Depuis ces dix dernières années, la population carcérale est en forte hausse. En effet, entre 2001 et 2005, le taux des nouvelles incarcérations a connu une hausse de 25%. Parmi les détenus, 40% des détenus souffraient de troubles d’ordre dépressif.
Selon les déclarations officielles des différents pays, plusieurs stratégies ont été mises en place, pour faire face à cette hausse de détenus présentant différents troubles psychiques. Certaines régions du globe comme les pays nordiques,semblent présenter quelques améliorations non négligeables en matière de lutte et de prise en charge de ces troubles en prison, mais la grande majorité des pays semble être impuissante face à ce problème qui devient un vrai fléau.
La prison : lieu d’accueil des malades mentaux
Selon la DRESS (Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques), 55% des détenus qui arrivent en prison seraient atteints d’au moins un trouble psychiatrique. Une proportion qui ne représenterait pas l’ensemble des personnes atteintes de troubles psychiatriques en prison, mais uniquement les personnes ayant des troubles psychiatriques antérieurs à l’incarcération.
Principaux aspects cliniques des pathologies rencontrées :
Il y a tout d’abord les états anxio-dépressifs simples, les névroses phobiques, les psychoses maniaco-dépressives, les dépressions, la mélancolie, la schizophrénie, la confusion mentale, la psychose hallucinatoire chronique, les bouffées délirantes, la toxicomanie, et l’arriération mentale. Certains intervenants en milieu carcéral s’accordent à dire que le nombre de détenus souffrant de troubles mentaux en prison est en constante hausse. Il semble que cette augmentation des troubles psychiatriques chez les détenus soit due à deux phénomènes.
D’une part, les personnes souffrant de troubles mentaux sont envoyées en prison :
En 2005, Betty Brahmy, médecin-chef du SMPR de la maison d’Arrêt de Fleury-Mérogis s’interroge sur la question des soins psychiatriques en prison. Elle part des résultats d’une enquête de 2004 et elle analyse également le rôle de la justice, de l’expertise psychiatrique lors de l’arrestation d’une personne malade. Elle estime que de nombreuses personnes ne bénéficient pas de l’attention qu’elles devraient avoir et sont jugées pour la plupart en « comparution immédiate. » Elle souligne une rapidité de la procédure, avocat commis d’office et la liberté d’expression ne sont pas des moyens évidents pour les personnes qui souffrent de troubles mentaux. Dans le cas où les personnes parviennent à obtenir une expertise psychiatrique elles sont quand même incarcérées au lieu de recevoir les soins nécessaires.
Et d’autre part, le milieu carcéral génère de la folie :
Les prisons, censées jouer un rôle de régulation sociale en renfermant des personnes ayant enfreint la loi, se révèlent être de véritables lieux de stress permanent et ce, dû à l’enfermement, à la perte des repères identitaires sociaux, à la promiscuité, à la violation de l’intimité, à la frustration sexuelle, à l’inactivité, l’impuissance ou encore à la rupture des liens familiaux. Tous ces éléments ont un impact immédiat et généralement important sur le comportement, la santé psychique et physique des détenus.
Conséquences sur la santé psychologique du personnel de surveillance
Des actes de violence qui sont en constante augmentation au sein des prisons. Les gardiens doivent quotidiennement faire face à la peur, la violence, les menaces verbales ou physiques, les insultes, l’atteinte à l’intégrité, la dignité ou encore à l’identité. Mais ce n’est pas la prison qui génère forcément cette violence. Il faut souligner l’évolution des personnes détenues qui arrivent en prison, qui supportent de moins en moins l’enfermement, qui supportent difficilement l’autorité et la discipline », a affirmé Hubert Moreau, directeur de la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis sur Europe 1.
La violence et les menaces font partie du quotidien et de la réalité carcérale des gardiens de prison.