Une étude commanditée par Greenpeace réévalue les coûts de la prolongation au-delà de 40 ans de nos centrales nucléaires. Le coût est astronomique.
C’est pour le moins un rapport édifiant que vient de publier Greenpeace. L’ONG constate le vieillissement des centrales nucléaires en France, construites pour l’essentielle dans les années 80, dans ce rapport rédigé par le cabinet de conseil WISE-Paris. La France est le plus grand producteur d’énergies nucléaires dans le monde, proportionnellement à son nombre d’habitants, avec un parc de 58 réacteurs.
Nos centrales atteignent bientôt l’âge limite
Conçues pour une durée de 40 ans, EDF prévoit de repousser l’échéance à 50, voire 60 ans pour chacune de ses centrales. Lutter contre le vieillissement de celle-ci est indispensable. Dans les enceintes de confinement, le béton et l’acier se fragilisent. Mais c’est aussi une situation d’urgence, puisque 80 % de nos centrales vont atteindre la limite d’âge entre 2017 et 2027. S’il y a une fermeture stricte des réacteurs à quarante ans, c’est 50 % de notre production qui s’effacera en huit ans.
Une addition salée
Mais comme le montre le rapport, rédigé par Yves Marignac, directeur du cabinet de conseil WISE-Paris, le coût de cette opération est exorbitant. Cet énorme chantier, baptisé « grand carénage », par le patron de l’entreprise public, Henri Proglio, est chiffré à 55 milliards d’euros. Mais selon, l’étude commanditée par Greenpeace, la facture serait, selon elle, bien plus salée. L’étude prévoit en effet, trois scénarios possibles : posséder un parc nucléaire à la sureté « dégradée », « préservée » ou « renforcée ». Détenir un parc nucléaire en France, à la sureté renforcée consisterait à mettre l’ensemble de nos réacteurs en norme de l’EPR. C’est la troisième génération de réacteurs. Un réacteur de ce type est actuellement en construction à Flamanville. Mais le coût est estimé à 267 milliards d’euros, soit 4,5 milliards pour chaque réacteur. On est donc très loin des 55 milliards d’euros que prévoit EDF.
Pour le scénario intermédiaire, préservée la sureté des réacteurs. L’étude chiffre son coût à 116 milliards d’euros pour les 58 réacteurs français.
Seul le dernier scénario se rapproche de l’estimation d’EDF, avec un coût qui est même en dessous, avec 46,4 milliards d’euros au total. Seulement, cette solution est semble t-il à proscrire, contenue des dangers que représente le nucléaire, dont la catastrophe de Fukushima en est l’exemple. C’est d’ailleurs, l’ASN (l’autorité de sureté nucléaire) qui impose des travaux depuis cet événement tragique. Toujours est-il que le président de cette organisation n’a pas donné son feu vert en déclarant que le projet d’allonger la durée de vie de nos centrales « n’est pas acquis ».
Ce rapport est donc pour Greenpeace, l’occasion de nous alerter sur l’état du nucléaire en France, mais également de nous faire réfléchir à la transition énergétique. Rappelons, que l’ONG souhaite que l’on compte, 45 % d’énergies renouvelables dans l’Hexagone d’ici à 2030.
Benoît Thérèze