À partir de ce vendredi, Emmanuel Macron va recevoir les responsables de partis et de groupes parlementaires jusqu’à lundi pour désigner un Premier ministre et former un nouveau gouvernement.
Cela fait plus de six semaines après les élections législatives, que le chef de l’Etat n’a toujours pas désigné de Premier ministre. Une attente vivement critiquée par ses collègues de l’Assemblée. Alors que le Nouveau Front Populaire (NFP) est parvenu à s’accorder sur le nom de Lucie Castets en tant que candidate au poste, Emmanuel Macron ne l’avait pas accepté. Le chef de l’Etat avait alors affirmé que des discussions concernant la nomination du Premier ministre se tiendrait après les Jeux Olympiques.
L’absence de majorité évidente depuis le second tour des élections du 7 juillet laisse la France sans nouveau gouvernement. Une situation qui dure depuis 47 jours. Un record dans l’histoire de la Ve République. Ce vendredi 23 août marque le début des pourparlers. Les chefs de groupes parlementaires et les chefs de partis seront reçu par Emmanuel Macron à l’Elysée.
Macron recevra les différentes forces politiques
Le moment est enfin venu, Emmanuel Macron va recevoir à partir de ce vendredi les chefs de file des différents partis. Avant cela, le chef de l’Etat avait invoqué une trêve politique pour les Jeux olympiques. Il a aussi laissé passer les commémorations du débarquement de Provence. Les chefs des principales composantes du NFP, dont Olivier Faure pour le PS, Marine Tondelier pour les Ecologistes, Manuel Bompard pour La France insoumise et le communiste Fabien Roussel, seront accompagnés par leur candidate à Matignon, Lucie Castets. Ils sont reçus les premiers, à 10h30 vendredi. Un choix que justifie l’Elysée par le fait que le NFP est la première force politique de l’Assemblée nationale.
Les représentants du camp présidentiel ont rendez-vous à 13 heures. Ceux de la droite opposée au ralliement au Rassemblement National (RN), notamment Laurent Wauquiez à 15h30. Marine Le Pen et Jordan Bardella, puis Eric Ciotti, seront reçus lundi à 10 heures.
Les forces politiques dans l’attente
Dans l’attente d’un nouveau Premier ministre, les différentes forces de l’Assemblée espèrent qu’à la suite de leur rencontre, Emmanuel Macron nommera enfin un candidat. Le suspense commence à se faire long.
Du côté du NFP, les réactions ne se sont pas fait attendre. Manuel Bompard, le coordinateur de la France insoumise a dénoncé « un comportement d’autocrate » pour qualifier Emmanuel Macron. Sur franceinfo, Monsieur Bompard n’avait pas hésité à critiquer le chef de l’Etat. « Le président de la République doit accepter maintenant sa défaite aux dernières élections législatives » a t-il déclaré. « En Amérique latine, on appelle ça un putsch, un coup d’Etat, coup de force démocratique » a dénoncé Fabien Roussel, le patron du Parti communiste sur TF1. Le NFP avait proposé plus tôt Lucie Castets au poste de Première ministre, et maintient son choix.
À droite, un accord scellé avec Les Républicains (LR) dirigés par Laurent Wauquiez a permis la réélection de la présidente sortante Yaël Braun-Pivet à la tête de l’Assemblée nationale à la mi-juillet. Cependant, les députés de droite rejettent toute idée d’accord de gouvernement. Vendredi, Fabien Di Filippo, député LR de Moselle, a rappelé sur franceinfo que son parti « ne souhait[ait] pas participer à une coalition ». Estimant que le centre du pouvoir se situe désormais à l’Assemblée, Laurent Wauquiez avait, le 11 juillet, plutôt proposé un « pacte législatif ». Les Républicains menacent par ailleurs de déposer une motion de censure contre tout gouvernement intégrant des ministres issus de LFI.
Du côté du RN, troisième force de l’Assemblée, on n’attend pas grand chose de ce rendez-vous. Cette réunion sera cependant l’occasion de rappeler qu’avec 126 députés – 142 avec ses alliés proches d’Eric Ciotti – contre 89 dans la précédente législature, le RN entend peser dans l’hémicycle. Rappelons que le parti d’extrême droite et ses alliés ont réalisé un score historique. Le groupe est donc « assez nombreux pour déposer des motions de censure », a prévenu la vice-présidente du RN, Edwige Diaz, sur franceinfo mardi. Un avertissement qui vaut tout particulièrement pour le NFP.
Pas de majorité absolue
Le 7 juillet a plongé la France dans un climat d’incertitudes. Au second tour des législatives qui s’est tenu ce jour là, aucun parti n’a réussi à obtenir la majorité absolue de 289 sièges. L’alliance de gauche, le NFP est arrivé en tête avec 193 sièges. Le camp présidentiel avait récolté 166 sièges, le plaçant en deuxième position à l’Assemblée. Le RN quant à lui a subi une défaite à laquelle il ne s’était pas préparé. Avec ses alliés ciottistes et les Républicains, ils ont obtenu 142 sièges.
Cette configuration a compliqué la mise en place d’une coalition et la nomination d’un nouveau gouvernement.