Il est de plus en plus probable que la Coupe du monde 2022 au Qatar se déroulera entre les mois de novembre et décembre. Mais ça n’est pas du goût de tout le monde et surtout pas des dirigeants des grands championnats européens.
Pire qu’une simple opposition, c’est une véritable fronde des Français, Anglais, Allemands et Espagnols à laquelle la FIFA est confrontée qui va, très certainement, adopter le projet le 19-20 mars à Zurich. S’ils s’accordent tous sur le fait qu’il n’est pas raisonnable, ni même envisageable que la compétition se dispute en plein été sous plus de 40°C de température, les cinq grands championnats européens veulent obtenir des compensations. Or, Jérôme Valcke, le secrétaire général de la FIFA a déclaré, mercredi dernier, que l’instance internationale du football ne dédommagera pas « financièrement » les clubs européens alors qu’ils fournissent 75% des joueurs des sélections nationales lors d’une Coupe du monde.
A la fin d’une réunion du comité d’organisation du mondial qatari qui s’est tenu dans le petit pays de la péninsule arabique la semaine dernière, Jérôme Valcke a minimisé les conséquences de l’organisation de la Coupe du monde en fin d’année et a affirmé que « cela arrive une fois, et nous ne faisons rien qui puisse détruire le football« .
Les cinq grands championnats européens furieux par la décision de la FIFA.
Une opinion non partagée par Frédéric Thiriez, le patron de la Ligue professionnelle de football (LFP), qui considère que « pendant ce temps-là, les joueurs ne jouent pas, les clubs n’ont plus de recette, les fans de foot sont privés des compétitions nationales et les télévisions vont être furieuses et vont demander des ristournes« . Le président de l’instance française de football professionnel voit dans cette décision « la pire des solutions ». Il a expliqué qu' »on va s’arrêter début novembre, après 13 ou 14 journées de championnat. Et on reprendra deux mois plus tard, en janvier » alors qu’il militait pour que la Coupe du monde se déroule entre le 4 mai et le 4 juin.
Une solution qui fait l’unanimité parmi les grands clubs et championnats européens qui s’insurgent que cette proposition ait « été écartée d’un revers de la main pour des raisons qui m’échappent« . Pour Karl-Heinz Rummenigge, le président de l’Association européenne des clubs, tient un discours identique à celui de Frédéric Thiriez, « il ne faut pas s’attendre à ce que les clubs et championnats européens supportent le poids financiers« . Andreas Retting, fonctionnaire de la fédération allemande de football, a même sous-entendu que la FIFA devra dédommager les clubs de l’est du Rhin en déclarant que la « Coupe du monde représente une charge organisationnelle mais aussi financière. La FIFA doit désormais montrer quelle solution pour prendre en compte toutes les considérations« .
Pour Richard Scudamore, le patron de la Premier League anglaise, le manque de concertation sur cette question est déplorable. Critiquant ouvertement le comportement de la FIFA qui garde « son calendrier international, la Coupe du monde reste intacte, et même l’UEFA, qui, je pense, nous a un peu laissé tomber, et a poussé » pour novembre-décembre. Il n’accepte pas que la « Ligue des champions peut débuter (à l’automne) puis continuer (à partir de février), comme à chaque fois…« . Cependant, la fédération anglaise n’a pas encore demandé de compensation financière ce qui paraît quelque peu étonnant puisque les droits télévisuels de la Premier League ont atteint des sommes exceptionnellement élevées (7 milliards d’euros entre 2016 et 2019).
Les petites nations plus favorables à la Coupe du monde 2022 en novembre-décembre.
Enfin, contrairement à ses homologues des grands championnats européens, le président de la Fédération serbe de football, Savo Milosevic, milite, avec d’autres plus « petites nations » du football mondial pour une refonte du calendrier international. La Serbie qui suspend chaque année son championnat entre le mois de décembre et la fin février dispose de nombreux soutiens puisque les championnats d’Europe de l’Est interrompent leurs championnats (professionnels et amateurs) respectifs à cause des hivers rigoureux.
Au Brésil, le championnat national commence en avril et se termine début décembre, or, lors de l’organisation de sa Coupe du monde en 2014, la fédération brésilienne avait suspendu la Serie A (première division nationale) du 1er juin au 17 juillet. Au même titre que la Serbie ou la Russie, l’impact de la compétition sur le calendrier ne sera pas important comme l’a concédé Savo Milosevic, « j’imagine bien que les grands championnats ne sont pas satisfaits car cela va interrompre les compétitions mais le Mondial 2022 est dans sept ans et cela leur laisse le temps de se réajuster« .