L’excision subsiste encore au Royaume-Uni, plus de 170.000 femmes sont concernées. Cette pratique religieuse est illégale depuis 1985, pourtant, les premières inculpations dues à ce procédé n’ont débuté qu’en mars de cette année.
Cette coutume fait froid dans le dos. Une torture que l’on fait subir aux petites filles, faisant soi disant « office de rite de passage et de reconnaissance » pour leur entrée dans la société. Une sorte de punition pour être née femme.
L’excision est une mutilation génitale féminine, qui se résume plus ou moins à l’ablation du clitoris. Certaines pratiques diverses relèvent de l’excision, notamment l’infibulation, la forme de mutilation génitale féminine la plus extrême qui soit, qui consiste à l’ablation totale du clitoris, des petites lèvres et des grandes lèvres à l’entrée du vagin. L’entrée de ce dernier est cousue, laissant seulement une fine ouverture pour les écoulements menstruels, garantissant la virginité d’une petite fille, et laissant imaginer la souffrance que celle-ci encourra lors de son premier rapport. Mais les ignominies de l’excision ne s’arrêtent pas là : l’introduction de substances corrosives ou abrasives peut être mis en pratique, dans le but de provoquer un resserrement du vagin.
Pourquoi tant de cruauté ? Considéré comme une imperfection de la création divine, le clitoris est jaugé comme un résidu masculin devant être ôté pour que la femme soit « finie ».
A ceci s’associe des raisons religieuses. Des communautés chrétiennes africaines, ainsi que des communautés musulmanes et la communauté juive des Falashas (venant d’Ethiopie), se basent sur des raisons aussi misogynes que cruelles. De plus, les pratiques d’excision sont considérées comme traditionnelles, elles sont apparues dès le temps des pharaons et des croyances animistes.
A ceci s’ajoute cinq raisons absurdes, comme la préservation de la virginité, l’amélioration de plaisir sexuel masculin (par le rétrécissement du vagin ou de l’orifice vaginal), l’interdiction de l’accès à l’orgasme des femmes (considéré comme malsain par les partisans de l’excision), ainsi que des raisons hygiéniques et des raisons esthétiques.
Les statistiques sont effrayantes; en 2008, en Egypte, il a été relevé que plus de 90% des Egyptiennes en âge d’avoir des enfants ont subi une excision, et au début des années 2000, en Guinée, 96% des femmes étaient excisées. Cette pratique sévit principalement en Afrique, à Djibouti, en Ethiopie, au Mali, en Somalie ou encore Soudan, où plus de 85% des femmes ont été excisées.
Cependant, la répression contre cette pratique s’est solidifiée. Des organisations internationales comme l’ONU, l’OMS et l’Unicef se battent contre elle, dans la plupart des pays occidentaux, elle est poursuivie et et punie comme un crime grave. Le 26 novembre 2012, l’Assemblée générale des Nations unies a adopté sa première résolution pour bannir les pratiques de mutilations génitales féminines dans le monde. Plus de 110 pays, dont une cinquantaine en Afrique, ont soutenu ce texte qui demande aux Etats membres de « compléter les mesures punitives par des activités d’éducation et d’information ».
Cette pratique, au delà du scandale moral qu’il génère, est médicalement intolérable. Ceci dû aux risques encourus par l’enfant suite à l’opération, souvent pratiquée dans des conditions d’hygiène parfois insuffisantes ou même inexistantes, elle peut mourir d’une infection. De plus, souvent faite sans anesthésie, la douleur provoquée par l’opération peut provoquer la mort de la fillette, par un arrêt cardiaque. A ceci, s’associe l’augmentation de risques de maladies sexuellement transmissibles, de kystes, d’abcès, d’infection, de rétentions urinaires, de complications lors de l’accouchement… la liste des problèmes encourus n’en finit pas.
L’excision, un « scandale national » au Royaume-Uni
En France, l’excision constitue une atteinte à la personne, elle entre dans le cadre des violences ayant entraîné une mutilation permanente. Passible de 10 ans de prison et 150 000 euros d’amende dans le cas général, passible de 15 ans lorsque la victime est mineure, et de 20 ans si le coupable est un ascendant légitime. Une interdiction du territoire d’une durée de cinq ans peut aussi être prononcée.
En Angleterre, un rapport de la commission parlementaire révèle que 170 000 femmes, venant principalement d’Afrique, sont susceptibles d’avoir subi une excision , tandis que 65 000 filles de moins de 13 ans en sont menacées, et ce malgré une loi de 1985 l’interdisant.
Un « Scandale national », selon les propos de certains députés reportés hier, puisque les premières inculpations n’ont eu lieu qu’en mars dernier. Non, vous n’aviez pas mal lu, l’excision est effectivement illégale depuis 1985. Ces parlementaires jugent que « le souci déplacé de respecter les sensibilités culturelles au détriment des droits de l’enfant est l’une des principales raisons » de cet échec.
« Il est probable que la mutilation de milliers de filles, que l’Etat a le devoir de protéger, aurait pu être évitée », a dénoncé le président de la commission Keith Vaz, affirmant que « les gouvernements successifs, la classe politique, la police, les services de santé, de l’éducation et les services sociaux se partagent la responsabilité » de l’échec.
Le rapport incite à suivre l’exemple de la France, qui, comme nous l’avons vu plus tôt, est intraitable sur ce sujet et impose de lourdes peines aux pratiquants de l’excision. Selon le rapport, la police et les services du procureur au Royaume-Uni ont été « bien trop passifs » en attendant que les victimes se manifestent, alors qu’elles sont peu susceptibles de le faire. Les parlementaires soulignent que « le recours à des examens médicaux réguliers des enfants en France a été un facteur-clé pour recueillir des preuves utiles à des poursuites », et recommandent que les professionnels de la santé jouent un rôle accru dans la prévention de cette pratique.
Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), plus de 125 millions de jeunes filles et de femmes dans le monde sont victimes de telles mutilations; le combat contre l’excision et ses dérivées est encore loin d’être d’être gagné.