Pour les 100 ans du National Park Service, et à quelques mois de la fin de son mandat, Barack Obama a créé dans le Pacifique la plus grande zone naturelle protégée au monde. Un parc naturel qui abrite l’un des écosystèmes marins les plus riches de la planète.
Le National Park Service a 100 ans
Les Etats-Unis ont fêté le 25 aout le centenaire de la création du National Park Service. Cette agence fédérale a la charge de gérer les zones protégées du domaine fédéral, dont les parcs et monuments nationaux font partie. Symbole du patrimoine naturel américain et acteur principal de la conservation — une notion qui reste très liée à l’histoire américaine — le NPS a été créé en 1916 sous Woodrow Wilson.
Un siècle plus tard, Barack Obama a commémoré sa naissance avec enthousiasme. Le Président américain s’est en effet distingué, au cours de ses deux mandats, par un intérêt particulier porté au réserves naturelles américaines — un enjeu national et international, qui s’inscrit dans une logique de protection active de l’environnement. Il est le Président qui a le plus protégé de portions du territoire américain, avec un total — pour l’instant — de 25 monuments nationaux créés.
Usant de son autorité exécutive permise par l’Antiquities Act (signé par Theodore Roosevelt en 1906), un Président américain peut créer par proclamation un monument national.
Le plus grand parc naturel protégé au monde
Le 24 aout, Obama a créé un grand parc naturel dans le Maine, qui pourrait être le dernier parc national de la Côte Est.
A l’Ouest, il s’est tourné vers l’océan et vers son « home state » d’Hawaii, en agrandissant considérablement le Papahānaumokuākea Marine National Monument, créé en 2006 par George W. Bush. Avec ses 940 000 kilomètres carré, c’est désormais la plus grande zone naturelle protégée au monde. A elle seule, sa superficie dépasse celle de l’ensemble de tous les autres parcs nationaux américains.
Des Fous masqués
Papahānaumokuākea se trouve au nord-ouest d’Hawaii. Si la zone est protégée, c’est pour deux raisons : une importance culturelle pour Hawaii et son histoire (la culture hawaïenne considère les îles du nord-ouest comme sacrées), et surtout un exceptionnel écosystème marin.
On y trouve en effet de nombreuses espèces menacées, comme la baleine bleue, l’albatros de Laysan, des tortues de mer, le phoque moine d’Hawaii, mais aussi des barrières de coraux, dont certains coraux noirs vieux de 4 000 ans. Un quart des créatures qui y vivent ne se trouvent nulle part ailleurs dans le monde.
Un phoque moine d’Hawaii
Interdiction de la pêche commerciale
Cette initiative a été soutenue par des scientifiques et protecteurs de l’environnements, selon lesquels toute forme d’exploitation devrait être interdite dans au moins 30% des océans pour protéger la vie marine et les bénéfices pour l’humanité. La création de ce parc va bien dans ce sens.
Mais la décision a été durement combattue en amont par l’industrie de la pêche d’Hawaii. La création du parc est aussi critiquée par les Républicains, qui veulent réformer la processus aboutissant à la création de ces zones protégées par l’Etat fédéral.
Des albatros de Laysan dans un lagon de Midway, site de la célèbre bataille aéro-navale entre les US et le Japon
Le gouverneur d’Hawaii, David Ige, a reconnu que cette décision « trouvait le bon équilibre du moment pour les eaux autour des iles hawaïennes », y trouvant « un modèle de long-terme pour les autres océans de la planète. »
Fin de mandat
Une décision qui intervient à 6 mois de la fin du mandant de Barack Obama. Selon l’historien Douglas Brinkley, biographe de Theodore et Franklin Roosevelt, l’Antiquities Act permet justement de transcender des influences régionales ou industrielles pour protéger la terre ou la mer, et se fonder sur un intérêt supérieur concernant tous les Américains. « Les présidents dans leur dernière année doivent faire quelque chose de visionnaire. (…) Le long-terme est l’essence même de la conservation. »
Oursin crayon