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Morandini/Fogiel : je t’aime, moi non plus

On le sait, Jean-Marc Morandini et Marc-Olivier Fogiel n’ont jamais été proches. Mais leurs relations se sont vraiment tendues lorsque les deux animateurs étaient collègues à Europe 1. « Son passage [à Europe 1] ne s’est pas bien passé du tout, il avait envie de m’écarter à ce moment là d’Europe 1 (…) J’ai passé deux ans assez compliqués pendant qu’il était à Europe » avait déclaré Morandini en 2015 sur le plateau de la Médiasphère sur LCI. En effet, en 2011, l’animateur star de la station avait vu son émission réduite fortement. Il était passé de deux heures trente d’antenne par jour à une unique heure. Quelques petites piques publiques de temps à autre avaient refait surface en 2015, et l’année 2016 n’a pas été celle de la réconciliation. Mise en demeure en avril, tweets et messages insultants, accusation de chantage, en quelques mois les deux animateurs se sont envoyés de nombreuses attaques par lettres ou médias interposés. Dernier gros coup en date, celui de Jean-Marc Morandini le 19 juillet 2016 ou celui-ci accuse, devant 40 journalistes, Marc-Olivier Fogiel de le faire chanter, lui demandant d’arrêter de donner ses mauvaises audiences à l’antenne et sur son site. Cette affaire n’a donc pas arrangé les choses, et les deux hommes ont présenté des versions des faits contradictoires sur certains sujets. Relisons les grandes lignes du #MorandiniGate afin de démêler le vrai du faux. 

Fogiel fait la sourde oreille

Version de Morandini : Durant sa conférence de presse, ce dernier a été formel, indiquant que Marc-Olivier Fogiel était le centre de cette affaire, et que c’était lui qui le faisait chanter :

J’ai donc bien évidemment pas cédé au chantage, et mon avocat a envoyé une mise en demeure à cet animateur, c’était le 14 avril 2016. Deux mois après, je constate que comme je n’ai pas cédé, ses menaces sont mises à exécution. J’ai continué a donner ses mauvaises audiences chaque matin à l’antenne (sur Europe 1, où il présente “Le Grand Direct des médias, NDLR). Ce maitre-chanteur […] c’est Marc-Olivier Fogiel et c’est contre lui que je vais porter plainte. […] Il a fait tourner tous ces réseaux pour me descendre.

Et effectivement, une mise en demeure a bien été envoyée par l’avocat de Jean-Marc Morandini à l’animateur de France 3 et RTL pour ses propos insultants sur Twitter et par SMS, ce dernier n’appréciant pas que ses mauvaises audiences soient communiquées sur le site de Jean-Marc Morandini. Dans la soirée du mardi 19 juillet, après les déclarations de Marc-Olivier Fogiel, il a publié l’intégralité de la mise en demeure qu’il a envoyé 

Voici quelques tweets envoyés par Marc Olivier Fogiel et qui ont été repris dans la mise en demeure :

En revanche, impossible de savoir si ces fameux “castings” étaient ceux de la série lesfaucons.tv.

Version de Fogiel : Lors de sa réponse à la conférence de presse de Morandini, Marc-Olivier Fogiel assurait sur TV Mag qu’[il] « ne pouvais pas imaginer qu’il avait ce genre de pratiques », laissant entendre qu’il n’en savait rien. Sur Buzzfeed, il évoque les tweets de notre point précédent : «Après mon tweet sur ses castings, Morandini m’a envoyé des messages pour me dire qu’il serait “sans limite”. J’ai répondu que j’avais des dossiers sur lui, mais c’était une expression. Cela fait dix ans qu’il me cherche sur son blog, si j’avais eu la moindre chose sur lui, je l’aurai déjà balancé », avant d’ajouter « Je n’ai pas à être associé à son affaire car je n’ai rien à voir avec tout ça ».

