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Les enfants soldats, fléau de la guerre

250 000 enfants seraient embrigadés dans des conflits meurtriers à travers le monde, où s’entremêlent misère et trafics.

Ils ne sont pas encore majeurs. Certains sont arrachés de leur demeure, promis à un avenir mortifère où le soldat de plomb et sa guerre feinte ne seront plus que des souvenirs lointains.  D’autres font le choix contraint- oxymore ubiquiste dans ces régions- de rejoindre les rangs de l’inhumanité, actant la fin de leur innocence déjà bien écorchée : l’indigence de leurs conditions de vie obscurcit en effet toute perspective de survie. A la Conférence de Paris en février 2007, 105 États onusiens s’engageaient alors à libérer ces frêles victimes de la guerre. Mais en 2015, le couperet tombe : plus de 250 millions d’enfants vivent dans des zones ravagées par des conflits. Parmi eux, 250 000 seraient des « enfants soldats » si l’on en croit l’Unicef, désignation qui recouvre les combattants mais également les enfants enlevés à des fins sexuels. Un rapport de 2016 de l’organisation a établi à 20 le nombre de pays concernés, répartis sur trois continents : l’Afrique, l’Asie et l’Amérique latine.

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La guerre des cartels, vivier d’enfants soldats

Le Mexique figure dans ce tragique inventaire. Terrain privilégié des luttes entre de sanglants cartels qui cherchent à s’arroger le monopole du trafic, les arrestations et témoignages d’enfants soldats pullulent, mettant en lumière leur ordinaire indicible. Capturés dès leur plus jeune âge – certains n’ont même pas 10 ans -, drogués et enfermés dans des camps d’entraînement, ils constituent alors la principale chair à canon de ces groupes armés. L’histoire d’Edgar Jimenez Lugo avait ainsi défrayé la chronique en 2010 : adolescent de 14 ans, kidnappé deux ans plus tôt par le « cartel du Pacifique Sud », il avait été transformé en un véritable sicaire. « J’ai égorgé mes victimes, si je ne le faisais pas ils me tuaient » confia-t-il à un journaliste, l’âpreté du propos contrastant avec son apparence infantile.

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L’arrestation d’Edgar Jimenez Lugo

Si la menace est un motif coup-de-poing pour ces jeunes esseulés, dont les parents besognent nuit et jour pour espérer subvenir aux besoins vitaux, l’appât du gain en est également un pour rejoindre ces bandes. Près de 54% des mineurs mexicains vivent en effet au-dessous du seuil de pauvreté selon le Conseil national d’évaluation de la politique de développement social, soit 21.4 millions d’enfants. Alors que le salaire moyen est d’environ 440€ par mois, les cartels offrent 400€ pour le trafic, 800€ pour la surveillance des otages pendant un mois et 1100€ pour renseigner les narcotrafiquants sur les déplacements des autorités, selon les experts de l’agence américaine de lutte contre les drogues. Une aubaine donc pour ces jeunes, guidés par une seule maxime : « plutôt vivre cinq ans comme un roi que cinquante comme un chien ». Une fois le rite d’entrée surmonté – un passage à tabac par les autres membres du cartel – c’est une nouvelle famille qui s’offre à eux, ce simulacre de fratrie étant là encore un argument pour y pénétrer. « Ce qui leur manque, ce sont des référents » souligne Carlos Cruz, un ex-chef de bande. Aucun adulte ne se trouve à leurs côtés et le discours fraternel des cartels les séduit. »

Marseille et les « minots », victimes collatérales du trafic de stups

Si la situation de ces enfants hors-frontières atterre, l’enquête de Romain Capdepon, journaliste à La Provence, met la focale sur l’implication de jeunes dans le trafic prospère de la cité phocéenne, soulignant là la contiguïté souvent omise de cet enjeu majeur. Intitulée Les Minots, son point de départ est le règlement de comptes du Clos la Rose, cité du XIIIème arrondissement où un adolescent de 15 ans avait perdu la vie en 2010, abattu d’une rafale de kalachnikov, tandis qu’un second de 11 ans externe au trafic avait été gravement blessé. « C’est la première fois que des enfants étaient mêlés à un tel fait divers, ce qui a permis à l’opinion publique de prendre conscience qu’ils étaient les maillons essentiels du trafic » affirme le journaliste.

Payés 50€ la journée en moyenne, ces jeunes ont alors l’impression d’exercer un véritable job. « C’est ce qui est étonnant dans leur discours, ils savent que ce qu’ils font est hors la loi, mais ne se considèrent pas pour autant comme des voyous ; c’est un vrai travail pour eux » continue Romain Capdepon. Majoritairement déscolarisés, leur quotidien est rythmé par la violence, qui s’exprime par les coups de batte de base-ball et les séquestrations souterraines. Et si la protection judiciaire de la jeunesse des Bouches-du-Rhône procède régulièrement à des exfiltrations de ces jeunes en danger, la loi du deal semble s’être imposée de manière inexorable. « Certains habitants des quartiers Nord ont l’habitude de dire que ce n’est plus les réseaux qui travaillent sur leur espace de vie, mais eux qui survivent sur la zone commerciale des trafiquants. » Quelle issue s’offre alors ? « Il faut trouver quelque chose qui les fasse vibrer autant que leur quotidien, mais cela semble compliqué. Ce travail doit être mené par l’école, les centres sociaux, et surtout les parents » conclut le journaliste. En attendant, les enfants soldats déjouent les balles, des rêves d’or plein la tête.

 

 

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Étudiant en science politique, explore l'Art et joue le dimanche à ses heures perdues.
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