Trois ans après la parution d’Hana ni Tohitama e au Japon, Akira Sazô revient en France avec la traduction de Nos yeux fermés, à paraître de mercredi 12 avril dans la collection Pika Graphic. Une réflexion habile sur le handicap, dépeinte par les traits simples du mangaka.
Un père alcoolique, une mère absente, et les petits boulots qui s’enchaînent… La vie de la jeune Chihaya est loin d’être enchanteresse. La demoiselle multiplie les mésaventures et les accès de colère, jusqu’au jour où elle heurte la canne d’Ichitarô, un jeune aveugle de son quartier.
De nature diamétralement opposée à Chihaya, Ichitarô est intrigué. À compter de cet instant, le non-voyant fera tout son possible égayer la vie de l’adolescente, et lui ouvrir les yeux sur un autre monde.
D’une fraîcheur bienvenue, Nos yeux fermés est un appel à la tolérance. Au-delà de la cécité, on y découvre que l’handicap n’est pas nécessairement palpable, et on se prend à questionner nos évidences au travers des 280 pages. Les traits simples d’Akira Sasô, la philosophie des personnages nous poussent à nous laisser porter par l’instant, à poser son regard quelques secondes de plus sur les autres.
Relire : Lastman, le phénomène transmédia francophone
Succès indéniable au Soleil-Levant, Nos yeux fermés s’inscrit dans une lignée d’ouvrages évoquant le handicap au Japon. Parmi eux, L’Orchestre des doigts d’Osamu Yamamoto avait ouvert le bal en 1991. Dans la même veine, Yoshitoki Ōima connaît une certaine réussite en France avec A Silent Voice, revenant elle aussi sur la surdité. Le manga sera adapté au cinéma par Kyoto Animation.Nos yeux fermés a donc toute sa place dans l’univers de la bande-dessinée. Accessible à tous, il conforte l’auteur dans son parcours atypique.
Méconnu en France, Akira Sasô est pourtant primé à de nombreuses reprises au Japon. Après une enfance passée en Inde, rien ne le prédestinait au dessin. La découverte de Katsuhiro Ôtomo et Fumiko Takano*, lors de ses études de littérature, en décidera autrement.
Ses oeuvres, telles Shindô (L’Enfant Prodige, 1997) et Toto no Sekai (Le Monde de Toto, 1999) sont portées au cinéma et sur la NHK, principale chaîne de télévision nippone. Akira est professeur de manga à l’Université Seika de Kyōto, depuis 2006.