqu’à renoncer totalement à la signature prévue en début de semaine prochaine. Ce traité qui n’a pas fait grand bruit durant les négociations commence à peine à faire parler de lui. Pourtant, dès décembre 2017, la gouvernance de Trump s’y est était opposée. Son argument de défense est celui de la souveraineté populaire ;
«Aucun pays n’a fait plus que les Etats-Unis et notre générosité continuera. Mais nos politiques migratoires doivent être décidées par des Américains, et des Américains seulement. Nous déciderons quelle est la meilleure manière de contrôler des frontières et qui peut entrer dans le pays. L’approche globale de la Déclaration de New York n’est simplement pas compatible avec la souveraineté américaine.»
Une avalanche de refus
Cette crainte de perte de souveraineté sur l’intégrité des frontières est un leitmotiv pour refuser ce pacte.
La Hongrie proteste en arguant le danger que représente le pacte et se flatte de favoriser une société hétérogène plutôt que multiculturelle.
L’Autriche, aux mains d’une coalition Conservateur/Extrême droite, s’est également désistée. Pour la chancellerie viennoise, le problème porte sur l’intégration des populations immigrées sur le marché du travail.
La république Tchèque, Israël et l’Australie rejoignent le camp des opposants avec la République Dominicaine et la Bulgarie. Tous parlent d’une crainte de l’augmentation de l’immigration illégale, bien que le dossier de 41 pages émanant de L’ONU mentionne ;
«les Etats peuvent, dans les limites de leur juridiction souveraine, opérer la distinction entre migration régulière et irrégulière, notamment lorsqu’ils élaborent des mesures législatives »
La France quant à elle assure le bien-fondé du pacte de Marrakech et désire signer, ce qui engendre des tensions à l’échelle nationale. Les partis d’extrêmes droites comme le RN et l’UPR s’y opposent fermement. Ces deux partis vocifèrent que le texte force les nations à ouvrir les frontières à pas moins de 225 millions de migrants et que la France devrait envoyer des capitaux conséquents dans les pays qui se vident de leur population.
Ce pacte parvient à unir les différentes droites dans le monde entier. Ces partis refusent de perdre leur souveraineté nationale face à pacte qui n’est en aucun cas contraignant d’un point de vue juridique.