La conversion à l’Islam pourrait permettre la rédemption des anciens membres de gangs en Afrique du sud. C’est en tout cas le parcours de Abduraghmaan « Abi » Ruiters et Khiyaam Frey, habitants du quartier de Hanover Park dans la banlieue du Cap qui sont passés du statut de membre de gang à celui de membre de l’association Ceasefire qui promeut la paix, la non-violence et l’interdiction du commerce des armes à feu. Ces derniers, qui ont réussi à sortir de l’enfer des gangs grâce à la découverte de la foi musulmane, tentent de faire sortir les jeunes du cycle de la violence qui gangrène certaines parties défavorisées du Cap.
L’Islam et ses valeurs permettent donc à l’association Ceasefire de combattre les violences liées aux gangs. En tant que membres de cette association, Ruiters et Frey ont reçu une formation de médiateur. Toutefois, ces derniers s’appuient également sur leurs propres expériences et leur foi quand ils prêchent la non-violence au sein de Ceasefire.
LA MARGINALISATION ENTRAÎNE LA RADICALISATION
Hanover Park est un quartier pauvre qui se situe dans la banlieue proche du Cap. La population de ce quartier est majoritairement pauvre et négligée par les autorités sud-africaines. Elle est organisée en petites communautés appelées des « Cape Flats » au sein desquelles la violence et les gangs font parti de la vie quotidienne.
Selon un récent sondage, 93,1% des jeunes entre 12 et 15 ans de Hanover Park auraient déjà été exposé à plusieurs types de violences (viol, vol, agression, meurtre …). La jeunesse de ce quartier finit souvent dans des gangs à cause de problèmes familiaux mais également pour des questions de protection, de respect et de manque de perspectives économiques. Conséquence de ces conditions de vie difficile, les autorités de la ville du Cap considèrent qu’il y aurait entre 100 et 120 gangs comptant entre 80 000 et 100 000 membres dans la province du Cap-Occidental.
Les membres de l’association Ceasefire font un parallèle entre la radicalisation de mouvements religieux internationaux et le recrutement des membres de gangs en Afrique du sud : l’oppression et la pauvreté mènent souvent à la radicalisation et les cibles principales du recrutement sont des jeunes sans repère.
L’INFLUENCE PACIFIQUE DE L’ISLAM
Comme le dit Tathir Kelly à Al Jazeera, un jeune homme de 31 ans, ancien membre de gang et désormais musulman ayant récemment intégré un programme de réhabilitation, « l’Islam est dans mon cœur. Si j’avais une arme et que je voyais mon ennemi, je ne tirerai pas. Je le laisserai partir, parce que si je lui tire dessus, c’est un péché » (« [Islam] was my heart. If I had a gun and I see my enemy, I would not shoot him. I would let him go, because if I shoot him in that time, it’s a bad sin »). Sachant que Tathir Kelly avait purgé une peine de 4 ans de prison pour 14 tentatives de meurtre, l’Islam semble avoir effectivement pacifié cet homme qui se considérait comme une menace (« I was a menace »).
Il est extrêmement difficile de quitter un gang en Afrique du sud. Et généralement, les deux seules portes de sortie sont la prison ou la mort. La religion semble donc être une alternative intéressante. En outre, l’Islam constitue une réelle communauté qui peut permettre aux anciens membres de gang de s’en sortir grâce à l’aide des membres de cette communauté, et ce n’est pas négligeable dans un pays où les opportunités d’emploi, de responsabilisation et d’émancipation sont rares. La foi musulmane peut donc jouer un rôle fondamentale dans la rédemption des délinquants.
En définitive, c’est en combinant la foi musulmane, les formations et entraînements de l’association Ceasefire ainsi qu’une grande détermination personnelle que l’on peut espérer éradiquer la violence dans le quartier défavorisé de Hanover Park, et potentiellement dans tout les quartiers similaires d’Afrique du sud.