L’élevage de saumons en Norvège bénéficie d’une image d’authenticité rustique. Mais en réalité, cet élevage a plutôt des allures d’aquaculture industrielle intensive, qui n’est pas sans conséquences sur les eaux pures de l’Atlantique du Nord.
La Norvège, pays natal d’un saumon de qualité
Le saumon aime les eaux froides, pures et oxygénées du Nord, c’est bien connu. la Norvège est donc le berceau traditionnel idéal des générations de saumon naissantes. En Europe, cette réputation sur la qualité de la chaire de saumon a justifié des prix élevés. Effectivement, le saumon a longtemps été un mets de luxe réservé aux tables de fête. Mais aujourd’hui, c’est un bien de consommation courant, que les classes moyennes peuvent consommer fréquemment. En industrialisant la production dans les années 1980, le chiffre d’affaire généré par l’activité a monté en flèche et le marché s’est ouvert à la concurrence.
D’après les chiffres du bureau central des statistiques de Norvège, en 1993, 300 000 tonnes de saumon étaient commercialisées. En 2016, c’est 2,25 millions de tonnes vendues dans le monde d’après le Monde diplomatique. La production norvégienne représente 54,8% du marché mondial en 2017 et a rapporté 6 milliards d’euros aux industriels norvégiens. Et la consommation mondiale ne cesse d’augmenter d’année en année, c’est une belle aubaine pour la Norvège.
Les coulisses d’une industrie peu respectueuse de l’environnement
L’industrie du saumon cache ses secrets de fabrique sous les eaux. D’autant plus que Norge, le lobby financé par les industriels de l’élevage, véhiculent des images marketing d’un élevage presque irréprochable.
Sous les eaux donc, les saumons d’élevage s’entassent dans des cages cylindriques flottantes dans les fjords. La surpopulation dans ces tubes en plastique favorise la prolifération de maladies et de parasites, notamment les poux de la mer.
C’est là que la belle image se fissure. Les éleveurs aspergent les saumons d’élevage d’antibiotiques et autres polluants toxiques pour limiter la propagation des maladies et parasite. En particulier, le diflubenzuron est utilisé comme pesticide contre les poux de la mer. Ces polluants toxiques contaminent ensuite le reste de la faune et de la flore marine du fjord. Un reportage d' »envoyé spécial » sur France 2, a montré des vues sous-marines sur le fond des fjords détruits par l’accumulation des produits de traitement et des excréments de poisson. L’élevage est donc un fléau environnemental bien caché.
Risques toxicologiques en débat
Il en résulte que les saumons sauvages sont aussi contaminés que leurs cousins d’élevage. Cependant, aucun test ne s’applique pour vérifier la concentration de polluants dans leur chair. Il s’avère qu’il peut y avoir plus de polluants dans la chair des saumons sauvages, du fait de l’absence de contrôle systématique après la pêche.
« Les bénéfices nutritionnels [du saumon] ne compensent pas les incertitudes sur les risques toxicologiques », affirme Jean-Luc Volatier, de la direction de l’évaluation des risques de l’Anses. Effectivement, les scientifiques ne sont pas explicites sur les effets cocktails qui résultent de l’accumulation de PCB et de dioxines.
A lire aussi: L214 dénonce un élevage de Maître Coq