La garde à vue de Mehdi Nemmouche, principal suspect dans la tuerie de Bruxelles, a été levée à 10 heures, ce mercredi matin. Il devrait être présenté dans l’après-midi au parquet de Versailles.
Dimanche, lors d’une conférence de presse, le procureur de Paris, François Molins, avait expliqué qu’une prolongation de garde à vue pouvait être mise en place à titre exceptionnel dans deux cas : « en cas de risque imminent d’attentat ou pour des motifs liés aux nécessités de la coopération internationale. » La détention du principal suspect devait donc courir au delà des 96 heures, et s’achever jeudi. Cependant, les autorités ont décidé ce matin de lever cette garde à vue, et ainsi le présenter à un juge cet après-midi. En plus de son mutisme, il avait, hier, refusé de sortir de sa cellule. «On n’a pas pu l’auditionner. Il a refusé d’être extrait de sa cellule. C’est une décision personnelle» a expliqué son avocat, Me Apolin Peziepep.
Et après ?
Ce Français de 29 ans, originaire de Roubaix, devrait également se voir notifier dans la journée le mandat d’arrêt européen qui le vise. L’homme devrait ensuite être extradé vers la Belgique. Pour se faire, Mehdi Nemmouche devrait être placé en détention, sous écrou extraditionnel, le temps de la procédure. La durée de celle-ci dépend du temps que mettra le suspect à donner son accord pour être remis à la Belgique, accord qu’il prévoyait d’ailleurs de donner jusqu’à lundi soir, selon son avocat.
De nombreuses questions subsistent
Le Français de 29 ans invoque toujours son droit au silence et est resté muet depuis le début de sa garde à vue. Impossible donc d’obtenir des réponses aux nombreuses interrogations qu’ont soulevé son arrestation.
Dans une vidéo retrouvée dans ses affaires, Nemmouche confiait «avoir commis l’attentat contre les juifs et vouloir mettre Bruxelles à feu et à sang» selon le procureur fédéral du royaume, Frederic Van Leeuw. Lourdement armé, le suspect a, rappelons-le, été interpellé par hasard lors d’un contrôle douanier de routine, à la sortie de son bus qui le ramenait en France. C’est justement ce retour à Marseille qui soulève des nombreuses questions. Pourquoi a t-il pris un tel risque ? Etant d’origine algérienne, avait-il l’intention de fuir la France par bateau pour se rendre au Maghreb ? Ayant été emprisonné dans le sud, cet islamiste radical voulait-il se faire aider par une de ses connaissances, rencontrée en détention ? Pourquoi ne pas plutôt se rendre dans le Nord de la France, où a grandi le suspect ? Avait-il l’intention de frapper encore ? Autant de mystères que l’enquête devra résoudre.
Une enquête des deux côtés de la frontière
Même si les doutes s’amenuisent, les enquêteurs attendent les expertises balistiques, qui devront dire scientifiquement si les armes retrouvées sur Nemmouche à Marseille sont celles utilisées à Bruxelles. Après les perquisitions menées, dimanche 1er juin, aux domiciles de la grand-mère et de la tante de M. Nemmouche, les Belges vont s’intéresser au réseau relationnel du suspect dans ce pays.