Alors que les premières marches pour l’égalité fêtent ses 30 ans cette année, la majorité des Français ont le sentiment que la xénophobie et le racisme ont gagné du terrain au fil de ces dernières décennies.
Selon un sondage OpinionWay pour la Ligue Internationale Contre le Racisme et l’Antisémitisme (Licra) – voir PDF –, 59% des Français estiment que le racisme, notamment vis-à-vis des Maghrébins, a augmenté depuis la « marche des beurs » de 1983 et la création de SOS-Racisme.
« 68% des sondés considèrent qu’il est difficile d’être d’origine maghrébine. C’est clairement la minorité pour laquelle c’est le plus difficile à vivre aujourd’hui en France », a observé le président de la Ligue, Alain Jakubowicz.
Pour 61% des Français, il est plus difficile d’être musulman en 2013, comparé à 1983. « Cela s’explique par des événements comme le 11 Septembre et les conséquences d’un terrorisme revendiqué par une infime minorité d’islamistes. En France, les musulmans sont les premières victimes de l’islamisme radical, » a analysé Alain Jakubowicz. « Et 36% des personnes interrogées considèrent qu’il est difficile d’être juif, ce qui traduit la progression de l’antisémitisme. La crise économique, financière, sociale et morale que nous connaissons s’accompagne d’une montée de la xénophobie, du repli identitaire et de la désignation de boucs-émissaires », a-t-il poursuit.
En ce qui concerne les personnes originaires d’Afrique Centrale, 58% des sondés considèrent qu’il est difficile d’être noire. « Progression du racisme ou prise de conscience, le grand problème, c’est toujours la question de la preuve. Après de multiples refus de candidatures à un emploi, à des logements, à l’entrée dans des boîtes de nuit qui annoncent être complètes… Comment démontrer ces discriminations? », a déploré le président du Conseil Représentatif des Associations Noires, Louis-Georges Tin. Selon le dirigeant, le nombre d’appels de victimes a été multiplié par trois ces deux dernières années.
Pour 74 % des Français, le racisme est perçu comme « un danger » pour la société, mais la même proportion dit mal connaître le rôle des associations antiracistes. De plus, 86% se désintéressent de leurs actions et 70% les jugent inefficaces. Selon Alain Jakubowicz, outre « l’effet de mode », les associations ont commis des erreurs, en restant « bloquées » sur la grille de lecture des années 1980, quand « le racisme était substantiellement blanc, d’extrême droite et souvent chrétien ».
Le sondage a été réalisé, selon la méthode des quotas, auprès d’un échantillon de 1003 Français représentatifs de la population âgée de 18 ans minimum, interrogé en ligne les 2 et 3 octobre.