C’est sans doute LA série attendue durant ce Festival : Les gouttes de Dieu ont été projetées en avant première à Séries Mania. Qu’en a-t-on pensé ?
C’est quoi Les gouttes de Dieu ? Le monde de la gastronomie et du savoir-boire est en deuil : Alexandre Léger, créateur du célèbre Guide des vins Léger et figure tutélaire de l’œnologie, vient de s’éteindre à 60 ans dans sa demeure de Tokyo. Il laisse derrière lui une fille, Camille (29 ans), qui vit à Paris. La jeune femme se rend à Tokyo. Lors de la lecture du testament, elle découvre que son père a rassemblé la plus grande collection de vins au monde. Sauf que pour prétendre à cet héritage, Camille devra affronter un jeune et brillant œnologue, Tomine Issei (29 ans également), qu’Alexandre a formé et qu’il qualifie, dans son testament, de “fils spirituel”.
L’essentiel
Pari risqué que d’adapter un nouveau manga très populaire quand on voit comment les dernières adaptations ont été accueillies. Manga écrit par Tadashi Agi et dessiné par Shū Okimoto, il a été publié dès 2004. Quand le tournage fut annoncé fin 2021, il a généré beaucoup de réactions dans une communauté qui attend de voir comment les nuances de l’écrit seront retranscrites à l’écran. Pour porter ce projet, Quoc Dang Tran, scénariste chevronné, s’est entouré à l’écriture de Clémence Madeleine-Perdrillat (En thérapie) et Alice Vial (7ème ciel), et Oded Ruskin (No man’s land) pour la mise en images. Le casting est très riche, avec en premier lieu notre binôme qui va s’affronter, Fleur Geffrier et Tomohisa Yamashita, auxquels vont s’ajouter des visages familiers comme Stanley Weber ou Cécile Bois.
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On valide ou pas ?
Il est bien difficile de poser un avis définitif sur le seul visionnage de ces deux premiers épisodes. Visuellement superbe, la série Les gouttes de Dieu promet un affrontement dantesque entre deux personnages pour un héritage prestigieux. Concernant le personnage de Camille, le postulat de départ est même très intéressant : comment goûter et tester des vins … que l’on ne peut pas boire en raison d’un trauma qui semble la poursuivre depuis l’enfance ? L’occasion pour le spectateur de se replonger dans le terrible apprentissage prodigué à sa fille par Alexandre Léger, pour l’occasion sublimement mis en scène. C’est d’ailleurs une des parties les plus intéressantes de ces deux premiers épisodes que ces allers-retours passé-présent et la manière dont Camille va tenter de dépasser ce trauma. Reste que ce postulat de départ qui l’empêche qui l’empêche de boire la moindre goutte, on aurait aimer le voir perdurer au-delà du deuxième épisode, plutôt qu’être résolu un peu rapidement (comme si la construction de la série s’était faite « en soirées » sur le modèle de diffusion du service public notamment).
Camille et Tomine sont formidablement incarnés par Fleur Geffrier et Tomohisa Yamashita, avec une vraie confirmation du talent de cette première qui explose littéralement dans la série. Les scènes avec sa maman, jouée par l’excellente Cécile Bois, sont très touchantes, même si les ressorts scénaristiques qui lui sont attachés sont assez convenus et classiques, de même que les conséquences qui en découlent.
La série épouse un rythme qui lui est propre et face à la frénésie de beaucoup de productions, c’est clairement quelque chose qui plaide en sa faveur. On se pose, on observe et on installe les rivalités, les intensions et les fêlures. Ca fait autant de bien que ça question : si le public de plateforme est habitué à un tel rythme (la série sera sur Apple TV+ en avril), qu’en sera-t-il de celui de France 2 (seconde fenêtre de diffusion) que la lenteur de l’histoire risque fort de déstabiliser.
Il faudra donc attendre d’en voir plus afin de véritablement se faire une opinion sur cette série qui sera l’un des événements de la saison. Mais à ce stade, pour filer la métaphore de la cuisine, on a l’impression de voir un très joli plat, donc le visuel a été très soigné (à l’image de ces moments où l’on plonge dans le psyché de Camille), mais qui n’explose pas en bouche quand on y goûte. En tout cas, pas encore à ce stade.