Le soutien discret d’Europe 1

Version de Jean-Marc Morandini : l’animateur avait tenu lors de sa conférence de presse à remercier ses patrons de l’avoir soutenu. « Contrairement à ce que j’ai pu lire, là encore, ils sont à mes côtés depuis le premier jour de cette attaque minable » avait déclaré l’animateur. « Je pense à Arnaud Lagardère, Jean-Paul Baudecroux, Vincent Bolloré, Denis Olivennes, Fabien Namias, Maryam Salehi et toutes celles et tous ceux qui m’ont témoigné leur confiance et ont compris ce qui se tramait. » 

Problèmes : Même si aucun de ses employeurs ne l’a encore licencié ou suspendu, on ne peut pas dire qu’ils aient beaucoup communiqué publiquement sur le sujet pour le soutenir. Ils ont préféré faire la sourde oreille en espérant que la polémique médiatique se calme. Selon le Parisien, la radio Europe 1 aurait même déjà acté son remplacement à partir de septembre prochain. L’information a cependant été démentie par la direction de la station. Le soutien d’Europe 1 semble si hésitant que la direction aurait refusé l’interview de l’animateur dans Le Grand Direct des Médias présenté exceptionnellement pour l’occasion par Wendy Bouchard. Sur Twitter, le très informé “Zappeur fou” a confirmé que la station était à la recherche d’un ou de plusieurs remplaçants pour présenter tout ou partie des trois heures de direct du Grand Direct des Médias, de l’Actu et de la Santé.

Le non licenciement de Jean-Marc Morandini peut s’expliquer dans la fidélité de l’animateur producteur auprès de ses patrons mais également par le poids économique qu’il représente pour les médias pour lesquels il travaille. Sur NRJ 12, l’émission de prime-time Crimes est l’un des plus gros succès d’audience de la chaîne. De même sur Europe 1, où sa tranche de trois heures cartonne sur une station qui a réalisé son pire score d’audience historique. Un salarié d’Europe 1 confirme au Monde, « Le problème, c’est que Morandini pèse vraiment lourd dans l’audience d’Europe 1, qui est en difficulté. S’en séparer est une grosse galère, d’autant que le mercato est déjà fini ».

Des castings réalisés à Europe 1 ?

Version de certains acteurs : plusieurs comédiens ont expliqué avoir passé leur casting dans les locaux d’Europe 1 ce qui n’était pas autorisé par la direction de la station.   

Version de Jean-Marc Morandini : il dément : “on dit que les castings ont eu lieu à Europe 1. Vous l’avez tous repris. C’est faux. Ils ont eu lieu dans ma société de production, ce qui prouve d’ailleurs que tout cela était bien fait dans un cadre professionnel”.

Problème : il est difficile de savoir qui a tort et qui a raison.. C’est donc du parole contre parole entre certains comédiens et l’animateur producteur.

Une proximité trouble entre Marc-Olivier Fogiel et Matthieu Pigasse

Version de Jean-Marc Morandini : Durant sa conférence de presse, Jean-Marc Morandini s’est dit victime de chantage de la part de Marc-Olivier Fogiel. Le présentateur de France 3 aurait menacé Jean-Marc Morandini de poursuites s’il n’arrêtait pas de diffuser les mauvaises audiences de l’émission, Le Divan sur son blog. Pour étayer sa thèse, l’animateur de NRJ 12 met en avant la proximité entre Marc-Olivier Fogiel et Matthieu Pigasse : “Il a fait tourner tous ses réseaux pour me descendre. Vous vous êtes peut-être demandé pourquoi cette enquête sortait dans les Inrocks, alors que ce n’est pas le genre du magazine. Eh bien tiens donc, ce magazine appartient à Matthieu Pigasse, qui n’est autre que l’associé de Marc-Olivier, et ils travaillent depuis longtemps ensemble. Ils ont d’ailleurs fait écrire dans un site où ils ont mis de l’argent, Les Jours, que la rédaction d’iTELE ne voulait pas travailler avec moi

Version de Marc-Olivier Fogiel : L’animateur de RTL et de France 3 nie en bloc ces accusations. Dans une interview au Parisien, il explique « ne pas avoir vu [Matthieu Pigasse] depuis trois ou quatre ans”. Dans une interview à Buzz Feed, Marc-Olivier Fogiel précise son lien avec le banquier d’affaire. «Je ne suis absolument pas associé à lui, notre projet ne s’est jamais fait. J’ai en effet investi 20 ou 25.000 euros pour Les Jours, mais je ne savais même pas à l’époque que Pigasse faisait partie des investisseurs.»

