Si on vous disait pape et électro dans la même phrase, cela risquerait de sonner faux. Et pourtant, ils ont déjà fait la fête ensemble, il y a un peu plus de 30 ans…
Alors non, aucune pinte de bière n’a été partagée entre les deux, on vous rassure. Malgré tout, le « pape de la musique électronique », Jean-Michel Jarre, a bien réalisé un concert pour le (vrai) pape, et c’était volontaire.
Un histoire qui parait fausse
5 Octobre 1986, c’est l’automne, le froid et le ciel gris lyonnais qui accompagnent le pape Jean-Paul II à Lyon, alors qu’il vient bénir la « Capitale des Gaulles » du haut de la basilique de Fourvière. La ville veut créer un événement mémorable pour l’occasion, et qui de mieux qu’un lyonnais pionnier des musiques électroniques pour refléter le contraste de cette ville? Le concert durera deux heures, dès la fin du discours du pape, et illuminera presque tout Lyon, comme le veut l’habitude du musicien.
Près de 800 000 Lyonnais ont pu assister à cet évènement pourtant méconnu, devant la scène ou encore du haut de leurs balcons. Aujourd’hui, cette soirée est presque devenue une légende urbaine, entre ceux qui y croient, d’autres qui demandent à voir les images, et certains qui diront que c’était un hasard. Mais on vous l’assure, c’était bien réel.
Heureuse ou malheureuse rencontre?
Hors du concert lui même, le contexte en était assez étrange. Tout d’abord, la scène se trouvait au pieds des marches du Palais de Justice, ses 24 colonnes accueillant au même moment le procès Klaus Barbie. Macabre? Encore plus lorsqu’on sait que Nostradamus aurait prédit la mort du pape « entre Rhône et Saône ». Alors que des attentats secouaient Paris et Rennes, c’était une véritable chasse à la bombe, ce qui à l’époque était moins commun qu’aujourd’hui.
À la fois mystique, improbable et macabre, le concert a bénéficié d’une communication tout de même très riche! Bienheureusement, lorsque Jean-Michel Jarre revient sur l’évènement, c’est toujours avec bon cœur; « Qu’on soit catholique ou pas, la personnalité de Jean-Paul II était extraordinaire. »
Lyon, entre catholicisme et musiques électroniques
Lorsqu’on connaît un peu Lyon cet évènement ne paraît pas si surprenant. Toujours tiraillée entre héritage catholique fort (en 2014, 60% des habitants se disent catholiques) et culture électronique omniprésente (on peut compter une dizaine de festivals électro dans la ville), la ville se doit d’entendre les deux cultures, et d’essayer de les rassembler au mieux.
La cohésion habituellement très difficile semble ici presque logique et surtout, poétique. Alors, à quand Woodkid devant le Pape François pour réactualiser l’évènement ?