Ce sont les mots de son avocat Frank Berton. Hier, la Cour d’assises du Nord a condamné Dominique Cottrez, 51 ans, à neuf d’emprisonnement, après six jours d’audience largement médiatisés.
Pour rappel, la quinquagénaire avait entre 1989 et 2000 accouché de huit bébés qu’elle avait étranglés puis entreposés chez elle, sans jamais alerter qui que ce soit. Deux bébés avaient été retrouvés en juillet 2010 enterrés dans le jardin des parents de l’accusée.
Une sentence modeste
Cette peine est relativement clémente comparée à celle encourue pour ce genre de crime (la réclusion criminelle à perpétuité), et ce qu’avait requis l’avocat général jeudi, à savoir 18 ans de prison, soit le double de la sentence finale.
La circonstance atténuante qui a joué dans la diminution de la peine se fonde sur l’article 121-1 du Code pénal, qui dispose que « nul n’est responsable pénalement que de son propre fait ». En l’occurence, il a été reconnu par les juges que le discernement de Mme Cottrez était altéré à l’époque des faits.
Ayant déjà passé deux ans en détention provisoire et jugée par les experts à l’unanimité comme n’étant plus d’aucun danger pour la société, Dominique Cottrez pourra demander une mise sous liberté conditionnelle d’ici quelques mois.
« Aucun plaisir pervers ou sadique »
Les juges et les jurés de la Cour d’assise du Nord ont pu apprendre à comprendre la psychologie de l’accusée. Une femme très seule pendant bien que mariée et mère de deux grandes filles, qui pour expliquer son geste avait menti devant la cour, arguant qu’un inceste commis par son père à son encontre lorsqu’elle était petite l’aurait détruite intérieurement.
Si l’accusation invoquait que cet octuple infanticide était dans l’absolu un crime d’une horreur inexprimable, le jury et les juges ont eux considéré, notamment grâce à l’avis des experts psychiatres, qu’étrangler ses enfants n’avait procuré à Dominique Cottrez « aucun plaisir pervers ou sadique ». D’après ses dires, la prévenue se levait la nuit en hiver pour couvrir les cadavres avec une couverture.
Pas d’appel à venir
Chacune des parties semble satisfaite de la décision. L’avocat de Mme Cottrez est le premier à saluer « une victoire pour la justice », tandis que ni le ministère public ni les associations parties civiles n’estiment nécessaire de poursuivre en appel. « Ce n’est ni un monstre, ni une victime » a déclaré Me Costantino, avocat de l’association Enfance et partage. Quant aux filles de la désormais détenue, elles souhaitent recréer un lien fort avec leur mère. « Elle ne sera plus jamais seule » ont-elles lâché, entre deux sanglots de soulagement.