En novembre prochain, OCS s’essaye à la comédie politique avec Alphonse Président, ou OSS 117 en politique. Nouveau virage mais pari réussi ?
Alphonse Président dès le 23 novembre sur OCS et en intégralité sur OCS GO
C’est quoi Alphonse Président ? Le chômage augmente, la dette explose, et on attend le retour de la croissance comme on attend le messie… désespérément. La Grande Nation brade ses usines aux Indiens, ses châteaux aux oligarques russes, ses équipes de foot aux émirs, ses vignobles aux Chinois, enfin bref, c’est la chienlit comme le disait le Général de Gaulle. Et pour couronner le tout, le Président de ce qui reste de la cinquième puissance économique mondiale disparaît ! L’émotion est grande en France, et partout dans le monde. Quelques mauvaises langues prétendent certes qu’il avait disparu depuis longtemps, mais tout de même, ça fait désordre.
En vertu de l’article 7 de la Constitution, Amandine Barzati, première ministre, saisit le Conseil Constitutionnel qui constate la vacance du pouvoir et nomme le Président du Sénat pour assurer l’intérim. Et voici comment, Alphonse Dumoulin, professeur d’Histoire à la retraite, devient le Président de la République. La tâche s’annonce rude pour le brave homme. En effet, les pires rumeurs circulent sur l’état du pays : il manquerait 200 milliards pour boucler le budget !
Alphonse Président joue la touche française en comédie politique
Déjà qu’en matière de fictions politiques, la France a un retard fou sur nos amis anglo-saxons. Mais se moquer de la politique, n’en parlons pas, c’est inexistant dans notre PAF, à part dans les émissions satiriques. Si le titre Alphonse Président peut rappeler la série Bush Président, la satyre politique est portée aux Etats-Unis notamment en ce moment par Veep, multi-récompensée aux Emmy Awards.
Il y avait une carte à jouer que l’équipe de Alphonse Président s’est empressé de saisir, allant sur un registre très différent de Veep, assumant pleinement des références françaises en matière d’humour, quitte à décontenancer sur l’épisode 1 avec un style, un humour, qui ne nous est guère familier. Mais une fois passées les 10 premières minutes, c’est un festival de trouvailles, de dialogues et de situations à la fois cocasses, drôles, surréalistes parfois mais terriblement séduisant, voire même corrosif. De Google rebaptisé en Goolag à la Première Ministre qui ne cesse de recevoir des coups de fil de la Chancelière allemande en passant par le ministre de l’intérieur qui ne cesse de fomenter des barbouzeries, Alphonse Président joue en permanence sur un double levier qui se retrouve dans l’incarnation de l’Exécutif : tradition et modernité. Dans son humour, la série ne cesse de passer de références traditionnelles à humour moderne, s’assurant de fait de pouvoir fédérer un public large et multi-générationnel. Alphonse Président se rapproche en ça de Au service de la France et peut se définir comme un « OSS 117 politique ».
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Une série qui fait mouche servi par un casting réussi
Grâce à son ton très BD, notamment avec la prestation de Jean-Michel Lahmi (Danglard), l’infernal méchant ministre de l’intérieur, Alphonse Président propose une série très originale et un humour qui fait mouche. Michel Vuillermoz de l’Académie Française, qui s’offre un premier rôle principal dans une série, est absolument parfait dans cet « Astérix » politique, ultra chauvin jusqu’à la mauvaise foi et en même temps réellement amoureux de son pays, de son histoire, mais qui n’a pas du tout la fibre politique et se rêve plus en grand homme de l’Histoire façon De Gaulle ou Napoléon qui s’adresse à son peuple (jusqu’à « briser » le 4ème mur en fin des épisodes). A ses côtés, et c’est sans doute LA révélation de cette série, Nabiha Akkari (Première Ministre Barzati) fait force d’un grand talent pour ne pas être faire valoir de Vuillermoz mais sur la même ligne, avec une vraie justesse de jeu. Elle impose sa présence à l’écran avec un humour et un charme de chaque instant. Leur duo, car c’est bien de ça dont il s’agit, donne le sel à la série et on s’amuse de les voir essayer de brader chaque recoin de notre beau pays.
La réalisation rythmée de Nicolas Castro (également créateur de la série, Des lendemains qui chantent) s’appuie sur un cheap volontairement assumé qui donne aussi son charme à la série et les dialogues savoureux son identité propre (saluons les auteurs, Nicolas Castro ainsi que Ludovic Abgrall, Victor Rodenbach et Hugo Benamozig).
Assurément, Alphonse Président va en décontenancer, voir en rebuter plus d’un par son rythme et son style. Mais la série a fait mouche auprès de nous et, même si elle n’est pas parfaite loin de là, il nous tarde d’en découvrir la suite et de retrouver cette belle troupe d’acteurs.
Saison 1 – 10 x 26’
Réalisateur : Nicolas Castro
Productrices : Simone Harari Baulieu et Tatiana Maksimenko
Créateur : Nicolas Castro
Co-auteurs : Ludovic Abgrall, Victor Rodenbach et Hugo Benamozig
Musique originale : Joseph Guigui et David Dahan
Directeur de production : François Perillat
Directeur de la photographie : Malik Brahimi
Casting : Michel Vuillermoz, Nabiha Akkari, Jean-Michel Lahmi, Bruno Gouery, Michaël Vander-Meiren, Alexandre Blazy.