L’ancien président exprimait, hier, ses idées neuves pour relever l’Europe. Le sauveur semble aujourd’hui perdre de sa superbe. En effet, des voies s’élèvent parmi les ténors du parti, qui, oubliant l’impérieuse nécessité d’unité incombant à tout parti d’opposition, ne cachent plus leur désapprobation.
Si les fidèles ne manquent pas de rappeler leur filiation Sarkozyste, à l’image de François Baroin qui qualifiait l’intervention prophétique par ces mots : « utile, nécessaire et efficace » à l’antenne d’Europe 1, d’autres tiennent à se départir d’une ligne politique qui ne leur convient plus.
Ainsi, Xavier Bertrand n’hésite pas à déplorer le manque d’engagement de Nicolas Sarkozy envers l’UMP.
Par ailleurs une distorsion apparait entre Bertrand et Sarkozy au sujet de la place du couple Franco-Allemand, au sein de l’Union Européenne.
Contrairement à l’ancien Président de la République, le député-maire de Saint-Quentin ne considère pas le duo France-Allemagne comme le noyau dur de l’Europe. Il déclare à ce sujet « Le couple franco-allemand ne permet pas de régler tous les problèmes en Europe ». Cette déclaration vient s’ajouter à un petit pic assassin lancé par Xavier Bertrand en Avril dans l’Express : «Je ne crois plus au Merkozy.»
Parmi les non-alignés, un autre député sort de l’ombre pour déclarer « Nicolas Sarkozy s’enferme un peu dans cette vision strictement franco-allemande de l’Europe, qui est très française (…) Je ne suis pas sûr que cela soit la meilleure compréhension de l’Europe de demain. » il s’agit d’Hervé Mariton, également responsable du projet de l’UMP.
François Fillon exprime, pour sa part, un point du vue contradictoire: il balaya d’abord d’un revers de main ce sujet sur BFMTV, déclarant que cette intervention ne constituait pas « l’événement central de cette campagne ». Il a ensuite opéré un virage à 180 degrés et adopté une position bien plus favorable, jeudi sur I-Télé, affirmant qu’il s’agissait là d’une « tribune excellente, bienvenue dans une campagne difficile où les grands partis peinent à convaincre les électeurs d’aller voter. »
Cependant, il garde une certaine réserve quant aux idées de fond et se désolidarise de la volonté de quitter Schengen. François Fillon, fait à nouveau preuve de toute la mesure qui le caractérise ( celle-là même qui manqua souvent à l’hyper-président Sarkozy), et déclare « Avant de parler de suspendre Schengen, commençons par nous doter d’une politique migratoire française qui soit à la hauteur de ce qu’attendent nos concitoyens (…).» Et d’ajouter : « Il y a aujourd’hui un accès à toutes les prestations sociales qui est trop facile, trop large, sans conditions et qui fait de la France un territoire très attractif.»
Contre toute attente, Jean-François Copé a choisit de manifester son soutien à la tribune sarkozyste, cette prise de position apparait néanmoins comme une démarche intéressée. En effet l’actuel chef de l’UMP profite de sa déclaration pour rappeler que N. Sarkozy n’est pas le premier à exprimer de telles idées pour l’avenir de l’Europe, Jean-Francois Copé affirme : « C’est une tribune remarquable, car elle correspond à la vision que je défends pour l’Europe. »
L’approbation la plus marquée a été celle du vice-président de l’UMP, Laurent Wauquiez, qui semble enclin aux compliments en cette période de campagne, il affirme : «Tout le monde à l’UMP m’a tapé dessus quand j’ai dit qu’il fallait suspendre Schengen et que l’Europe à 28, ça ne marche plus, et Sarkozy dit la même chose. Grâce à lui, les lignes bougent».
Privilégiant les stratégies individuelles et les ambitions personnelles, les membres de L’UMP ne semblent pas prêts à s’accorder sur une ligne commune pour les européennes.
Face au danger que représente la montée de l’extrémisme et l’intention massive d’abstention, le manque de cohérence du principal parti d’opposition risque fort d’entraver un débat serein et productif ,au profit de l’émergence de l’Europe des extrêmes.