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L’édito Tech : 42, une école pas scolaire pour un sou !

Tout d’abord qu’est ce que ce chiffre “42”, coincé entre deux nombres premiers a à faire avec une école ? Et bien pour le savoir, il faut chercher du côté du gourou de l’informatique français Xavier Niel, milliardaire et philanthrope spécialisé dans beaucoup de domaines (les téléphones roses, l’éducation mais principalement dans le ménage : en effet, on ne peut que louer les coups de balais révolutionnaires qu’il a donnés dans des marchés sclérosés tels que l’Internet ou la téléphonie mobile avant son arrivée) ; n’arrivant pas à recruter suffisamment de talents francophones pour faire correctement tourner son empire de télécommunication, il a songé à créer lui-même ses talents qui, grâce à cette école nouvelle génération, deviendraient ce qu’on appelle dans le jargon des « brutes de code », c’est à dire des top-développeur qui puissent être à même de répondre aux besoins des entreprises de haute technologie françaises.

Il faut savoir qu’il y a, en moyenne, en Allemagne (où je vis), vingt places pour chaque développeur formé et que cette situation est encore plus dramatique en France ; cette bien trop forte demande crée un réel problème pour les entreprises de l’Hexagone puisque, faute de main d’œuvre qualifiée, elles ne peuvent mener à bien des projets aussi vite que leurs concurrentes américaines et, dans une moindre mesure, asiatiques et britanniques. Or sur ce marché (encore plus que dans les marchés plus « classiques »), c’est l’innovation qui fait la réussite (ou non) d’une société.

M. Niel a donc eu un raisonnement tout à fait juste : la France va mal, les entreprises technologiques sont en perte de vitesse, cherchent des gens mais paradoxalement le chômage ne cesse de grimper ; il a dnc simplement eu cette pensée : « je vais donc former ces gens (avec un accent sur les jeunes qui sont les plus touchés par le chômage) »!

Vous conviendrez du bien-fondé de la démarche que l’on peut aller jusqu’à qualifier de citoyenne. Cependant, je ne saurais être complet sans évoquer l’aversion de Xavier Niel pour le système éducatif classique qui a crée une mini-polémique chez les intellectuels de gauche qui n’acceptaient pas qu’un homme représentant à lui-seul bien des aspects du capitalisme se permette de remettre en cause un des fondements de la République.

Voilà pour la partie idéologique, celle qui a permis à quelques bobos gauchos de s’indigner sur des blogs afin de se mettre quelque peu en lumière (je préciserais tout de même qu’à la lecture des commentaires, l’auteur est bien le seul à trouver à redire dans cette démarche).

J’irai également de ma petite remarque : il est vrai que les brutes de code que recherchent Xavier Niel ne sont pas (je dirais même ne peuvent pas être) détectés par un système scolaire classique ; étant moi-même développeur (sans être, en aucune façon, une brute de code), il m’est facile de concevoir que de créer un code informatique ne requiert ABSOLUMENT PAS les mêmes capacités que de disserter sur Platon, ni même que de résoudre des équations à trois inconnus ; l’informatique est, certes, un enfant des mathématiques mais seulement des mathématiques à un niveau bien supérieur que celui abordé pendant cette classe décisive pour l’orientation qu’est la terminale.

C’est bien pour cette raison que je partage les avis de Xavier Niel sur cette éducation nationale qui met en avant des élèves dociles, travailleurs et généralement très polyvalents mais qui ne seront (à de rares exceptions près) jamais capables de ne pas dormir pendant 4 jours pour optimiser la vitesse d’un algorithme d’une milliseconde tout en épargnant 1 Mo de mémoire vive. Ça paraît tout à fait anecdotique mais dans bien des domaines très techniques (trading haute fréquence, conception de système de guerre ou d’analyse instantanée), cette capacité est simplement déterminante.

Passons maintenant aux questions :

Qui peut y rentrer ?

Tout le monde, absolument tout le monde entre 18 et 30 ans, diplôme ou pas. Il y a tout un processus d’inscription (en ligne naturellement) et à l’issue de ce processus, vous saurez si vous êtes retenu pour les épreuves de piscines, qui sont une sélection purement par le code : quelques exercices par jour à faire dans un temps imparti et, qui, s’ils ont été correctement réalisés vous donneront des points (le système de notation, lui non plus, n’est pas académique). Ces points vous garantiront (ou non) l’accès à l’école pour les cours « normaux » (à partir de novembre). Quelques infos en vrac : l’école est ouverte 24h/24 et les profs sont généralement plus de très bons codeurs que de bons profs donc attendez-vous à être rembarré violemment en cas de question débile. Enfin l’autonomie est le maître de mot cette école (comme de ce métier d’ailleurs), donc, moins vous posez de questions, mieux vous vous porterez !

Pourquoi c’est bien ?

Tout d’abord, il faut reconnaître que le système éducatif français ne donne pas la possibilité à tous de suivre des études de niveau supérieure (à cause d’une sélection au lycée notamment). Ici, il y a une certaine égalité des chances puisque tout le monde est (normalement) accepté et que la sélection est faite par des critères totalement différents que ceux par lesquels les personnes n’ayant pas accès à ces études supérieures ont été mises à l’écart. C’est également une chance pour les gens qui n’ont pas les moyens de se payer des études d’un niveau correct dans une école payante (type Epitech, Epita) et ça leur donne un formidable tremplin puisque cette école est entièrement GRATUITE. Enfin, je pense que c’est plus agréable d’étudier dans une école comme celle-ci plutôt que dans une université puisque l’ambiance est sûrement beaucoup plus stimulante.

Pourquoi ça pourrait être mieux ?

Cette école se présente peut-être comme un peu trop novatrice ; en effet, elle s’affirme comme super-révolutionnaire mais les techniques utilisées ne le sont pas tant que ça : les piscines existent également à Epitech. Ce n’est absolument pas étonnant étant donné que le co-fondateur de 42 est le même que celui d’Epitech, celui-là même qui a importé le concept des piscines en France (Nicolas Sadirac). De même, la sélection est peut-être un peu trop poussée puisque seulement un tiers des étudiants acceptés en piscines franchiront définitivement les portes de 42. Enfin, last but not least, le diplôme délivré n’est pas un diplôme d’État, donc je pense que cela peut poser un problème pour trouver un travail à l’étranger (du moins, comme premier emploi), voire même un travail dans l’Hexagone si la réputation de l’école périclite.

Si cet article vous a donné envie d’en savoir plus sur cette école très particulière, je ne peux que vous conseiller de vous rendre sur leur site web.

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