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Le séisme Nemmouche

Mehdi Nemmouche a décidé de se pourvoir en cassation pour éviter d’être jugé en Belgique. Retour sur son parcours et la vague qu’il a provoqué en France, alors qu’il sera bientôt jugé.

 A l’approche de son procès, l’avocat de Nemmouche le décrivait comme « serein ». Une demi surprise si on observe le parcours de celui qui est soupçonné d’avoir tué 4 personnes de sang froid le 24 mai 2014, évènement desormais tristement célèbre sous le nom de « tuerie de Bruxelles ». Si sa culpabilité n’est pas encore reconnue officiellement,  tout accuse le jeune homme : les caméras de vidéo surveillance permettent d’identifier ses armes et sa casquette, sans même évoquer la ressemblance physique évidente. Sans oublier la vidéo amateur réalisée par le tueur, filmant et revendiquant ses meurtres, avec là encore une voix off qui rappelle celle du suspect.

Des airs de déjà vu

Très peu de doutes donc sur l’issue de ce procès : Mehdi Nemmouche sera très probablement jugé coupable. Le mode d’action fait clairement penser à celui de Mohamed Merah.  Ce dernier a payé de sa vie pour échapper à la justice, contrairement au cas présent. C’est peut être la grande différence, car les similitudes sont frappantes. Un parcours chaotique marqué par l’absence de ses parents dès ses premiers printemps. Un échec sur le plan scolaire qui le mène à la délinquance multi-récidiviste. C’est tout naturellement qu’il effectue son premier séjour à l’ombre à 16 ans seulement. Finalement exclu du système suite à ses braquages, violences et autres délits, il finira par se radicaliser durant ses derniers passages en prison, pour rejoindre un réseau djihadiste et séjourne dans l’Etat islamique en Irak et au Levant. La suite est sanglante, le crime s’inscrit clairement dans un contexte de haine religieuse, et l’Europe est choquée. Comment le cauchemar Merah peut-il se reproduire 2 ans plus tard à peine ? Cette fusillade n’a pas eu lieu en France, et pourtant les craintes sur l’insécurité concernent bel et bien notre pays.

nemmouche

Les personnes s’engageant pour le djihad sont de plus en plus nombreuses, souvent dans des pays islamiques d’Asie mineure. Généralement très jeunes, ils se radicalisent à une vitesse incroyable et effectuent des voyages. Leurs parcours peuvent souvent être rapprochés : le plus classique, qui se vérifie dans le cas Nemmouche, est le passage en prison, qui devient de plus en plus un véritable tremplin vers la guerre religieuse. D’autres souffrent simplement de problèmes liés à leur enfance. Mais si ce profil est désormais connu, les services de renseignements français sont mis en cause. Comment l’auteur de la tuerie de Bruxelles a-t-il pu leur échapper ? Il a respecté à la lettre le cheminement pour devenir ce type de tueur. Lorsqu’il est détenu, son comportement devient de plus en plus alarmant et lui vaut une place en quartier disciplinaire puis en isolement. La religion devient alors son unique préoccupation. Sorti de prison le 4 décembre 2012, il quitte le territoire français quelques semaines plus tard, le 31 décembre, profitant sans doute des festivités pour passer inaperçu.

Il rejoint la Turquie en passant par plusieurs pays européens et est alors soupçonné d’avoir franchi la frontière pour vivre environ un an en Syrie. Ses mouvements ne sont pas tous connus, et il est enregistré sur le fichier Schengen dès décembre 2012, ce qui signifie qu’il est recherché. Repéré ici et là,  il n’est jamais arrêté pour autant et passe toujours entre les mailles du filet malgré un grand nombre de frontières traversées.

Un malaise traduit

D’autres problèmes de société sont évidemment soulignés par cette anemffaire. Le plus flagrant concerne la radicalisation islamiste présente dans certaines maisons d’arrêt françaises. Déjà à la base des tueries de Mohamed Merah, le sujet était très évoqué dès 2012. Le phénomène est donc connu, des autorités comme du grand public. Pourtant, la situation ne semble pas s’améliorer. Pire encore, la reproduction quasiment à l’identique des meurtres visant particulièrement les personnes de confession juive fait peur et induit que cela pourrait avoir lieu n’importe quand. Une idée insupportable. Enfin, si on peut considérer que les actes du franco-algérien sont en grande partie expliqués par son enfance chaotique, les anciens problèmes d’intégration resurgissent. Son attitude, dont témoigne son interminable casier judiciaire, traduit un sentiment de rejet. Certes, il ne faut pas tout remettre sur le dos des vieux démons. Mais force est de constater que le contexte actuel n’a pas aidé, au regard des crimes commis qui s’inscrivent dans la lignée du communautarisme.

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