Les Etats-Unis, fervents défenseurs du libre échange, ne pouvaient jusqu’à présent exporter de pétrole brut. Le pays a récemment remédié à cela.
Le 18 décembre 2015, la chambre des représentants américaine a voté dans la loi budgétaire 2016 l’autorisation d’exporter du pétrole brut. Jusqu’à présent, seul le pétrole raffiné pouvait sortir des frontières. Exception était faite pour le brut à destination du Canada, ou en provenance de Californie et d’Alaska.
Pour expliquer cette « prohibition », il faut remonter en 1973. Les pays de l’OPEP (organisation des pays exportateurs de pétrole) décident d’un embargo sur les livraisons de pétrole à destination des Etats-Unis. Le 4 décembre de la même année, l’Energy policy office rationne les livraisons de pétrole aux raffineurs et consommateurs. L’exportation est interdite. Les Etats-Unis mettent en place ces mesures afin de faire des réserves, et d’éviter une pénurie d’or noir. En 2014, les compagnies pétrolières s’allient pour faire lever cette fastidieuse interdiction: Marathon Oil corp, Hess Corp, Pioneer natural et d’autres se mobilisent pour obtenir le droit d’exporter leur produit. Elles avancent le risque moindre de pénurie engendré par la fracturation hydraulique des gisements de schiste. L’Union européenne est aussi demandeuse d’essence américaine car elle ne souhaite pas dépendre outre mesure de la Russie ou de l’Iran. Cela plaît aux américains, qui voient dans la diffusion de son brut un moyen de concurrencer les pays pétroliers (Venezuela, Russie, Arabie-Saoudite, etc).
Certains, comme les républicains et les raffineurs étrangers, voient là des opportunités économiques: création d’emplois, revenus d’exportation, etc. Mais l’augmentation des quantités de brut sur le marché ne risque-t-elle pas de faire chuter le prix du baril, déjà à un niveau historiquement bas (36 dollars)? En 2008, les Etats-Unis produisent 146 millions de barils par mois. Aujourd’hui, ce chiffre a quasiment doublé puisqu’il a atteint 281 millions (selon le ministère américain de l’énergie). La loi du 18 décembre pourrait accroître la quantité de barils en circulation. D’autant plus que le Président ne peut s’opposer à cette mesure qu’en cas de raisons de sécurité nationale, de risque de pénurie ou d’explosion du prix du pétrole américain par rapport à celui du marché mondial.
En fin de compte, si exportation va de pair avec plus de fracturation hydraulique, le grand perdant de cette histoire sera probablement l’environnement.
Maïlys Khider