Les événements sportifs deviennent de plus en plus médiatisés. Ce phénomène va souvent de paire avec un poids financier important. Qui dit sport professionnel de haut niveau dit malheureusement sommes d’argent colossales. Pas seulement au niveau des salaires des joueurs ou des transferts, mais aussi par rapport à tout ce qui concerne la tenue des compétitions et leur couverture médiatique. Sur ce plan, la bataille pour les droits télés est rude et le montant des offres pour les droits de diffusion toujours plus élevé. A tel point que les chaînes sans abonnement ont bien du mal à suivre le rythme imposé par les chaînes payantes. Analyse.
Ligue des champions, Ligue 1, championnats étrangers, coupe du monde de la FIFA, Euro, JO, Formule 1, Roland-Garros, coupe du monde de rugby, … Qui n’aurait pas envie de se poser dans son canapé et de regarder une de ces compétitions ? Pourtant, leur diffusion sur des chaînes gratuites est de plus en plus menacée voire, pour certaines d’entre elles, déjà révolue.
La C1 et la F1 gratuit, c’est fini
En foot, passons encore le cas des matchs de championnat (français ou étrangers), qui n’ont jamais été accessibles à tous. Le plus grave a commence l’année dernière lors de l’Euro 2012. Pour la première fois, un championnat d’Europe a vu certains de ses matchs retransmis en exclusivité sur une chaîne à péage : BeIn Sport, la filiale française d’Al Jazira, qui venait tout juste d’être lancée. Le phénomène s’est poursuivi au cours de la saison 2012/2013 avec la ligue des champions. Les matchs se sont partagés entre Canal + et BeIn Sport. Seule la finale reste accessible sur TF1… jusqu’en 2015 seulement. Ensuite, qui sait si l’intégralité de la compétition ne sera pas diffusée sur des chaînes payantes.
La Formule 1, elle, a déjà disparu des canaux hertziens. Depuis cette année, vous devez être abonnés à Canal + si vous désirez suivre les performances des Vettel, Alonso et autre Hamilton. Pourtant, TF1 semblait solidement accrochée aux courses de monoplaces, qu’elle diffusait depuis 1992. Mais l’offre de 29 millions d’euros par an sur trois ans de la chaîne cryptée a changé la donne
Roland-Garros payant ?
Les exemples de la ligue des champions et de la Formule 1 prouvent que les événements retransmis sur les chaînes gratuites sont menacés. Les géants Canal Plus et BeIn Sport écrasent la concurrence à coups de millions pour s’offrir l’exclusivité des plus grandes compétitions. Parmi ces dernières, la prochaine pourrait bien être Roland-Garros. Les droits sont attribués par la fédération française de tennis, qui estime que le tournoi est sous-évalué financièrement. L’appel d’offres est en cours est doit se clore à l’automne prochain. M6, Canal + et BeIn Sport viennent concurrencer France Télévisions, diffuseur depuis 26 ans.
Roland-Garros sur France Télévisions, pour combien d’années encore ?
Austérité financière des chaînes gratuites
Comment expliquer l’incapacité des chaînes gratuites à concurrencer leurs homologues payantes dans la diffusion du sport ? En partie par le fait qu’elles cherchent à réduire leurs coûts de diffusion. C’est le cas de France Télévisions et TF1. Rémy Pflimlin, PDG du groupe de service public, a annoncé vouloir faire des économies, y compris sur les programmes sportifs. Quant à TF1, elle déboursait 31 millions d’euros par an pour la F1 (soit plus que l’offre de 29 millions de Canal +), mais souhaitait revoir cette somme à la baisse suite à des chutes d’audiences. Une aubaine pour la chaîne cryptée, qui a non seulement récupéré les droits, mais en plus pour deux millions de moins.
Cependant, les offres des chaînes payantes sont généralement beaucoup plus élevées. Les droits pour la diffusion de la Ligue 1 sur la période 2012-2016 sont de 600 millions d’euros par saison. Ils sont répartis en lots, partagés entre Canal +, qui paye 420 millions par saison et BeIn Sport (160 millions). D’autres médias, comme Orange pour les droits mobiles, sont inclus mais n’ont que des miettes.
Prix élevés des abonnements
La diffusion du sport à la télé ne serait donc plus accessible à tous ? A voir les prix des abonnements, on est en droit de se poser la question : 11 euros par mois sur BeIn Sport, et 40 sur Canal +. D’autant que sur cette dernière, un engagement d’un an minium est obligatoire.
Quelles solutions ?
Que faire donc pour faire face à cette agonie de la démocratisation du sport ? Il existe évidemment la possibilité d’exploiter les failles du système en regardant gratuitement les matchs en streaming sur Internet. Mais la mauvaise qualité d’image et les bugs récurrents posent problème.
Juridiquement parlant, en revanche, il y a peut-être quelque chose à faire. En effet, la question touche même les plus hautes institutions de l’Etat. Des parlementaires se sont en effet attaqués au problème via un rapport publié le 3 juillet. Ce dernier préconise que le magazine du dimanche, avec tous les résumés de matchs ainsi que les analyses des consultants, soit diffusé sur une chaîne gratuite. Actuellement, c’est Canal + qui s’en charge avec le Canal Football Club. La chaîne du groupe Vivendi le retransmet en clair, mais n’est en aucun cas obligé de le faire et peut à tout moment passer à une diffusion codée. L’efficacité du rapport risque donc de s’avérer limitée. Il s’agit en fait surtout de protéger l’accessibilité des magazines, à défaut de pouvoir aller plus loin sur la retransmission des matchs en direct. Pas de quoi empêcher Canal ou BeIn de continuer à mettre la main sur les plus grandes compétitions.