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Marco Polo annulée par Netflix … c’est quoi déjà Marco Polo ?

Netflix vient d’annoncer que sa série Marco Polo ne serait pas reconduite pour une 3ème saison. L’occasion de revenir sur cette série et de vous dire ce qu’est Marco Polo.

L’information vient de tomber : Netflix ne renouvelle pas Marco Polo pour une saison 3. C’est à ce jour la seule série que la chaîne n’a pas renouvelé pour une troisième saison. L’occasion pour nous de revenir sur la série et notamment sa première saison.

The imitation game

La première chose à dire sur Marco Polo c’est qu’on s’en fou un peu que ce soit Marco Polo le personnage central. Ben oui, c’est ce qui est bien, la série n’est pas vraiment une série historique (en tout cas, pas vraiment l’histoire des Polos en orient), mais plus une série qui se veut épique, pleine de batailles, de guerriers farouches, de filles qui le sont beaucoup moins, de princesses du désert, de complots de cours… Bref, un joyeux mélange.

Faut dire qu’on a fait du chemin depuis Les Rois Maudits, il y a eu Rome de (entre autres) John “Conan le Barbare” Milius, ou encore le moins mémorable Spartacus sur Starz. La comparaison avec ce dernier n’étant pas forcément innocente, puisque le projet Marco Polo était initialement prévu sur la même chaîne. C’est d’autant plus cohérent que la chaîne fait partie du même groupe que Starz Distribution, anciennement Starz Média, subdivision en charge de développer, produire et acquérir du contenu original (films, séries, docus, animés), dont The Weinstein Company possède 25%. Même si ce deal n’est pas censé inclure la télévision, juste les films, le fait que ce bon vieil Harvey Weinstein vole à la rescousse du projet Marco Polo, qui se trouve justement être dans les cartons d’une chaîne avec laquelle sa compagnie est déjà en accointances, n’est sans doute pas le fruit du hasard. On en reparle plus loin.

Donc à la vision des 10 épisodes de cette première saison de Marco Polo on peut dire pas mal de choses. Déjà, c’est globalement bien fait. Même si l’ami Marco (Lorenzo Richelmy), a un peu le charisme d’une huître citronnée (ce qui est mieux que sans le citron), même si les ficelles sont parfois des câbles blindés (on pensera au plan de conclusion de la saison, juste énorme), même si on nous prend un peu pour des cons, mais que ca fait des scènes sympa à la fin (Faut que les mecs se prennent deux grosses taules au même endroit et que l’ami Marco risque sa peau pour qu’il commence à penser aux trébuchets), même si… même si…

Et pourtant il y a un réel plaisir à voir la série, surtout pour les amateurs de films de genre. On y retrouve en inspiration majeure le Wu Xia Pian (Film de sabre chinois, cinéma de Hong-Kong), dont l’itération la plus connue en occident serait le Tigre & Dragon de Ang Lee, donnant lieu à quelques morceaux de bravoure télévisuels, dont la plupart tournent autours du personnage de “Cent Yeux” (Tom Wu), sans doute un des meilleurs personnages de la série avec Kublai Khan (Benedict Wong), qui fait un peu penser au Roi Conan, Empereur Barbare aux désirs de grandeur et aux us de nomade. Les intrigues de pouvoir, côté mongol et côté chinois sont plutôt bien fichues, avec des personnages qui sont avant tout des archétypes. Le mémorable Chancelier Jia Sidao, juste dérangé et pervers à souhait, tout en étant lui aussi un artiste martial de haut niveau (La mante religieuse est son amie). Enfin, il y a une réelle dimension épique, plutôt bien menée en crescendo du premier au dixième épisode, qui fonctionne plutot bien, avec des idées franchement malignes. Par exemple, on vous étale deux grosses armées bien impressionnantes, mais le combat se réduit en combat des chefs, ou encore, on vous en remet une couche pendant un siège, mais l’essentiel des combats se déroulant au niveau d’une brèche dans un mur, cela fait beaucoup moins de monde à l’écran, et donc un budget mieux maîtrisé. Bref, si le show est plein d’inspirations diverses, en manque parfois dans ses intrigues, il n’en reste pas moins que l’on s’avale les 10 épisodes et on arrive à la fin en se disant : A QUAND LA SUITE !

The Grandmaster

Il faut dire que Marco Polo a un gros moteur : Harvey Weinstein, dont c’est le premier projet abouti en télévision sous le label The Weinstein Company. Rappelons rapidement que Harvey & Bob Weinstein sont les fondateurs de la société Miramax, leader dans la distribution, puis la production, de films indépendants dans les années 90 (Sexe, Mensonges & Vidéo, Pulp Fiction), qui fut racheté par Disney (pour faire simple). Après quelques années de cohabitation pas toujours facile, ces derniers ont fondé une nouvelle entité en 2005, The Weinstein Company, qui depuis quelques années s’intéresse beaucoup à ce qui se fait à la télévision.

Notre Marco Polo est donc un mix entre ce qui a fait le succès des Weinstein à leur début (rajouter des meufs à poil), l’excentricité de la fin et surtout une connaissance encyclopédique du cinéma et de ses influences pour calibrer une série avec tout ce qu’il faut pour lui donner un réel cachet. Et il ne faut pas manquer de citer John Fusco, créateur de la série, certes peu connu, surtout en télé, mais qui sait manipuler les vieux concepts pour les remettre au goût du jour (par exemple c’est lui qui avait écrit Young Guns I & II). Enfin, ca marche aussi parce que l’ami Harvey y a mis 90 millions de dollars pour 10 épisodes, ce qui en fait une des séries les plus chères du moment (mais pas LA plus chère), et clairement, comme on dirait au cinéma, il y a quand même une sacrée production value sur l’écran.

Donc Marco Polo n’est pas une série historique, pas vraiment. Ce n’est pas non plus un énième Game of Thrones, comme on a pu le dire. Ces influences sont plutôt à chercher du côté de la Chine et du Japon, le tout dans les décors des plaines du Kazakhstan, parfaites pour l’ambiance. Marco Polo, c’est du Wu Xia Pian à la télé, avec un occidental au milieu pour expliquer tout ca aux occidentaux que nous sommes, avec plein de filles nues pour les primates que nous sommes aussi, et surtout un référentiel maîtrisé qui permet à tout le monde de passer un bon moment.

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