L’australopithèque Lucy, découverte par le paléoanthropologue américain Donald Johanson et les Français Maurice Taïeb et Yves Coppens, fête ce mardi les 41 ans de sa découverte. Une découverte qui a révolutionné le monde de la paléoanthropologie.
Deux paléoanthropologues français, Maurice Taïeb et Yves Coppens, sont à l’origine de la découverte de la plus célèbre australopithèque au monde. Mais l’histoire a voulu que ce soit le paléoanthropologue américain Donald Johanson qui ait découvert le premier les ossements.
Nous sommes dans les années 70. Maurice Taïeb, qui projette d’effectuer des fouilles sur le site d’Hadar en Ethiopie, invite le jeune Johanson à l’accompagner. Le 24 novembre 1974 sur le site, Johanson décide de laisser de côté ses tâches administratives et de creuser sur le versant d’un petit ravin avec Tom Gray, un de ses étudiants. Ils ne trouvent rien.
Sur le point de renoncer, Johanson aperçoit un fragment d’os. En creusant davantage, il découvre peu à peu les pièces d’un incroyable puzzle : le squelette de Lucy, l’australopithèque qui va révolutionner le monde de la paléoanthropologie.
Un squelette de 3,2 millions d’années
Les chercheurs parviennent à déterrer tour à tour un morceau de crâne, un bout de fémur, des vertèbres, des côtes et un fragment de mâchoires. C’est la stupéfaction. Ils retournent au camp de base pour faire part de leur découverte à leurs collègues. Ils parviendront à reconstituer 40% du squelette de Lucy, le plus complet à ce jour.
Les scientifiques prouvent que Lucy était bien une femme. La découverte d’un os pelvien élargi, pour permettre l’accouchement, viendra confirmer cette hypothèse. Reste à trouver son âge, ce qui pose problème : les roches entourant le squelette sont impossibles à dater à cause de l’activité volcanique très intense dans la région. En 1992, soit 18 ans après la découverte, le scientifique Robert Walter parvient à dater le squelette : environ 3,2 millions d’années.
La question de sa démarche
Lucy mesure 1,10m pour 29 kg. Elle serait décédée vers l’âge de 14 ans. Elle ressemblait à un chimpanzé mais était bien différente d’un singe. Elle possédait des petites jambes et des longs bras car elle devait passer une partie de son temps dans les arbres. Elle avait un cerveau de 280 à 560 cm3 et une face projetée vers l’avant comme celle d’un singe.
La question de la démarche de Lucy divise encore aujourd’hui les paléoanthropologues. Marchait-elle droite ou penchée ? Chaque millimètre carré de ses ossements a été examiné des centaines de fois. Mais aucune réponse définitive sur ce sujet. Mais on est sûr aujourd’hui qu’elle était bipède. Johanson est aujourd’hui convaincu qu’elle marchait avec agilité, la jambe bien dépliée et pas les genoux pliés, même si elle dormait encore dans un nid d’arbre.
L’origine du nom Lucy
L’australopithèque Lucy doit son nom… aux Beattles ! Le soir de sa découverte, l’équipe de paléoanthropologues fête l’événement sous la tente du campement. Durant la soirée, la chanson des Beatles Lucy in the sky with diamonds tournait en boucle. La petite amie de Donald Johanson demande alors : « puisque l’on sait que c’est une femme, pourquoi ne pas l’appeler Lucy ? ». Et c’est ainsi que fut nommé l’australopithèque, plus de 3 millions d’années après sa mort.