C’était il y a 25 ans, le 31 août 1997, que nous quittait Lady Diana, princesse de Galles, à la suite d’un accident de voiture survenu sous le pont de l’Alma alors qu’elle tentait d’échapper aux paparazzis. Son décès a plongé le Royaume-Uni dans une tristesse profonde, elle qui était si aimée par son peuple. 25 ans plus tard, l’amour que lui porte les gens n’a pas changé.
26 août 2022. Le pont de l’Alma est devenu un lieu de commémoration figé dans le temps : chaque jour, des touristes viennent voir le lieu qui leur a pris leur princesse comme c’est le cas aujourd’hui. Chacun veut sa photo avec le pont, chacun veut prendre le temps d’imaginer l’accident, d’imaginer où serait Lady Diana si les choses s’étaient déroulées autrement.
Les 29 degrés au soleil commencent à se faire ressentir après 30 minutes à photographier la place et à se perdre dans le temps. C’est finalement l’occasion de discuter avec les gens présents sur place. Certains font le tour de la Flamme de l’Alma, devenue une véritable stèle commémorative pour la princesse. Beaucoup restent de longues minutes, se perdent dans leurs pensées, se remémorent où ils étaient et ce qu’ils faisaient au moment du drame.
Devant la stèle où s’accumulent les photos commémoratives et les fleurs, Mary, 63 ans, essuie ses larmes en silence. Elle est en voyage avec son ami Phoebe, 61 ans et passe quelques jours à Paris. Très émue, elle nous confie être une habituée de la place, elle qui est pourtant anglaise. « Je viens toujours ici lorsque je viens à Paris, toujours » affirme-t-elle entre deux sanglots. Pour comprendre son émotion, être anglais n’est pas nécessaire, il suffit d’être humain. Les deux sexagénaires nous parlent de la princesse, de ce qu’elle représentait pour deux anglaises alors âgées de 38 et 36 ans au moment du drame. Alors que nous nous appuyons sur la balustrade du pont, un message écrit au marqueur noir attire notre attention, ce dernier, mélangé à d’autres messages bien plus anciens, date du jour précèdent notre venue. L’encre se dissipe quelque peu sur le marbre mais il est possible d’y lire en anglais : « Chère Diana, cela fait bientôt 25 ans que vous êtes décédée, même si vous n’êtes plus de ce monde nous nous souvenons de votre beau sourire, votre travail caritatif, la bravoure dont vous faisiez preuve et le fait que vous étiez une personne tellement bienveillante. A ce jour, vous êtes toujours une inspiration pour tant de personnes. Je vous aime tant. Reposez en paix. » Un message signé Lorena. Mary esquisse un sourire à la lecture du message affectueux .
» Le fait que les gens continuent de venir 25 ans plus tard veut tout dire de ce qu’elle représentait pour eux. »
Mary
Ce jour-là, les touristes anglais ne sont pas les seuls présents sur place. Il est 14h30 lorsqu’un homme dans la soixantaine apparait sur un vélo rouillé, lourdement chargé. Intrigués, nous nous approchons de l’homme qui décharge sa monture. Dans une bâche qu’il déplie avec beaucoup d’attention, se trouvent des affiches sur lesquelles sont collées des photos à l’effigie de la princesse. Sans se poser de questions, il enjambe la chaine sous la flamme de l’Alma pour y déposer, toujours avec grande délicatesse, ses pancartes faites à la main. L’homme en question s’appelle Lionel, c’est un retraité français de 62 ans qui possède un appartement dans le quartier. Nous l’interrogeons sur les raisons de son implication personnelle avec la princesse lorsqu’il nous apprends qu’il ne la connait pas si bien que ça. Etrange pour quelqu’un qui vient lui consacrer une heure entière là où d’autres ne donnent que quelques minutes de leur temps. En réalité, il est venu pour rendre service à une amie anglaise, Jenny, qui voue une grande affection à la famille royale et à Lady Diana. Il connait l’importance de cette dernière pour son amie et a donc prit la peine de venir en son honneur « je le fais pour Jenny… et pour Lady Diana ! » nous dit-il avec le plus grand des sourires.
Quelques minutes plus tard, ce sont une femme anglaise et sa fille qui s’approchent de la stèle commémoratrice, Martha, 42 ans, explique rigoureusement à sa fille, Emma, 8 ans, qui est « la femme sur la photo » comme le dit Emma d’un air curieux, et répond à chacune de ses questions. Une scène qui s’est reproduit plusieurs fois pendant ces deux dernières heures avec tant d’autres familles et qui atteste de la volonté des anglais à garder dans les mémoires, celle qui fut et qui reste aujourd’hui encore, une des membres les plus appréciées de la famille royale.
Il est désormais 16h et notre temps sur place est écoulé, parallèlement à celui de ce pont ou le temps est comme figé. En tout cas, une chose est certaine : 25 ans après sa mort, la mémoire de Lady Diana est intacte. La princesse captive toujours autant son peuple et les anglais s’étant donner pour mission de partager sa mémoire avec leurs enfants, celle que l’on surnommait affectueusement « Lady Di » a encore de belles années devant elle.