Interdit depuis plus de 150 ans, l’esclavage ne sait pas estomper dans le Monde. Pire, il est revenu sous une forme encore plus inhumaine. Voici la triste pratique de l’esclavage moderne
Quelques mois avant la Coupe du Monde, le Brésil a fait partie des pays pointés du doigt par l’organisation Walk Free, dans un rapport qui précise que 29.8 millions de personnes sont victimes d’esclavages dit « moderne » dans le monde. Le pays se retrouve dans une situation délicate où le peuple manifeste contre le coût de la compétition. Même si aucun cas d’esclavage n’a été découvert sur les chantiers, le gouvernement brésilien a libéré 111 « otages » le 26 septembre, travaillant pour la rénovation de l’aéroport de Sao Paulo, grand espace d’accueil pendant la compétition.
Le Brésil est un pays où l’esclavage moderne est pratiqué dans des conditions atroces aujourd’hui. L’esclavage se fait par dette. Des ouvriers postulent à une annonce de travail intéressante, pour un très bon salaire (double du SMIC locale). Mais c’est un piège tendu par les « réseaux » d’esclavage. Ils jouent sur l’appât du gain et attirent les « pauvres » vivant dans le Nordeste du pays. Dans un endroit isolé du monde (foret amazonienne, montagne, atelier aux sous-sol) les nouveaux esclaves n’ont plus leurs passeports, avec l’interdiction de quitter l’espace de travail garder par « el chapo », gardien d’esclaves engagé des entreprises, qui reste loin de ça.
Les premiers jours sont consacrés à la construction de leurs logements (abris peu protégés avec hamacs, matelas ou juste quelques draps en guise de lit). Puis pour se nourrir et acheter leurs outils de travail ils se rendent à la boutique du « chapo », qui fait des crédits sur leurs salaires pour qu’ils puissent acheter. Les esclaves commencent alors leurs rudes missions avec prés de 14h de travail par jour. À la fin du mois, ils reçoivent les fiches de payes, qui indiquent une dette de l’employé après le passage en boutique, elle ne cesse de croitre. Dès que les ouvriers se nourrissent, ils achètent à la boutique du « chapo », qui facture des prix exorbitants pour un kilo de riz par exemple et endette l’employé. Cela oblige les esclaves à rester au travail, sinon ils sont tués. À cela s’ajoute la mauvaise alimentation, où les rares morceaux de viande consommés sont des bêtes mortes d’une maladie.
Il y à aujourd’hui 48 000 esclaves officiellement au Brésil. 95,3 % d’entres eux sont des hommes avec un âge moyen de 32 ans, 35% sont analphabètes. Les associations luttant contre, dont Free The Slaves, très active au Brésil, ont libéré depuis 19 ans près de 48 600 esclaves. 25 000 rentrent dans le circuit chaque année. Les associations luttant contre, dont Free The Slaves, très active au Brésil, ont libéré depuis 19 ans près de 48 600 esclaves. Lorsqu’elles sont attrapées, les entreprises apparaissent sur le « mur de la honte », liste établie par le gouvernement pour dissuader les collaborateurs de celles-ci et leur retirer tout financement public. Le domaine le plus touché est l’élevage, où des fermiers profitent de la main d’œuvre des esclaves pour s’enrichir fortement. Il y a aussi le déboisement, la culture, et surtout le bâtiment en forte expansion avec les échéances sportives à venir.
L’esclavage moderne à l’échelle mondiale
L’esclavage moderne ne préoccupe pas autant que le précédent. L’opinion publique pense que cette pratique a disparu du monde d’aujourd’hui. Il a tort. La faute à l’habitude de parler de « travail forcé » ou « servitudes » pour des ouvriers Népalais ou Ouzbek qui ont pris part à la construction des infrastructures des J.O de Sotchi et travaillent aujourd’hui pour la Coupe du Monde 2022 au Qatar. C’est bien des esclaves, avec des horaires de travail de 12 à 16h par jour, logés à 10 dans des chambres insalubres et abandonnées aux décisions de leurs patrons. Les pays qui pratiquent ce « phénomène » sont surtout des BRICS (Inde, Russie, Chine ou Brésil), qui comptent près de 18 millions d’esclaves à eux quatre, dont 14 millions pour l’Inde. Les enfants sont les victimes premières dans ce dernier. Les familles, vivant en campagne, souvent pauvre et analphabète, confient leurs enfants à des « tuteurs », vivant en ville, pour les instruire. Ces enfants sont alors forcés à travailler dans des fabrications de tapis par exemple, ils ont entre six et dix ans et travaillent 14h par jour, sans aller à l’école. S’ils en font la demande, ils sont punis corporellement par leurs « maîtres ». Pratiques que l’on retrouve dans l’Afrique sub-saharienne, à l’ouest (Togo, Bénin ou Ghana par exemple). Là, ce sont des trafiquants d’enfants ou des membres de la famille qui exploitent les enfants.
La pratique de l’esclavage moderne est très différente de la précédente, elle est quasi-invisible. Là où un esclave coutait plutôt cher à son maitre au XVIIe siècle, un esclave d’aujourd’hui est trompé puis impayé, il coute moins cher qu’une paire de chaussures. On recense environ 126 000 domestiques au Qatar, spécialistes de ces pratiques. Des femmes travaillent 17h par jour, sans jamais sortir du domicile, restant anonymes dans la société. Elles sont régulièrement violées par leurs « maitres » et menacées de prisons, car elles sont étrangères (Philippines, Indonésiennes) et pour rapport sexuel hors mariages, interdit dans le pays. Les Européens sont aussi coupables d’esclavage moderne. Sur les 172 états concernés par le rapport de Walk Free, la France est 139e et recense 8 500 cas d’esclavages. Plusieurs, comité, association et organisation se sont lancés dans un combat.