Suite à la fusillade qui a visé jeudi la communauté noire à Charleston, le président Barack Obama a annoncé le 19 juin, lors de la Conférences des maires américains à San Francisco, vouloir sécuriser davantage le port d’arme à feu aux Etats-Unis. En 2013, plus de 11 000 personnes ont été tuées par arme à feu. Un chiffre qui fait froid dans le dos quand on sait à quel point le lobby des armes est puissant dans le pays, et qu’il sera donc difficile pour le président de durcir la législation.
Des chiffres alarmants
C’est notamment grâce à un graphique, basé sur les chiffres des Nations Unies, publié par The Guardian qu’on découvre, plus vraiment avec surprise, que les Etats-Unis est le pays ayant le plus de victimes par armes à feu. A lui seul, le pays aurait même plus de morts que tous les pays développés réunis. Selon le site French Morning, un Français avait 50 fois moins de chances de se faire tuer par arme à feu qu’un Américan en 2012. Et cela ne risquera pas de changer si Barack Obama ne réussi pas à faire passer au moins un vote au Congrès (il l’avait tenté après le massacre de Newtown en décembre 2012, sans succès)
Le graphique tweeté par Gérard Araud, ambassadeur de France aux Etats-Unis :
No comment : pic.twitter.com/MnaN26oRps”
— Gérard Araud (@GerardAraud) 20 Juin 2015
Bien qu’une réforme n’aurait pu empêcher la totalité des incidents, « certains Américains seraient certainement encore parmi nous aujourd’hui » a déclaré le présidents des Etats-Unis. En effet, samedi soir, deux nouvelles fusillades ont eu lieu, l’une à Détroit, l’autre à Philadelphie. Dans le premier cas, le coupable a fait un mort et plusieurs blessés, dans le deuxième, cinq adultes et deux enfants, dont un bébé de 18 mois, ont été gravement blessés.
Des changements à venir?
L’avenir de cette éventuelle réforme est aujourd’hui entre les mains du futur président des Etats-Unis, qui devra attendre 2016 pour réclamer (ou pas) une réforme sur le port d’armes. On sait déjà qu’Hillary Clinton, favorite à la candidature démocrate, promet d’en faire un des projets phares de son programme. Mais sera-t-elle plus coriace que son prédécesseur si elle arrive au pouvoir ? En revanche, si l’on imagine un score favorable au candidat républicain, cette réforme a peu de chance de voir le jour.
Après l’homicide de Charleston, dont les motivations sont sans nul doutes racistes, la question est de savoir si les mentalités, ancrées dans une profonde culture de l’arme, sont prêtes à évoluer. Bien que le port d’arme soit autorisé par la constitution, les Américains seraient-ils prêts à « lâcher les armes »? Épineuse question, assumée malgré tout par le président : « Nous devrions être capable de parler de cette question en tant que citoyens, sans diaboliser tous les propriétaires d’armes qui, dans leur grande majorité, respectent la loi, mais sans non plus laisser entendre qu’un débat sur le sujet implique automatiquement un complot visant à retirer toutes les armes de la circulation ».
Après ce discours pacifiste, Barack Obama va t-il réussir à rouvrir le débat portant sur la législation des armes à feu ou, au contraire, celui-ci n’est-il pas définitivement clos pour les parlementaires? Les prochains jours nous le diront surement. De leur côté, les Américains semblent plus ouverts. D’après un sondage du Pew Research Center, 52% d’entre eux aimeraient que la protection concernant le droit à la détention d’armes à feu soit plus sévère ;75% de la population considère elle qu’il serait aussi nécessaire de faire un contrôle des acheteurs en amont.