Christiane Taubira, Garde des Sceaux et Ministre de la Justice, représentera la France le 7 avril à Kigali lors des célébrations du 20e anniversaire du génocide rwandais. Une cérémonie au cœur du douloureux souvenir de cent jours d’extermination.
Lundi 7 avril 2014, vingt ans jour pour jour après le début du génocide, une flamme du souvenir sera allumée au mémorial du génocide de Kigali par le président Paul Kagame, qui, à la tête du groupe de rebelles tutsis du Front patriotique rwandais (FPR), a mis fin au génocide en prenant le contrôle de la capitale rwandaise. Par la suite, une « marche du souvenir » aura lieu en direction du grand stade de Kigali où le président rwandais prononcera un discours et où une veillée funèbre se tiendra ensuite. Un deuil national de 100 jours sera lancé en référence à la centaine de jours qu’ont duré les massacres.
Un génocide sous les yeux de la communauté internationale
Commencé le 7 avril 1994, quelques heures après l’assassinat la veille du président hutu Juvénal Habyarimana, dont l’avion avait été abattu au-dessus de Kigali par un missile, le génocide rwandais se caractérise par la violence dont il a fait preuve sous les yeux d’une communauté internationale impuissante.
Dans un contexte où la guerre civile faisait rage, opposant le gouvernement rwandais composé de Hutus au FPR, accusé par les autorités rwandaises d’être essentiellement constitué de Tutsis, le massacre est intervenu pour tuer l’ensemble de la population tutsie.
Tout au long des trois mois d’horreur, les messages de haine diffusés par la Radio des Mille Collines, symbole de la folie génocidaire, appellent aux meurtres et aux viols collectifs de masse, propageant par la même suite le SIDA. Elle encourage les tueries et dénoncent les lieux où les Tutsis encore vivants se trouvent. Les exécutions à la machette se multiplient devant les caméras du monde entier. Il en résulte un bilan de plus 800 000 morts : les 2/3 de l’ethnie tutsie sont décimés.
Le rôle ambigu de la France
La question de la responsabilité de la France dans le génocide au Rwanda reste encore à définir. En effet, il subsiste un doute quant à l’implication ou non de l’Etat français dans les massacres perpétrés durant le printemps 1994. Depuis des années, elle est accusée par l’Etat rwandais, et notamment par le président Paul Kagame, de complicité dans le génocide en raison de ses liens durables avec le régime hutu en 1994.
D’ailleurs, selon L’Express, les documents français sur le génocide rwandais sont toujours classés « Secret défense ». L’association Survie avait demandé au Président de la République François Hollande et au Ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian de publier tous les documents se rapportant à l’action de la France au Rwanda entre 1990 et 1994 et s’était vue opposer un refus.
Une justice internationale toujours en cours
La condamnation de Pascal Simbikangwa à 25 ans de réclusion criminelle dans les tribunaux français en mars dernier a ajouté un nouveau volet concernant la justice internationale autour du génocide. C’est la première fois qu’un Rwandais est condamné en France en lien avec les massacres perpétrés. Jugé sur le fondement de la compétence universelle, établie par la loi du 22 mai 1996, il a été rendu coupable de crime de génocide et de complicité de crime contre l’humanité.
En outre, le travail du TPIR continue toujours. Mis en place le 8 novembre 1994, le Tribunal Pénal International pour le Rwanda poursuit les travaux entrepris depuis 20 ans. La reconstruction de l’unité du pays était la principale priorité. Malgré les critiques concernant des difficultés dans les instructions et des retards accumulés, des efforts ont été constatés notamment dans les communications des décisions. L’ouvrage à fournir reste encore long et épineux et les prochaines années seront décisives quant à son bilan final.
Images :
– Photo à la une : MAE/F. de La Mure
– Autres photos: Victimes du génocide rwandais
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