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Notre Dame : « Ce chantier doit être une vitrine de l’excellence française ».

Rapporteur du projet de loi pour la reconstruction de Notre-Dame de Paris, la députée LREM du Rhône Anne Brugnera fait le point sur les propositions du gouvernement pour mener à bien « le chantier du siècle ». Elle est sur VL. 

VL : Par le passé, la France a eu d’autres chantiers importants comme la rénovation de la Coupole des Invalides ou la cathédrale de Strasbourg qui n’ont pas fait l’objet d’une loi spéciale. Pourquoi celui de Notre-Dame devait être encadré par un nouveau texte ? 

Anne Brugnera (AB) : « Cette loi est partie de l’émoi national et international. Face à l’affluence des dons, plusieurs arnaques ont été dénoncés. La loi que nous proposons a principalement trois objectifs : accompagner et sécuriser le transfert des dons vers l’Etat, au travers de la souscription nationale lancée par le Président de la République. Nous voulons aussi assurer la transparence de leur utilisation. Pour cela, un comité de suivi, un établissement public et des dérogations spéciales vont voir le jour. Notre-Dame de Paris est  le monument le plus visité en Europe avec 13 millions de visiteurs par an. C’est aussi un emblème de la France, un chef d’œuvre gothique, un lieu de culte, un lieu de rassemblement national ».

VL : Concrètement, comment comptez-vous garantir la bonne utilisation des dons et ceux récoltés sur des plateformes comme Leetchi vont-ils être pris en compte ? 

AB : « Le comité de suivi sera présidé par le président de la cour des Comptes, Didier Migaud. Il aura toute visibilité sur le montant des dons et les transferts à l’Etat. L’Etablissement public qui va gérer les travaux sera lui aussi sous surveillance : ses comptes seront publics et il informera des travaux qu’il mène. A l’heure actuelle, la récupération des dons sur les plateformes modernes n’est pas prévue dans la loi. Les fondations, dont c’est la spécialité, sont en lien avec elles pour faire en sorte que leurs dons puissent servir à la reconstruction de la cathédrale ».

« Le chantier se met en place : les vitraux latéraux ont été retirés pour installer un plancher haut, sous la voûte endommagé ».

VL : Nous sommes actuellement dans la phase de sécurisation de la Cathédrale. Quelles sont les étapes suivantes envisagées par le gouvernement ? 

AB : « Pour le moment, la sécurisation et l’enquête sont les priorités. La cathédrale vient d’être bâchée et les piliers sont cerclés pour éviter qu’ils ne s’effritent. En fin de semaine dernière, les ouvriers terminaient la dépose des dernières statues et la nef n’est pas accessible. L’étape suivante sera le diagnostic : relever tout ce qui reste pour comparer avec la documentation disponible et voir ce qui a changé. Il n’y pas de date pour le début des travaux mais le chantier se met en place : les vitraux latéraux ont été retirés pour mettre un plancher haut, sous la voûte ». 

L’intérieur de la cathédrale Notre-Dame de Paris | Facebook Anne Brugnera
VL : Emmanuel Macron a annoncé qu’il souhaitait voir Notre-Dame reconstruite dans 5 ans. Dans votre loi, l’article 9 fait polémique. Il permettra des règles traditionnelles de l’urbanisation et de la construction. Les spécialistes sont en colère et dénoncent « une précipitation ». Que leur répondez-vous ? 

AB : « Tout d’abord, sur le délai de 5 ans, un objectif ambitieux est nécessaire pour se projeter dans le chantier. En fonction du diagnostic, l’on affinera mais l’architecte en chef de la cathédrale estime qu’une reconstruction en 5 ans est atteignable. L’autre sujet concerne les dérogations. Je comprends les inquiétudes car nous ne pouvons pas les lister précisément comme on ne connait pas l’état du bâtiment. Tout le monde s’imagine le pire mais nous ne dérogerons pas sur le patrimoine, sur la restauration en tant que telle. Le sujet des dérogations concerne l’organisation du chantier que nous voulons tous exemplaire. Par exemple, le code du patrimoine impose des fouilles sur les monuments historiques. Pour Notre-Dame, seul l’Institut National de fouilles archéologiques peut faire les fouilles donc l’appel d’offre est inutile. Pour cela, il faut une dérogation ».

« Une restauration à l’identique est impossible.
Tout le monde s’imagine le pire mais nous ne dérogerons pas sur le patrimoine, sur la restauration en tant que telle ».

VL : La cathédrale Notre-Dame de Paris sera-t-elle reconstruite à l’identique ? 

AB : « Nous voulons tous retrouver la cathédrale Notre-Dame. Une restauration à l’identique est impossible, irréelle. Tout d’abord, nous ne savons pas quel poids la structure fragilisée peut supporter. Ensuite, on ne retrouvera pas les mêmes matériaux et nos techniques sont, heureusement, plus modernes. Nous allons tout faire pour revoir la cathédrale comme le 15 avril au matin mais ce sera un débat d’experts. Je suis très confiante sur les propositions que les architectes feront ».

Un filet de sécurité est installé pour éviter que des débris chutent dans la Cathédrale | Facebook Anne Brugnera
VL : Comme Notre-Dame de Paris est la propriété de l’Etat, elle doit obéir aux règles des marchés publics. Vous allez faire des appels d’offres pour la restauration. Certaines entreprises s’inquiètent d’un appel à des sous-traitants peu qualifiés. Envisagez-vous des dispositions dérogatoires pour éviter la sous-traitance de mauvaise qualité, par exemple ?

AB : « Il y aura des appels d’offres pour les entreprises. J’entends les inquiétudes, que nous partageons tous ! Le sujet, c’est plutôt que ce chantier va faire appel à des métiers rares qui ne relèvent, peut-être, que d’une ou deux entreprises en France. Ce sont les métiers de la conservation et de la restauration du patrimoine. On sait que nous avons les compétences mais que nous allons manquer de bras ! Il y a un enjeu formation très important. C’est pourquoi, dans l’article 2 de la loi, nous prévoyons que les dons puissent aussi financer la formation ».

VL : Plus personnellement, estimez-vous que ce projet de loi est le dossier de votre mandature ? 

AB : « Je ne sais pas si c’est le dossier de ma mandature mais je suis très heureuse de le porter. Ce qui m’intéresse, c’est de faire d’un sinistre un sujet positif avec un chantier magnifique qui montrera l’excellence française en matière de restauration d’art ».

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