Fruit des savoir-faire conjugués de Level-5 et d’anciens talents du studio Ghibli, Ni no Kuni 2 : L’avènement d’un nouveau royaume offre un conte chatoyant et apaisé.
Ni no Kuni 2 nous propose d’incarner Roland, président d’une nation imaginaire qui se retrouve précipité dans un monde parallèle après un mystérieux attentat. Atterrissant dans le château de Carabas en proie à un putsch, notre héros va devoir escorter le jeune prince Evan à travers champs pour échapper à l’infâme Ratoléon. Voyant le monde de ses propres yeux, Evan part en quête de terres vierges pour construire un nouveau royaume aux « millions de sourires » baptisé Espérance. Les vieux pots, les meilleures soupes, vous-mêmes vous savez.
Mon royaume pour un paillasson
La proposition de Ni no Kuni 2 livre un action-RPG tout ce qu’il y a de plus classique : carte du monde à l’ancienne, donjons en couloir, combats en temps réel, explosions de lumières à chaque attaque, objets à foison… Autant dire que les amateurs du genre (et plus spécifiquement de la licence Tales of) se trouveront très vite en terrain connu, tandis que les nouveaux arrivants pourront s’initier sans forcer à un cocktail de mécaniques plutôt exhaustif.
S’ils flattent la rétine, les combats n’en demeurent pas moins un joyeux bazar. Commençons par dire que le joueur peut s’équiper de trois armes, dont chacune dispose d’une jauge d’énergie précise qui se remplit au fil des coups. Une fois remplie, cette même jauge donne droit à un bonus de puissance et permet d’exécuter un sort gratuit. On sera également assisté par des petits lutins élémentaires : les mousses. On peut en ajouter jusqu’à quatre, chacun disposant de facultés spéciales (sorts de soins, attaques de zone, buffs, etc.). Parfois, un de vos mousses formera un cercle avec ses petits potes : il vous suffira d’appuyer sur Croix à proximité pour qu’ils déclenchent leur super-sort sans se faire prier.
Quand il ne vous arrose pas de bonus en tous genres, Ni no Kuni 2 reste d’une facilité déconcertante. La prise en main est quasi-immédiate, la maniabilité est très permissive, et jamais un ennemi ne viendra tester votre maîtrise du système. On se contentera donc de changer d’arme en fonction des faiblesses des monstres selon la situation, tout en gardant un oeil sur les charges pour gérer sa jauge de mana. Ça ne va pas chercher très loin, mais c’est juste assez pour vous maintenir éveillé sur la trentaine d’heures que compte l’aventure principale.
Evan tout-puissant
Parce qu’Espérance ne se construit pas en un jour, vous devrez bâtir et consolider votre royaume dans un système de base qui convoque directement les mécaniques de recrutement d’un Suikoden. On construit ses bâtiments un par un (atelier de magie, boutique, forge, restaurant…) pour ensuite y assigner des personnages qu’on aura recruté. Chaque équipe de personnages pourra alors mener des recherches propres à son domaine d’activité. À la manière d’un Clash of Clans vous pourrez accélérer les travaux avec les réserves du royaume, mais on vous recommande plutôt de capitaliser sur les spécialités de chaque recrue.
Des batailles simplistes à la Pikmin vous permettront d’augmenter le niveau de vos troupes et de conquérir des nouvelles terres. Chaque général dispose d’attaques spéciales et se voit alloué d’un type d’armes en pierre-feuille-ciseau (épées-haches-lances) à exploiter en combat. Ne vous attendez pas à y trouver la complexité des city builders ou des jeux de stratégie qu’affectionnent les PCistes mal rasés : Ni no Kuni 2 reste un jeu accessible, mais le système laisse suffisamment de marge au joueur pour amuser. Outre son exécution au final assez brouillonne, l’intégration de ce mode à un récit profondément pacifiste n’est au final pas des plus pertinentes.
L’univers sera enfin approfondi par le Mécabook, sorte de réseau social où l’on pourra consulter des bulletins d’information sur des évènements importants de l’aventure, parfois affublés de commentaires savoureux – profitons-en pour saluer la qualité de l’adaptation, pleine de calembours et références malicieuses sans pour autant trahir la vraisemblance de l’univers du jeu. Certaines quêtes annexes sont cachées dans le lot, donc n’hésitez pas à consulter ce carnet régulièrement !
Miyaz-à qui le tour ?
Si le studio Ghibli a entretemps cassé sa pipe, le character designer Yoshiyuki Momose a repris du service pour dessiner les contours d’une direction artistique à tomber par terre. Sans trop se tromper, on peut affirmer que Ni no Kuni 2 installe un nouveau plafond pour le cel-shading. La rondeur du trait et la douceur des teintes suscitent un émerveillement de chaque instant, d’autant que le titre affiche une stabilité irréprochable même dans les environnements les plus foisonnants. On se surprend à arpenter les décors pour observer la trogne de chaque villageois, ausculter les architectures… Cette magie s’évanouit hélas bien vite lors qu’on pose le premier pied sur la mappemonde. Le cel-shading enchanteur est éclipsé par des décors ternes qu’on croirait tirés d’un free-to-play bradé sur iOS. Un comble !
Saluons enfin Joe Hisaishi, compositeur chéri de Hayao Miyazaki et Takeshi Kitano qu’on sent quand même un peu en pilote automatique, d’autant que la bande-son n’est pas très variée. On ne le remerciera jamais assez d’avoir composé cette fois un thème de combat galvanisant, corrigeant avec brio le principal défaut du premier opus.
Celles et ceux qui auront battu le pavé du RPG japonais pourront reprocher à Ni no Kuni 2 sa candeur assumée, sa narration sans surprise et son manque de difficulté. Ce serait oublier que certaines promenades de santé n’ont rien à envier aux sentiers les plus escarpés. Le titre de Level-5 et Bandai Namco épouse ainsi les conventions du conte et offre une expérience qui, si elle brosse parfois un peu trop son public dans le sens du poil, demeure fondamentalement plaisante. Un incontournable pour qui voudra s’initier au RPG japonais en toute sérénité. En un mot : un jeu qui vous veut du bien.
Test réalisé sur PlayStation 4 (version éditeur)