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L’Ecole de psychologues praticiens ouvre un nouveau laboratoire de recherche

Pour produire de la connaissance, l’EPP a décidé de créer un nouveau laboratoire de recherche. Son but est d’étudier les notions de vulnérabilité, de capabilité et de rétablissement.

Nous nous sommes entretenus avec Charles Martin-Krumm, professeur de Psychologie Sociale, de la Santé et des Organisations à l’Ecole de Psychologues Praticiens de Paris au sujet du laboratoire mis en place par l’EPP,  un laboratoire de recherche constitué d’une douzaine d’enseignants chercheurs répartis entre Paris et Lyon.

Comme l’explique Charles Martin-Krumm, l’objectif premier de ce laboratoire est de produire de la connaissance  » en cherchant à comprendre certains phénomènes  » :  » Nous cherchons à comprendre ce qui fait que certaines personnes résistent facilement à l’adversité, tandis que d’autres présentent des caractères de vulnérabilité plus forts. Comment dans certaines situations, des personnes vont savoir engager leurs ressources et faire face à la maladie, alors que d’autres ressentiront bien plus de difficultés ? « 

 » Les notions de vulnérabilité, de capabilité et de rétablissement constituent les grands axes de ce laboratoire.  »

Charles Martin-Krumm, professeur de Psychologie Sociale, de la Santé et des Organisations à l’EPP

Par ailleurs, Charles Martin-Krumm explique que le second objectif de ce laboratoire est de faire évoluer la formation des psychologues :  » Dans ce laboratoire, il y a une seconde partie axée sur la formation, on se demande comment les connaissances produites peuvent influencer la formation des futurs psychologues qui sortiront de cette école.  » Enfin, ce laboratoire apporte aussi une contribution à la société :  » On est pas sur de la recherche fondamentale, on veut que nos travaux de recherche débouchent sur des réinvestissements pratiques pour les personnes. « 

Concernant le fonctionnement de ce laboratoire, les enseignants chercheurs se réunissent régulièrement lors de réunions, créent des travaux de recherches et publient dans différentes revues. Ils collaborent également avec d’autres laboratoires.

Des réactions disparates face à l’adversité

Dans l’interview, nous avons en grande partie évoqué le lien entre la psychologie des personnes et leurs capacités à affronter l’adversité, problème central de ce laboratoire de recherche : « Concernant la crise sanitaire du Covid par exemple, nous nous demandons pourquoi certaines personnes ne vont pas être touchées sur le plan psychologique, tandis que d’autres vont développer des épisodes dépressifs. Est-ce que l’on peut prédire ce genre de phénomènes ? Comment peut-on se lancer dans une logique de prévention primaire pour éviter que ça arrive ? Quelles ressources pouvons-nous activer pour y parvenir ? « 

Concernant le fait que certaines personnes sont plus inquiètes ou déprimées face au Covid que d’autres, avez-vous déjà des éléments pour l’expliquer ?

 » Il y a une immense variabilité de cas. Ce que l’on observe, c’est que dans une situation incontrôlable par nature comme cette pandémie, certains vont se laisser complètement aller et vont perturber leur rythme de vie, ils vont se coucher très tard et se lever très tard, ou passer leur temps devant la télé. A l’inverse, d’autres vont garder un rythme de vie plus sain, ils vont continuer à avoir des activités culturelles, à travailler et ils vont aussi avoir des activités sportives. Justement, à ce sujet, on sait qu’il y a une disposition de pleine conscience plus ou moins élevée chez les personnes, et cette disposition de pleine conscience est un facteur de protection face à cette adversité. « 

 » Certains vont avoir cette capacité à accepter le moment présent et accepter ce qu’ils ressentent sans jugement. Cette disposition est un facteur protecteur face à l’adversité de la vie. « 

 » Concernant les attentats du Bataclan par exemple, on sait que les rescapés qui avaient le plus haut niveau de disposition de pleine conscience sont aussi ceux qui ont le mieux récupéré du stress post traumatique. Il y a énormément de travaux qui attestent de l’efficacité de la disposition de pleine conscience sur les individus. On parle aussi de l’importance de la variabilité cardiaque. Dans notre laboratoire par exemple, on travaille sur la variabilité cardiaque et l’activité physique comme mécanismes d’adaptation face aux différents confinements, les confinements dans les sous-marins ou dans les bases arctiques, en ayant notamment comme perspective les voyages sur l’ISS. « 

La vulnérabilité, la capabilité et le rétablissement sont les thèmes majeurs de ce laboratoire. Pouvez-vous nous expliquer plus précisément les notions de vulnérabilité et de capabilité ?

 » En fait, la notion de vulnérabilité représente tous les critères permettant d’identifier les personnes à risque. Il y a différents facteurs de vulnérabilité que l’on peut repérer chez les gens. On l’observe notamment par le biais de la sensibilité à l’environnement : cette sensibilité peut constituer une véritable ressource lorsque l’on est dans un environnement soutenant. A l’inverse, dans un environnement toxique, les personnes sensibles à l’environnement vont présenter de très forts facteurs de vulnérabilité. « 

 » La capabilité, c’est les dispositions et les ressources que les personnes peuvent mobiliser pour affronter l’adversité. C’est aussi ce qui leur permet de s’auto-réguler. « 

 » Les facteurs de vulnérabilité et de capabilité ne dépendent pas que de l’individu, mais sont aussi liés à l’environnement. « 

 » Dans le cas du cancer par exemple, on observe bien l’importance du soutien social chez les malades. « 

Sur votre site, vous expliquez que vous abordez la notion de vulnérabilité dans sa dimension créatrice, qu’est ce que vous entendez par là ?

 » La créativité, c’est la capacité d’un individu à s’adapter face à l’adversité, en imaginant de nouvelles stratégies. Le fait de trouver des pistes pour sortir de situations auxquelles nous sommes confrontés. Lors du confinement par exemple, certains se sont montrés très créatifs pour mieux vivre cet épisode éprouvant. « 

Votre laboratoire étudie l’éthique et la réflexion sur les prises en charges psychologiques du handicap, des traumatismes et des pathologies persistantes. Quelles-sont ces critères éthiques à mettre en oeuvre ?

 » On se pose notamment cette question : jusqu’où peut-on aller dans le prolongement de la vie ? A l’hôpital, certains soignants sont confrontés à ces problèmes éthiques et ce n’est absolument pas évident. Cela implique un alignement des valeurs. « 

Comment intégrer ce laboratoire ?

Pour recruter des membres, Charles Martin-Krumm explique que le laboratoire repère les étudiants les plus brillants pour les garder en thèse et peut-être les intégrer à l’équipe. Le talent, la passion et les efforts sont donc récompensés.

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