Le pape est attendu avec impatience à Cuba ce samedi pour effectuer une visite de trois jours. Troisième pontife à se rendre sur l’île en 17 ans, ce rendez-vous sera pourtant différent.
« Je vous invite à prier avec moi pour mon voyage à Cuba et aux États-Unis. J’ai besoin de vos prières » a twitté Jorge Bergoglio. Ce déplacement sera le plus long et le plus dense qu’il ait jamais fait. Il s’effectue sous le symbole de la réconciliation entre les ennemis de la guerre froide. En effet, le souverain pontife a largement participé au processus de normalisation, processus qui a abouti il y a six mois au rétablissement des relations bilatérales.
Conscients du rôle primordial qu’il a joué dans l’ouverture du pays, les Cubains se sont préparés à son arrivée. Impossible de passer à côté. Des posters sont affichés à tous les coins de rue et les autorités ont largement médiatisé l’événement. Alors que l’accès à internet est étroitement contrôlé, une page web intitulée « Le pape François à Cuba » et plusieurs comptes sur les réseaux social ont été créés. Ils permettent de communiquer en temps réel tous les faits et gestes du souverain pontife pendant ces prochains jours.
Et pour cause, le programme est chargé. A la Havane, Hoguin et Santiago, il prononcera plusieurs discours et célébrera une messe chaque jour. Il s’entretiendra également avec les évêques, les religieux et les séminaristes locaux. La rencontre la plus attendue reste celle avec le chef de l’État, Raul Castro. Les Cubains placent de larges espoirs dans cette visite cruciale qui pourrait entraîner des bouleversements.
Les résultats du voyage pontifical se dessinent d’ores et déjà. Ce vendredi, le département du trésor américain a pris des mesures susceptibles d’aider le développement du secteur privé cubain par la diminution des restrictions commerciales. Du côté de l’exécutif cubain, la libération de 3 522 prisonniers a été décidée. Aucune des deux visites papales précédentes n’avait eu un écho aussi grand.
Si cette visite consacre le rapprochement de l’Eglise avec l’île caribéenne, les retentissements qu’elle fera sont imprévisibles. Le pape remettra t-il en cause l’embargo américain ou le régime castriste ? Rencontrera t-il les Dames en blanc, femmes des prisonniers politiques ? Rien n’est moins sûr. Toujours est-il que le pape attend apporter une parole de paix : « Jésus vous aime et ne vous abandonnera pas. Je viens vous voir comme missionnaire de la miséricorde de Dieu ».