Candidat Europe Ecologie les Verts aux législatives des Français résidant sur le pourtour méditerranéen (Israël, Italie, Grèce, Turquie, Malte et Chypre), Pierre Jestin a accepté de consacrer une interview inédite à Radio VL. Il nous dévoile les grands axes de son engagement dans le mouvement écologiste ainsi que plusieurs idées novatrices qui marqueront la prochaine législature.
1/ Pourriez-vous nous présenter les grandes lignes de force auxquelles vous êtes le plus attachées dans le mouvement Europe Ecologie – les Verts ?
Le monde construit dans les pays développés depuis les années 1950 épuise ses dernières cartouches dans une société fondée sur le gaspillage et le mythe de la croissance, l’aliénation et la précarité, pas seulement économique du reste.
L’écologie, c’est le sens de la responsabilité sur plusieurs générations Il n’y a qu’une planète, dont les ressources naturelles sont limitées. Contre la guerre économique et/où militaire -qu’elle soit d’ailleurs entre les Etats ou entre les groupes ou individus- pour l’appropriation des ressources, EELV veut développer des dispositifs d’incitation individuelle et collective fondés sur la coopération et le partage équitable.
La santé, l’éducation, le logement la culture, sont la priorité. Ils peuvent être régulés pour que chacun et ensemble on vit mieux. Nous savons comment faire. Nous proposons l’extension de la démocratie, notamment participative, comme méthode générale du vivre-mieux. Nous appelons cela l’écologie politique.
2/ L’entreprise UpCycle va installer à Paris la première champignonnière urbaine qui fonctionnera grâce au marc de café. L’objectif de cette initiative baptisée U-Farm est de produire une alimentation de qualité à l’empreinte carbone quasi nulle, grâce à des déchets transformés en ressources. Que vous inspire cette initiative ? Avez-vous déjà rencontré des expérimentations similaires ?
L’objectif d’Up Cycle est d’utiliser l’économie circulaire et le bio-mimétisme pour produire localement et à un prix abordable en fonction des ressources agricoles, techniques et humaines disponibles localement. L’idée de la champignonnière urbaine est de faire comme dans la nature où le concept de déchet n’existe pas, car tout est recyclé localement.
C’est une initiative admirable et Cédric Péchard, son créateur, y joint également une dimension sociale qui remet l’individu au centre du système. Pour contribuer à nourrir les populations urbaines des grandes mégapoles et créer de la résilience locale, on peut imaginer de nouvelles façons alternatives de produire, qui sont de vraies réponses en terme d’enjeux alimentaires.
Les coopératives bio, les circuits courts, le maintien de parcs agricoles et de fermes dans les grandes villes, sont d’autres initiatives bien implantées en Italie qui est un pays où la qualité de l’alimentation est une donnée culturelle et éducative importante.
3/ Plusieurs responsables politiques prônent un « Buy European Act » sur le modèle américain. Une idée qui séduit de plus en plus une Europe en crise. Et qui viserait à mieux intégrer les PME dans la commande publique. Selon vous, ce type de programme devrait-il intégrer des critères environnementaux ? Si oui, lesquels ?
Si on transposait la loi américaine cela reviendrait à fixer que l’intégralité (ou une bonne partie) des achats publics ne pourrait bénéficier qu’à des entreprises établies en Europe, sauf exceptions négociées avec des pays tiers sur une base de réciprocité.
D’accord….mais cela pose des problèmes complexes de traçage des composants.
Intégrer des critères environnementaux pour l’obtention de marchés publics et mieux y intégrer les PME peut avoir des résultats positifs au plan écologique, économique et social, donc oui, j’y suis favorable. Concernant les déchets, les déchets dangereux, les composants, les équipements, l’éco-conception, etc. l’Europe produit déjà des recommandations très exhaustives.
La vraie question est si de nouvelles dispositions légales ou réglementaires seraient plus respectées que celles qui existent déjà, qui le sont très peu, faute de moyens/volonté de contrôle, de certification et de traçage suffisants et efficaces.
4/ Certaines villes du pourtour méditerranéen sont pionnières en matière d’open-data. L’ouverture des données publiques vous parait-elle aller dans le sens d’une meilleure transparence de la vie publique ? Quels outils faudrait-il imaginer pour une meilleure appropriation de l’espace public par la société civile ?
Open-data sur les données publiques signifie précisément mise à disposition gratuite des données produites avec des subventions publiques. C’est pleinement justifié s’ il concerne des données anonymes (respect des contraintes légales sur la protection des données personnelles, sur la santé par ex.) et si l’usage qui est fait des données rendues publiques est non lucratif.
Ainsi, l’open-data des données publiques pour les citoyens de la ville, du département ou du pays les ayant financées est une mesure juste et nécessaire.
Si toutes les données publiques sont en open-data, alors oui, cela va clairement dans le sens d’une meilleure transparence et du renforcement de la démocratie.
Le partage de l’information et la formation sont au cœur de la citoyenneté active : la préservation et la consolidation d’une information et d’une formation de qualité et indépendante des lois du spectacle et des gros intérêts sont vitales pour la démocratie participative.
5/ L’une des images qui surgit à l’esprit lorsqu’on parle des nouveaux investissements culturels est la formidable expansion dans le secteur des technologies de l’information et de la communication (TIC). Quels conseils donneriez-vous à de jeunes français désireux de développer des activités dans les nouveaux médias ou des arts numériques ?
Depuis 15 ans, la cartographie et la nature des échanges et des contenus culturels planétaires connaissent des transformations profondes, sous le double effet du basculement numérique et de la mondialisation de la culture et de l’information de masse.
Des millions d’emplois sont crées dans ces secteurs où je souhaite que le génie créatif de nombreux jeunes puissent s’épanouir Pour que nous vivions dans un monde ouvert et divers, pas uniforme et banalisé. La diversité culturelle est une condition de la démocratie. Les images prennent position, ne l’oublions pas. Je rappelle également que les écologistes sont favorables à l’exception culturelle : les œuvres artistiques ne sont pas de simples marchandises, elles témoignent du génie humain, de sa force et de sa liberté créatrices.
Je dirais donc qu’une jeune personne qui allie connaissances pratiques des techniques et culture générale a toutes les chances de pouvoir être originale, appréciée mais aussi d’aimer ce qu’elle crée.