Boris Nemtsov, ancien vice-Premier ministre de Boris Elstine, président russe de 1991 à 1999, a été abattu cette nuit au centre de Moscou. Il était l’un des principaux opposants à Vladimir Poutine.
Peu connu en dehors du territoire russe, Boris Nemtsov était l’un des principaux personnages du paysage politique du pays. Ancien vice-Premier ministre du président Boris Elstine, il fût pressenti pour devenir son dauphin mais c’est finalement sur Vladimir Poutine que le Président jeta son dévolu. Destitué en 1998, il bascula alors dans l’opposition lorsque son rival devînt Président et rejoignît le parti libéral SPS, réputé pour ses critiques virulentes envers Vladimir Poutine. Il ira même jusqu’à dénoncer les élections législatives de 2007 comme « les plus malhonnêtes de l’histoire de la Russie ». Initiateur du mouvement Solidarnost, parti d’opposition au pouvoir en place, il s’affirmera comme figure de proue des manifestations ayant secoué Moscou en 2012. Plusieurs fois interpellé par les forces de l’ordre, il avait été la cible de perquisitions et mis sur écoute, sans jamais cesser de dénoncer la corruption de ce qu’il appelait le « système oligarchique » du Kremlin.
Alors qu’il se promenait sur le Grand Pont de pierre près du Kremlin, il a été abattu la nuit du 27 février par quatre coups de feu dans le dos selon les propos tenus par la porte-parole du ministère de l’Intérieur russe, Elena Alexeeva, à la chaîne de télévision Rossia 24. « Il ne fait aucun doute que ce crime a été minutieusement planifié, tout comme le lieu qui a été choisi pour le meurtre », a dénoncé le Comité d’enquête russe dans un communiqué. « Boris Nemtsov se rendait avec sa compagne à son appartement, situé non loin du lieu des faits. Il est évident que les organisateurs et les auteurs de ce crime étaient informés de son trajet ».
« Poutine a déclaré que cet assassinat brutal portait les marques d’un meurtre commandité et avait tout d’une provocation », a déclaré son porte-parole, ajoutant que le président avait demandé au Comité d’enquête, au ministère de l’Intérieur et au FSB (ex-KGB) d’enquêter sur cet assassinat. François Hollande salue pour sa part le « défenseur courageux et inlassable de la démocratie » qu’il était. Le président ukrainien, Petro Porochenko, a lui aussi réagi dans la nuit, dépité à l’annonce du militant opposé à la guerre russo-ukrainienne : « Boris Nemtsov était un pont entre l’Ukraine et la Russie, et ce pont a été détruit par les coups de feu d’un assassin. Je pense que ce n’est pas par hasard ».
A peine trois heures avant sa mort, Boris Nemtsov avait donné une interview à une radio moscovite dans laquelle il appelait les auditeurs à manifester dimanche contre le pouvoir exécutif en place. Leonid Volkov, responsable de la manifestation, a annoncé que celle-ci était annulée et remplacée par une marche à la mémoire de l’opposant assassiné.