Mediapart fêtait sa neuvième année d’existence ce jeudi 17 mars. À l’occasion, nous sommes revenus sur le parcours de ce site d’information en ligne qui a réussi en quelques années à s’imposer comme un incontournable du journalisme d’investigation.
Cela fait donc neuf ans que Mediapart a vu le jour sur internet. À l’origine du projet, trois anciens journalistes du Monde, François Bonnet, Laurent Mauduit et Edwy Plenel, et Gérard Desportes, anciennement à Libération. L’objectif de Mediapart était de proposer un contenu payant, mais libre et indépendant des grands groupes financiers, qui possèdent aujourd’hui la quasi-totalité des médias français.
À lire aussi: Liberté d’expression: Les médias français sont-ils si libres ?
Et le pari semble réussi : avec environ 5,7 millions de visiteurs mensuels et 118 000 abonnés en 2016, le site enregistre un bénéfice net de 1,9 million d’euros. On compte aujourd’hui une cinquantaine de journalistes dans la rédaction, contre une vingtaine à sa création. Son originalité est aussi de proposer une presse moderne et innovante, avec des contenus multimédias accessibles uniquement sur internet. Mais cette réussite, Mediapart la doit aussi à son travail d’investigation qui lui a permis au fil du temps d’acquérir une renommée mondiale et de s’imposer comme la bête noire des politiques. « Médiapart propose un journalisme d’investigation que les médias dominants ne proposent plus guère en France », commentait le New York Times, après les révélations sur le financement de la campagne de Nicolas Sarkozy par le régime Libyen, en 2012.
« Les folles dépenses de la Ministre de la justice »
Quelques mois après sa création, le journal met en lumière une première affaire. En mars 2008, il révèle les dépenses exorbitantes de la Ministre de la justice de l’époque Rachida Dati. Dans un article intitulé « Les folles dépenses de la Ministre Rachida Dati », il est dit qu’elle aurait dépensé près de deux tiers des frais de réception alloués pour l’année 2008 en seulement trois mois. Mediapart interviendra également un peu plus tard dans l’affaire Kerviel et la Société générale. Deux affaires qui permettront au journal de se créer une place et une réputation dans le journalisme d’investigation.
L’affaire Bettancourt-Woerth
Le 16 juin 2010, Mediapart frappe fort et révèle l’existence et le contenu d’enregistrements effectués au domicile de Liliane Bettancourt par son majordome, entre 2009 et 2010. Le journal pointe également du doigt les mystèrieuses relations entre la riche héritière et des membres du gouvernement, notamment Eric Woerth, Ministre du budget et ancien trésorier de l’UMP, ainsi que le président de la République de l’époque, Nicolas Sarkozy. Mediapart ira même jusqu’à publier ces écoutes sur son site internet, provoquant un fort impact médiatique. Là encore, le pari est réussi et l’affaire fait scandale. À tel point qu’en octobre 2010, les locaux de Mediapart, du Monde et du Point fûrent visés par un cambriolage pendant lequel des documents concernant l’affaire ont été dérobés.
L’affaire Sarkozy-Kadhafi
Une nouvelle affaire éclate en avril 2012, mettant cette fois en cause le candidat pour sa réélection à la présidence de la République, Nicolas Sarkozy, pendant sa campagne. Ce dernier est accusé d’avoir reçu 50 millions d’euros de la part du régime libyen de Mouammar Kadhafi pour le financement de sa campagne. L’ancien président de la République avait alors porté plainte contre le journal pour « faux, usage de faux et publication de fausses nouvelles ». La justice avait finalement donné raison à Mediapart et confirmé ces révélations en novembre 2015.
L’affaire Cahuzac et ses comptes non-déclarés
L’affaire la plus récente remonte à décembre 2012. Jérôme Cahuzac, Ministre du budget au moment des faits, est accusé par Mediapart de posséder des comptes non-déclarés en Suisse et à Singapour. Si l’opinion publique s’est d’abord montrée méfiante sur cette affaire, le journal ne s’est pas découragé et a fini par lui faire entendre raison. Après avoir plusieurs fois clamé son innocence, notamment devant l’Assemblée nationale, Jérome Cahuzac est finalement condamné par la justice le 8 décembre dernier à trois ans de prison ferme et cinq d’inéligibilité.