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Cash Investigation : Les dessous horrifiants des marques de luxe

Le magazine d’enquêtes CASH Investigation revient une nouvelle fois pour mettre en lumière les dessous très secrets du prêt-à-porter chez les marques de luxe. Une nouvelle enquête glaçante, réalisée par Zoé de Bussièrre…

Les sacs à mains et accessoires ont envahi les podiums de la mode. Certaines marques comme Gucci ou Hermès ne font pas de « profits records » sans le cuir. Cash Investigation a mené l’enquête auprès de deux groupes Français : LVMH, 40 milliards d’euros de chiffre d’affaires (CA), qui a pour n’en citer que quelques unes  les marques Céline, Kenzo, Fendi, Givenchi ou encore Bulgari. Et le groupe Kering, 15 milliards d’euros de CA, avec les principales : Gucci, Balanciaga, Alexander McQueen ou encore Yves Sains Laurent. Toutes ces enseignes utilisent du cuir pour leurs produits : des sacs-à mains, des chaussures, des accessoires… les prix affichés sont faramineux. Le magazine dévoile des vérités, pas très bonnes à entendre (ou à voir). De quoi faire réfléchir à deux fois n’importe quelle « fashion addict« .

Un regroupement en Italie

Pour traiter et préparer le cuir, il y a pleins d’étapes et donc beaucoup de sous-traitants: 700 tanneries, toutes localisées au même endroit : à Santa Croce Sull’Arno, entre Florence et Pise, en Italie. Elles travaillent avec des marques de luxe du monde entier. Ces marques, comme LVMH, utilisent un « code de conduite » : « interdiction des heures supplémentaires excessives« , « interdiction du travail illégal et non déclaré« , « obligation de fournir aux travailleurs un environnement sein afin d’éviter les accidents« . Ces codes ne sont pas souvent respectés à la lettre…

« Petites mains du luxe et ouvriers très précaires« 

En Italie, 36% des ouvriers sont intérimaires (six fois plus qu’en France), des intérims « très longues durées« , très instables, et des contrats qui peuvent durer d’une seule journée, à 366 jours.

À Termoplak, sous-traitant spécialisé en séchage des peaux, les travailleurs étrangers doivent porter des centaines de peaux par jour, qui pèsent entre quinze et trente kilos, dans des bâtiments qui peuvent atteindre les 45 degrés et un volume horaire journalier de travail qui peut dépasser les 13 heures. Alfonso Guerra, gérant de Termoplak, aime les travailleurs étrangers, surtout les sénégalais: ils ont « le plus faim« , ils veulent « travailler« , ne « boivent pas« , ne « fument pas« , quoique « le seul souci qu’on a avec eux c’est pendant le ramadan, parce qu’ils restent un mois sans manger alors parfois ils sont un peu… » Ils s’évanouissent ou se font tabasser par le gérant et l’un de ses fils  lorsqu’ils ont le malheur de réclamer leur paie, comme Tchek et Fodé. Ils travaillaient dans des conditions difficiles sans être déclarés. Traités « comme des animaux, », ils ne pourraient pas « aller aux toilettes » et devraient vider leur vessie « derrière les machines » là où ils travaillent.  Un ancien salarié aurait perdu trois phalanges car pour augmenter le rendement, Alfonso Guerra enlevait la protection des  machines.

Cash investigation, le luxe de LVMH et Kering

Un travailleur sénégalais qui porte une peau de cuir dans la tannerie Termoplak, en Italie. (Crédit : Premières lignes)

Les étrangers sont deux fois plus touchés par les accidents du travail que les Italiens et ils ne sont pas protégés. Tcheck et Fodé ont porté plainte auprès de l’Inspection du Travail Italien suite à l’agression, mais n’ont eu aucun retour. Les inspecteurs ferment les yeux. Depuis l’arrivée d’Alfonso en fin d’année 2014, le nombre d’inspection dans le secteur du cuir a fortement chuté : vingt-six entreprises entre 2014 et 2018, soit moins de huit visites par an tandis qu’en 2011, 104 inspections ont eu lieu.

