Suite au limogeage de Delphine Batho remplacé aussi sec par Philippe Martin, député du Gers et vraisemblablement engagé dans son nouveau ministère notamment en ce qui concerne les OGM, l’alliance EELV-PS semble se fissurer.
Si Cécile Duflot a catégoriquement refusé de quitter le gouvernement, d’autres se montrent plus grinçant. Le ministre délégué au développement, Pascal Canfin, assure lui aussi qu’il ne quittera pas son poste, mais a menacé, dès ce mercredi 3 juillet sur France info, d’une vague de départs des verts du gouvernement si, en contrebalancement de ces récents évènements, des « actes » n’étaient pas mis en œuvre dans les plus brefs délais pour engager la transition écologique.
Du mal à s’affirmer
Le chef du groupe écologiste au Sénat, Jean-Vincent Placé annonce lui que les verts « ne sont pas loin de la sortie. » Tous semblent d’accord pour dire que le budget 2014 réduit de 7% est une annonce catastrophique, et tend à détruire les relations des écologistes avec leur majorité. « J’ai déjà dit que ce budget est un signal désastreux donné aux associations et aux écologistes », a ajouté le sénateur de l’Essonne.
De profonds désaccords régnaient déjà chez les verts, au moment notamment du traité budgétaire européen. A l’époque, Jean-Vincent Placé en porte-parole s’était arque-bouté contre ce traité, ce qui avait alors provoqué la colère puis la démission de Daniel Cohn-Bendit. Mais aujourd’hui l’atmosphère est encore plus âpre.
Pourtant, malgré tout ce remue-ménage, les verts semblent y croire encore. « L’enjeu budgétaire sera à la fois de mettre en place une fiscalité écologiste, en particulier une augmentation du prix du diesel et l’instauration d’une taxe carbone, et un budget positif pour l’écologie », explique Jean-Vincent Placé. Tout comme Pascal Canfin, le sénateur attend les
actes, et dans la mesure où le budget 2014 est d’ores et déjà en profonde austérité, il faudra attendre l’année suivante. Car la transition écologique sera très difficile à accomplir dans ses conditions, compte tenu de l’effort budgétaire et des investissements qui doivent être faits : transition vers des énergies renouvelables, gestion de la biodiversité, du changement climatique, des eaux, des risques sanitaires & des risques nucléaires, sans oublier l’immense marge de manœuvre économique en ce qui concerne la fiscalité écologique. Faut-il aussi rappeler que tous ces secteurs créeront beaucoup d’emplois.. Bref, y’a du boulot !
En définitive, compte tenu des promesses électorales de François Hollande et celle de première année de mandat (et avant lui-même), le bilan est loin d’être soutenable. Au contraire même, les écologistes ont de nombreuses raisons de se sentir trompés, trahis par un gouvernement qui a de plus en plus de mal à tenir ses promesses, dans quelque domaine que ce soit. Autant le dire clairement : cette transition verte sera une tâche herculéenne dans un pays comme le nôtre.
Crise interne
Mais les verts ont aujourd’hui un autre problème de taille face à eux, celui d’être profondément ancré à gauche. « Vous n’avez pas le monopole du cœur » dixit la phrase culte de Giscard D’Estaing à Mitterrand lors du débat présidentiel de 1974. EELV non plus n’ont pas le monopole de la planète. Et il serait peut-être temps pour eux qu’ils l’acceptent. Former une alliance écologique plus ou moins détaché de l’axe politique gauche/droite et rassembler des écolos de tout bord, ou plutôt se sortir eux même de leur confort idéologique qu’est le leur à gauche serait d’un grand bénéfice pour eux, pour la vision des écologistes dans le pays, pour l’écologie plus généralement, c’est-à-dire pour tout le monde. Car l’image des écologistes en France est loin d’être celles de ses voisins, en Allemagne, au Royaume-Uni, ou en Autriche, qui eux ont un électorat de plus en plus important sur les décisions politiques, et qui serait prêt eux à plus de concessions avec les partis majoritaires au pouvoir, qu’ils soient de gauche comme de droite.
Prendre du recul pour mieux rassembler, voilà peut-être désormais ce qui pourrait leur arriver de mieux. Sinon le naufrage, en terme de relations parlementaires comme en terme de crédibilité, et il est peut-être pour bientôt.
En attendant un quelconque dénouement, Delphine Batho a annoncé qu’elle dévoilera les circonstances de son limogeage lors d’une conférence de presse ce jeudi 3 juillet. Ce sera sans doute un élément de plus dans l’effet domino à l’issue encore inconnue, espérons juste que le bateau ne coule pas, du moins pas comme d’autres…