Depuis dix jours, de nombreux manifestants descendent dans les rues d’Al-Hoceima, au nord du Maroc, pour demander la libération des leaders de la contestation et faire entendre leurs revendications sociales et économiques.
Al-Hoceïma est, depuis 7 mois déjà, l’épicentre d’un mouvement de contestation. Plus précisément depuis le 28 octobre, date de décès du vendeur de poissons Mouhcine Fikri. Alors qu’il tentait de s’opposer à la destruction de sa marchandise par la police, l’homme a été broyé par une benne à ordures. Cet incident a suscité une vague d’indignation au Maroc, et plus particulièrement dans le Rif où la contestation ne faiblit pas.
Des revendications nombreuses
En effet, de nombreux rassemblements nocturnes ont été organisés lundi 5 juin, et ce pour le dixième soir consécutif, dans la ville d’Al-Hoceïma ainsi que dans les localités rifaines voisines. Les revendications de la population sont nombreuses.
Les habitants condamnent tout d’abord la marginalisation de leur région et tentent de faire entendre leurs revendications sociales et économiques. Venu informer les députés sur la situation dans le Rif, Abdelouafi Laftit, le ministre de l’Intérieur, a annoncé que « l’Etat est mobilisé pour répondre aux revendications sociales et économiques de la population ». « L’Etat a lancé de nombreux chantiers, et la province d’Al-Hoceima, comme les autres, a bénéficié de cette dynamique », a-t-il ajouté, tout en concédant que si « le programme répond à 90% des demandes de la population », les « efforts restent insuffisants ». Le Rif reste la région la plus pauvre du Maroc. Ses habitants exigent un développement plus poussé, aussi bien dans le domaine de l’emploi, de la santé, ou encore de l’éducation.
Un appel à la libération des manifestants interpellés
Par ailleurs, si le gouvernement a assuré que « les portes du dialogue demeurent ouvertes », les manifestants continuent de clamer leur défiance et accusent leurs élus locaux de corruption. Ils appellent également à la libération des militants arrêtés. En effet, les manifestations font l’objet d’une importante répression policière, si bien qu’une quarantaine de manifestants ont déjà été interpellés. Parmi eux, Nasser Zefzafi, le leader du « hirak », mouvement à la tête de la contestation. Il est accusé d’avoir interrompu la prêche d’un imam. Il a aujourd’hui été placé en détention provisoire, au côté de six autres militants.
De plus, deux autres membres de premier plan de l’hirak ont été arrêtés suite aux manifestations, lundi 5 juin. Tout d’abord Nabil Ahamjik. Considéré comme le numéro 2 du mouvement, il était recherché depuis plus d’une semaine pour avoir publié des vidéos appelant à poursuivre la mobilisation sur les réseaux sociaux. Silya Ziani, une des nouvelles figures montantes, a également été interpellée alors qu’elle se rendait à Casablanca.
Les manifestants sont désormais de plus en plus nombreux à faire appel au roi Mohammed VI, à l’image de la mère de Zefzafi pour obtenir la libération de son fils.