Maxime Gaget est un ancien homme battu. Il témoigne de son expérience traumatisante de près de 2 ans. Retour sur son histoire.
En France les violences conjugales sont un fléau. Un homme meurt des coups de sa compagne tous les treize jours. Pour Maxime, l’issue n’a pas été mortelle mais a laissé une marque à vie. Il confie son histoire.
«J’aurai du écouter cette voix dans ma tête »
C’est en 2007 que Maxime fait la rencontre de sa future tortionnaire. Lors de leur première rencontre un pressentiment l’envahi lui indiquant de rentrer chez lui. Une voix qu’il n’écoute pas. Ils apprennent à se connaître le temps d’une soirée. Après un stage professionnel de deux mois hors de la capitale, ils emménagent ensemble. « Un super travail et une femme que j’aime, à ce moment là tout allait si bien ! », explique Maxime. Ainsi en apparence tout semble parfait à cet instant. Mais la situation va vite se dégrader.
Une journée banale s’opère, rien de plus commun qu’une soirée avec sa conjointe, sa belle mère et son beau frère. Pourtant tout commence ici. Maxime raconte que lors du dîner sa compagne l’invite à se mettre à l’écart pour parler. Sans avoir pu faire deux pas dans l’autre pièce, le jeune homme est plaqué au mur et reçoit une gifle. Désemparé et par principe, il tente de se dégager mais encaisse de nombreux coups. Elle finit par lui dire « Si tu m’avais pas énervée, ça ne serait jamais arrivé ».
« C’est le début de l’escalade de violence »
Le malheur de la victime ne fait que commencer. Des violences physiques ou psychologiques de plus en plus fortes s’accumulent. Il raconte être roué de coups, brulé au fer rouge. Sa tortionnaire lui faisait ingérer toutes sortes de produits chimiques. Elle a tenté de lui brûler les cheveux et la barbe, le privait de toutes notions d’hygiène. Des violences allant jusqu’à lui briser 8 des ses 10 doigts. Son nez restera irrémédiablement détruit malgré 2 opérations reconstructives. S’enchaine alors les séquestrations et les privations alimentaires et de soins. La torture est à son paroxysme.
Pour ces mêmes raisons, les absences au travail s’accumulent. Ce qui devait arriver arriva. Licencié par son entreprise, sans contacts avec ses proches et victime de toutes ces violences, Maxime touche le fond. Un point dramatique est atteint. En effet dès lors, il ne se définit plus en tant qu’homme. Son état psychologique comme physique est un désastre. Seul, sans options ni objectifs, Maxime est convaincu qu’il va mourir.
« Soudain j’ai vu ce halo de lumière si symbolique »
Le 1er mars 2009: Le frère de la tortionnaire avec la complicité des enfants de cette dernière, décide de prendre une photo de Maxime. Cette image est envoyée à sa famille avec la phrase suivante « Venez vite ou vous récupérez votre fils dans une boîte ». Quelques heures plus tard les proches étaient là, accompagnés des forces de l’ordre. Maxime se souvient voir son ancienne compagne paniquée. Elle lui dit qu’il peux sortir s’il lui promet de ne pas porter plainte. Un mensonge plus tard, il franchit la porte d’entrée.
Un couloir sombre le sépare alors de l’extérieur. Alors qu’il s’avance dans cette direction, la porte vers la sortie s’ouvre. Un halo lumineux vient traverser le regard de Maxime. S’amorce alors le passage de l’ombre à la lumière . Sa propre famille ne le reconnaît qu’à sa voix. C’est au CHU d’Angoulême qu’il va être soigné. Sur la route les souvenirs reviennent petit à petit. A son arrivé, il est pris en urgence. Maxime explique que son état physique était si désastreux que certaines infirmières ont été suivis psychologiquement après s’en être occupé. Elles racontent ne jamais pouvoir oublier l’image de Maxime arrivant à l’hôpital.
Vient ensuite l’heure du bilan. Il n’y a pas 5cm de peau vierge sur son dos. De multiples bleus et lacérations parsèment son corps. Son poids est passé de 90 à 66kg. Son cartilage nasal est irrécupérable tandis-que son lobe d’oreille gauche est intégralement détruit.
Une professionnelle lui confie qu’il est le deuxième cas le plus grave qu’elle ait vu en 20 ans de métier. Son dossier se trouve être si grave que sa plainte est traitée le jour même.
« Je suis soulagé qu’on m’ait reconnu le statut d’homme battu »
Après 5 ans de procès la condamnation de son ex-compagne a été de 2 ans de prison ferme et 3 ans de prison avec sursis. «J’ai malheureusement appris par la suite qu’elle n’a pas passée un jour derrière les barreaux ». En effet elle a fait jouer les lois pour s’en sortir. En ce qui concerne Maxime, 6 ans de thérapie ont été nécessaires pour reprendre une vie « normale ». Tout cela est un lointain souvenir, il ne pense plus au passé. Aujourd’hui il se satisfait d’avoir été reconnu en tant qu’homme battu. Ainsi il explique qu’en France un véritable tabou existe a ce sujet.
Maxime insiste sur un point, s’il lutte contre les violences faites aux hommes il n’en minimise pas celles à l’encontre des femmes. Il explique que de nos jours de nombreuses associations existent mais qu’elles ne collaborent pas assez entre elles. Selon lui il y’a une forme de concurrence qui se crée. Ainsi il prévoit de palier à cela à l’avenir. Un seul objectif l’anime désormais, « Rendre son intégrité et sa dignité à chaque être humain ».
A la suite de cette histoire Maxime s’est lancé dans la rédaction d’un livre retraçant les faits.
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