Problème : Matthieu Pigasse est bien l’actionnaire du magazine Les Inrockuptibles mais rien ne prouve qu’il ait transmis des consignes sur cette affaire surtout que l’homme est plutôt connu pour être discret. Pour étayer son argumentaire, Jean-Marc Morandini met en avant un article de Challenges datant de 2011. L’article assez ancien présentait le projet d’alliance entre Marc-Olivier Fogiel et Matthieu Pigasse au sein des Nouvelles éditions indépendantes lorsque l’animateur a quitté Europe 1. Ce projet selon les dires de Marc-Olivier Fogiel ne s’est pas concrétisé. Néanmoins, il montre la proximité entre les deux hommes. L’article étant assez ancien il est difficile de confirmer ou d’infirmer le fait que les deux hommes ne se sont pas vus depuis près de trois ans.        

Jonathan Louis, présenté comme un témoin bidon

Les faits :  Jonathan Louis a été présenté comme un des acteurs de la série lesfaucons.tv. Dans L’Obs ou Le Parisien, il a détaillé les conditions de travail et les clauses du contrat de la websérie. Le comédien reste fidèle à la version détaillée par Les Inrocks et dénonce le caractère sexuel de la série.

Version de Morandini : Jean-Marc Morandini a également tenu à répondre durant sa conférence à un acteur qui s’appelle Jonathan Louis, « qui vient se plaindre et qui parle partout ». « Jonathan Louis […] ne joue dans aucun épisode de la série. Il a fait un essai, il est venu, ça n’a pas convenu. Il est parti […] et aujourd’hui il témoigne sur les conditions de tournage. J’ai l’impression qu’on rêve ! ». Certes, il n’apparaît pas à l’écran, mais celui-ci affirme le contraire

Version de Jonathan Louis : En désaccord avec l’équipe de production, celui-ci indique avoir tourné sa scène dans l’épisode 3 pour ne pas gêner le script, et le reste des comédiens, mais avoue ne pas avoir été payé car il a refusé de signer son contrat (qui indiquait qu’il n’allait pas toucher d’argent pour son rôle, alors que le rôle était présenté comme étant rémunéré). Il n’apparaît pas dans le montage final de la série. Il compte porter plainte pour « harcèlement sexuel et travail dissimulé ».

Problème : Difficile de donner raison à l’un ou l’autre. C’est donc du parole contre parole entre le comédien et l’animateur mais il semble bien que le comédien s’est rendu sur les lieux de tournage.

Erreur probable de la journaliste des Inrocks sur l’âge d’un participant

Version de Jean-Marc Morandini : Selon l’animateur sur son blog, la journaliste des Inrockuptibles n’hésite pas à mentir dans ses articles pour le diffamer. Il l’accuse d’avoir transformé l’âge d’un jeune homme pour le faire devenir mineur sans autorisation parentale dans la seconde partie de son enquête.

Problème : Mathieu Thierry, un acteur de la web série ne serait pas né le 26 octobre 1998 comme Fanny Marlier l’a précisé dans son article mais bien le 26 octobre 1997 selon la copie de sa pièce d’identité publiée sur le blog de l’animateur. Or, une année de différence change tout car l’acteur aurait donc été majeur au moment du tournage et non mineur. Elle semble s’être trompée à cause de la fausse date de naissance présente sur la page Facebook de l’acteur. Cependant, tout le travail de la journaliste n’est pas à rejeter pour une erreur de date. Aucune autre information de son enquête n’a pour le moment été contestée par l’animateur ou ses proches.

