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Nétanyahou appelle les juifs d’Europe à émigrer en Israël

Le Premier ministre israélien n’a pas attendu longtemps pour y aller de sa petite déclaration après les attentats perpétrés à Copenhague le dimanche 15 février. Dans des termes très proches de ceux utilisés début janvier après l’attaque contre Charlie Hebdo et une supérette casher, Benjamin Nétanyahou a appelé à une « émigration massive » des juifs d’Europe vers Israël. Comme un parfum de récupération politique. Responsables politiques français et autorités juives expriment leur désaccord.

 « Aux Juifs d’Europe, comme à ceux du monde entier, je peux dire qu’Israël vous attend les bras ouverts », voilà comment Nétanyahou a réagi à l’attaque terroriste danoise ayant notamment tué un jeune juif posté devant une synagogue. Affirmant d’ores et déjà la culpabilité d’un islamisme radical alors que l’enquête n’a encore établi aucune revendication, le responsable israélien a mise en garde ses compatriotes juifs européens : « le terrorisme islamique vient encore de frapper en Europe et cette vague de terreur va se poursuivre ». Discours volontairement alarmiste qui répond à des enjeux électoraux.

Faire son marché pendant une campagne électorale

Si Benjamin Nétanyahou fait preuve d’autant d’ardeur dans sa vindicte et dans son invitation, c’est que ces attentats surviennent en pleine campagne électorale pour les législatives du 17 mars. Dès lors, le conseil des ministres israélien a d’ores et déjà mis en place un plan destiné à encourager l’immigration de juifs venant de France, d’Ukraine et de Belgique. Trois pays stratégiques : La France et la Belgique, à cause d’attentats récents visant la population juive ; l’Ukraine,  parce que la guerre qui sévit l’est du pays et les difficultés économiques qui en découlent génèrent les conditions propices à l’aliyah (l’immigration en Terre sainte par un juif).

Le plan interministériel s’élève à 40 millions d’euros, en plus des moyens déjà existants. Car l’accueil de juifs européens possède un enjeu sous-jacent, peut être plus important pour Nétanyahou que celui de sauver ses frères européens : l’enjeu démographique. Sans l’apport de l’immigration, la situation démographique d’Israël risque de basculer en faveur des populations non-juives. Danger inacceptable pour un dirigeant qui a défendu corps et âme fin novembre 2014 un projet de loi visant à renforcer le caractère juif d’un État qu’il souhaite voir prendre le nouveau qualificatif d’ « Etat national du peuple juif ». Il n’est pas éronné de penser que, dans l’esprit du Premier ministre, les émigrants doivent venir pour leur avenir mais aussi pour son propre avenir politique.

La France, terre d’émigration juive

L’aliyah en France a connu un bond spectaculaire en 2014. Avec  7 000 départs en direction d’Israël, l’Hexagone  est devenu le premier pays du monde au niveau de cette pratique religio-émigrante. Les évènements de ce début d’année vont sans aucun doute gonfler encore ce chiffre comme le confirme Yigal Palmor, porte-parole de l’Agence juive : « On assiste à une augmentation dramatique des appels, des demandes d’informations, des inscriptions aux soirées organisées par l’Agence juive ».

Nouvel étendard des juifs européens

Nouvel étendard des juifs européens

Mais nombre de représentants de la communauté juive européenne sont gênés par cette vague de départ et par les propos de Nétanyahou. Le grand  rabbin Jair Melchior, plus haute autorité dans la communauté juive danoise, a ainsi exprimé sa « déception » en écoutant le discours du Premier ministre. Avant d’ajouter : « Si notre façon d’affronter la terreur est de nous enfuir quelque part, alors nous devrions tous partir sur une île déserte ». Roger Cukierman, dirigeant du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) a également pris ses distances avec les propos du Premier ministre israélien : « Ceux qui prennent la décision de partir vers Israël, nous ne pouvons que respecter leur décision. Mais nous estimons que nous devons combattre en France contre tous les ennemis du judaïsme ».

Valls et Hollande critiquent Nétanyahou

La classe politique française s’est montrée elle aussi peu enthousiasmée par le son de cloche israélien. En tête, Manuel Valls a voulu se montrer ferme : « Je regrette (…) les propos de Benjamin Nétanyahou. Quand on est en campagne électorale, ça ne veut pas dire s’autoriser n’importe quelle déclaration. La place des Français juifs, c’est la France ».

hollande valls

Alors que François Hollande a martelé que les juifs ont « leur place en Europe et en particulier en France », Manuel Valls a une nouvelle fois déclaré sa flamme à la communauté juive : « Mon message aux Français juifs est le suivant: la France est blessée comme vous, et la France ne veut pas votre départ. Elle vous dit une nouvelle fois son amour, son soutien et sa solidarité. Cet amour est bien plus fort que les actes de haine, fussent-ils répétés ».

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