Depuis quelques années, Michel Onfray s’est imposé en parangon de l’hédonisme. Fervent chevalier de l’école matérialiste, ce philosophe controversé se réclame du plaisir. Il cherche, à travers ses nombreux bouquins, à revisiter l’approche que le peuple a de la philosophie, en la voulant accessible à tous à la manière d’un Démocrite.
C’est avec ses nombreux livres que l’on se rend compte de l’importance que porte tout particulièrement Michel Onfray à l’hédonisme. En effet, il a déjà publié d’innombrables manifestes concernant ce thème. Mais une pensée se démarque de ce thème, une pensée récurrente dans chacun de ses livres, ce que le philosophe appel l’érotisme solaire. J’imagine aisément que ce terme peut paraître saugrenu, mais à travers ce terme « solaire », se cache tout l’atomisme de Démocrite si cher à Michel Onfray.
Néanmoins, plus en profondeur, vous devez bien vous demander ce que masque réellement cet érotisme solaire, tant évoqué avec enthousiasme par le philosophe. Pour arriver à cette formule, Michel Onfray va avant tout débâtir l’idéal ascétique étant le fondement des sociétés occidentales chrétiennes, afin de construire un matérialisme hédoniste où le plaisir ne serait plus endigué par la frustration. Cependant cet hédonisme fut longtemps et demeure accroché à une image totalement erronée de la chose. Quand on pense hédonisme, on pense également plaisir égoïste. Or l’hédonisme à défaut de se définir par l’égoïsme, peut l’être par l’individualisme. Deux mots bien différents que l’on rapproche pourtant. Effectivement l’égoïsme ne prend pas en compte une variable un tant soit peu importante à l’individualisme : les autres. Mais pourquoi donc ces autres sont-ils si importants à l’hédonisme ? De manière simple, on pourrait résumer l’hédonisme à la maxime de Chamfort, « jouis et fais jouir, sans faire de mal ni à toi, ni à personne, voilà je crois, toute la morale ». Qui plus est, cette pensée philosophique du plaisir doit aussi être vue à long terme. En effet, même si la part du déplaisir n’est pas éradiquée de l’hédonisme, elle doit être moins importante que celle du plaisir, logiquement.
En y regardant de plus près, cet idéal ascétique décrié par Onfray, semble incompatible avec l’hédonisme. Dans la tradition véhiculée par cet idéal, le corps est détestable, et les pulsions haïssables. Tout bonnement par le fait que le désir est expliqué comme un manque. Or tout le travail de Michel Onfray est justement d’y élucider le contraire. Cet érotisme solaire, propose donc une reconquête du corps en dissociant sentiments amoureux et plaisir sexuel. Cette pensée vise donc à retirer cette dimension du désir, ne lui reconnaissant qu’un seul sens, le couple ou le mariage. L’érotisme solaire prêche le désir comme un excès et le plaisir comme un moyen de dépenser cet excès. Notons également que l’érotisme dissocie en partie l’être humain de l’animal, n’en étant évidemment pas capable. En pensant tout comme Onfray que dans le fond de la sexualité, il n’y a aucune animalité, l’érotisme prend donc part intégral du plaisir entre deux êtres humains. En somme, l’érotisme solaire est un hymne à la vie et contre la sexualité bridée, sans pour autant prôner le déplaisir de l’autre. Car rappelons en nous, l’important est de jouir et faire jouir, l’un n’étant pas acceptable sans l’autre.
C’est ainsi un autre appel à quitter le nihilisme que Michel Onfray nous suggère, tout en nous remémorant que c’est en se faisant violence que l’on se rapproche du chemin de la vérité.
Charles des Portes