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Naissance d’un état djihadiste en Irak

Après avoir pris le contrôle de Fallouja et des secteurs de Ramadi, à l’ouest de Bagdad, l’Etat Islamique en Irak et au Levant (EIIL) a annoncé la création d’un état djihadiste à cheval sur la Syrie et l’Irak. Une première qui pourrait avoir de sérieuses conséquences, non seulement pour la région mais aussi sur la scène internationale.

Profitant de l’affaiblissement, voire de l’éclatement, de la Syrie (en guerre civile depuis 2011) et de l’Irak (amoindri politiquement depuis 2003 et la guerre voulue par Goerge W. Bush), le groupe djihadiste EIIL (l’Etat islamique en Irak et au Levant) agrandi son territoire d’influence à grand renfort de raids meurtriers. Cette organisation terroriste radicale, fondée en 2007 et dirigée Abou Bakr Al-Baghdadi, s’était d’ailleurs fixée comme objectif de créer un Etat islamique. Aujourd’hui c’est chose faite, et ce grâce à une force de frappe décisive : environ  5 000 à 6 000 combattants en Irak et de 6 000 à 7 000 en Syrie, selon les estimations de Charles Lister, chercheur au Brookings Doha Centre, datées de 2014. L’EIIL supplante même Al-Qaida en puissance de feu et en moyens financiers, ce qui lui a donc permis de modifier durablement la carte de la région et de récupérer une partie des provinces pétrolières.

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Afin de se défendre face à cet envahisseur, le gouvernement irakien a donc annoncé qu’il fournirait des armes à tous les citoyens qui se porteraient volontaires pour prêter main forte à une armée nationale quelque peu en déroute. Et a aussi appelé le Parlement à décréter « l’état d’urgence ». Rien de bon à l’horizon…

Inquiétude mondiale

L’avancée des troupes d’Al-Baghdadi, qui se sont emparées de Mossoul hier, donne des sueurs froides aux dirigeants des pays alentours. « Le terrorisme soutenu par l’étranger auquel fait face l’Irak frère est le même qui sévit en Syrie », a assuré mercredi le régime de Damas, qui s’est également dit « prêt à coopérer avec l’Irak pour faire face au terrorisme, cet ennemi commun ». Il faut dire que le président syrien Bachar el-Assad –réélu le 3 juin dernier avec 88,7% des suffrages– est de confession alaouite, une branche du chiisme, grand ennemi du salafisme, mouvement sunnite dont se revendique EIIL.

Mais il n’y a pas que les voisins de ce « Djihadistan » qui s’alarment de cette domination EIIL au Proche-Orient : les Etats-Unis ont promis mercredi d’aider militairement l’Irak pour tenter de maîtriser une hypothétique agression de ces ultras islamistes.La porte-parole du département d’Etat, Jennifer Psaki, a également annoncé « une augmentation de l’assistance » américaine. Et, lors d’une conférence à Washington, Susan Rice, conseillère à la sécurité nationale du président Barack Obama, a certifié que la première puissance mondiale feraient « davantage pour renforcer la capacité de [ses] partenaires à vaincre la menace terroriste en leur fournissant formation, équipement et appui nécessaire ». Mardi, le Pentagone avait rappelé que l’armée américaine continuait de former les forces irakiennes à des missions antiterroristes. Toutefois, l’Oncle Sam ne prévoit pas d’envoyer des troupes supplémentaires en Irak, selon Jennifer Psaki. Le dernier soldat américain avait quitté le sol irakien le 31 décembre 2011, au terme d’un très long et très lourd engagement militaire américain de huit ans.

Quant aux chefs d’Etats européens, aucun n’a encore, à cette heure réagi. Mais il ne devrait pas manquer de le faire tant la lutte contre le terrorisme est leur nouveau cheval de bataille. Pour exemple, plus de 700 Français sont partis combattre en Syrie ces derniers mois et la récente tuerie au musée juif de Bruxelles a mis en lumière la radicalisation de certains citoyens européens. Pour qui ce nouvel état djihadiste serait un parfait centre de formation.

Vers une crise humanitaire

De plus, les violences perpétrées ces derniers jours par EIIL ont conduit à « un déplacement de plus de 500.000 personnes à l’intérieur et autour de la ville » (qui compte habituellement deux millions d’habitant), a indiqué hier l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Celle-ci fait également état d’« un nombre important de victimes parmi les civils », ajoutant que le centre de soins principal de la ville est dorénavant « inaccessible car situé en plein dans une zone des combats ». Exode, manque de soin et peut-être bientôt famine et pénurie sanitaire dû à son isolement … Une nouvelle crise semble se profiler. Et on dirait bien qu’elle inaugure de nombreux changements géopolitiques profonds, mais pas seulement au Proche-Orient.

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