Plus de 2 milliards et demi d’euros échappés au Fisc

Luxury Good International (LGI), l’une des filières du groupe Kering, a empoché 900 millions d’euros de bénéfices. Cette entreprise suisse prétend faire du « commerce« , de la « gestion de production« , de « l’importation« , de « l’exportation » et de la » logistique internationale de produit« . Sauf qu’en réalité, elle ne s’occuperait que de la « logistique« , de « l’importation » et de « l’exportation de marchandises« , affirme un ancien haut-responsable qui témoigne à visage couvert.

Rentable. Grâce à un système bien rôdé, « LGI encaisse les factures pour presque toutes les sociétés du groupe Kering » ce qui permet à chaque marque du groupe Kering de transférer ses profits en Suisse, et profiter ainsi de sa fiscalité attrayante. Cette filiale « concentre 70% des bénéfices« , soit 600 employés. Contre 28.400 salariés dispersés dans le monde, pour les autres 30%, et n’est taxée « qu’à auteur de 8%« . Résultat : « Plus de huit milliards d’euros de profits » depuis 2002 et environs deux milliards et demi d’euros échappés au fisc sur la même période.

L’Italie a ouvert une enquête contre le groupe Kering en mars dernier.

Des animaux maltraités, Maxmara pointée du doigt

En Chine, 70 millions d’animaux sont tués chaque année pour leur peau. Sur les marchés, des peaux de renards, de lapins… vendues à des prix dérisoires, un peu plus de trois euros pour une peau de lapin. Les produits terminés, se vendront une fortune, comme ce manteau de fourrure Maxmara dégoté dans une boutique, vendu à 1650 euros. La marque italienne affirme que « l’approvisionnement » de ses fourrures « s’effectue auprès de fournisseurs certifiés« . Mais comment en être vraiment certain ? Zoé et son équipe sont allés vérifier.

Cash investigation, le luxe de LVMH et Kering

Des lapins en cage, dans un abattoir à Linyi, en Chine. (Crédit : Premières lignes)

Mauvaise surprise. Direction Linye, l’une des principales zones d’approvisionnement de lapins, des fermes à pertes de vues. « Ici, aucune loi n’oblige les propriétaires à la moindre norme d’hygiène« , les animaux sont élevés dans d’affreuses conditions. 10 000 animaux, parfois entassés à deux dans des petites cages, des excréments qui jonchent le sol, des animaux malades qui développent des troubles du comportement et s’attaquent même entre eux. Quant à la mort ? Les bêtes sont jetées vivantes avant d’être attachées par la patte puis saignées, en moins d’une minute. Les lapins sont dépecés vivants.

Pour ce qui concerne les peaux, dans l’une des tanneries principales au sein de laquelle des vêtements Maxmara sont confectionnés, 100.000 peaux par jour peuvent être fabriquées. Les employés, quant-à eux, sont payés vingt centimes par pièce, environ vingt-six euros par jour pour mille pièces réalisées.

Maxmara ne fait pas le tour de ses fournisseurs et la marque italienne n’a pas souhaité répondre aux questions de Cash Investigation. Ah, si, par une lettre :  « le groupe s’approvisionne auprès de fournisseurs dans le monde entier, qui garantissent le respect de toutes les normes. Nos fournisseurs, à leurs tours, achètent ces mêmes matériaux auprès d’enchères internationales, ne sont donc pas en mesure de fournir ni d’obtenir les informations, objets de votre intérêt, car leur activité ne s’étend pas jusqu’à la source primaire de la chaine d’approvisionnement. […] Et compte tenu de la complexité de sa propre chaine d’approvisionnement, ci-dessus indiquée, n’est pas en mesure concrètement de pouvoir recueillir plus d’informations pour votre sujet« , signée Fabio Forni, Directeur Général de Maxmara.

À lire aussi : Cash Investigation révèle les coulisses peu biodégradables des grands industriels du plastique

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