Jean-Marc Morandini absent du tournage ?

Version de Jean-Marc Morandini : « Je n’étais pas sur les tournages de cette série. J’ai dû passer sur le premier pour leur offrir à déjeuner 30 minutes. Je n’étais sur aucun tournage de cette série.« 

Problème :  Jean-Marc Morandini a pourtant bien fait une apparition dans la série. Il incarne le président du club de foot dans le premier épisode lors d’une courte scène. Rappelons cependant que le tournage n’a pas été le problème, mais plutôt les castings, à en croire les témoignages de comédiens.

Morandini persona non grata à la rédaction d’iTELE ?

Les faits : Nous vous évoquions le duo Fogiel-Pigasse. Ces deux hommes ont, il y a deux mois, mis (de façon distincte, sans le savoir selon Fogiel) de l’argent dans un site internet, Les Jours. Or, ce site a révélé le fait que les salariés d’iTELE sont de plus en plus réticent à accueillir l’animateur dans leur rang.

La déclaration de Jean-Marc Morandini : Dans sa conférence, Morandini se demandait si Fogiel n’avait pas demandé à la rédaction du site d’écrire un faux papier afin de le déstabiliser :« C’est d’ailleurs, encore par hasard, ce site qui propage par exemple la rumeur, selon laquelle, depuis cette affaire la rédaction de iTELE ne veut plus de moi… »

Problème : La rédaction n’a jamais voulu de Morandini. En effet, dès l’annonce de l’arrivée de l’animateur, la rédaction s’est montrée très craintive à l’idée de voir quelqu’un qui n’a que les mots “buzz” et “téléréalité” dans la tête sur une chaîne d’information.

Un employé de la chaîne, joint par L’Express, explique: « Il y a deux types de réactions: ceux qui tombent des nues et qui ne veulent pas travailler avec lui. Et les autres, qui le connaissaient déjà un peu… Il est très ami avec Bolloré, et on imagine mal qu’il va le lâcher ». Et ajoute « pour certains qui hésitaient à partir, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase ».

Ne Zappez Pas Production n’est pas une si petite société de production

Version de Jean-Marc Morandini : L’animateur expliquait lors de sa conférence de presse que sa société de production « Ne zappez pas » était « une petite société de prod’« . Et qu’ils travaillaient souvent « de façon artisanale« .

Problème : il est vrai que la société de production de Jean-Marc Morandini fonctionne avec aucun salarié mais elle est responsable de la production de nombreux programmes pour NRJ 12. Or, produire pour une chaîne de la TNT un certains nombres de prime-times dont Crimes, Scandales ou encore l’émission l’envers du décor, qui devrait arriver à l’antenne à la rentrée, nécessite un certain savoir faire et des budgets assez élevés. De plus, cette même société produisait l’ancienne quotidienne de NRJ 12, Vous êtes en direct. On n’a donc du mal croire Jean-Marc Morandini sur ce point surtout que sa société existe depuis 2012 ce qui lui a laissé le temps de se développer.

Les Inrockuptibles, l’actualité des médias partie intégrante de la ligne éditoriale du magazine

Version de Jean-Marc Morandini : l’animateur a insinué que le magazine n’avait pas l’habitude de traiter l’actualité des médias et que l’enquête sur lui était uniquement un règlement de compte personnel : « Vous vous êtes peut-être demandé pourquoi cette enquête sortait dans les Inrocks car cela ne correspond en rien à la ligne éditoriale de ce magazine ».
Problème : Ce n’est pas la première enquête du magazine sur le petit monde des médias. Des journalistes des Inrocks ont par exemple déjà enquêté sur la fin du Petit Journal de Canal+ ou interviewé Léa Salamé dans des précédents numéros.  

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Par Louis Dufossé et Romain Gaspar
Image de une : GEOFFROY VAN DER HASSELT (© AFP)

 

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