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On a vu pour vous … Six, la série sur les Navy Seals (History)

Entre hommage aux Navy Seals et série d’action, Six mélange réalité et fiction pour un portrait patriotique mais un peu maladroit.

C’est quoi, Six ? Afghanistan, 2014. Richard “Rip” Taggart (Walton Goggins) est à la tête de la Team 6 des Navy Seals, chargée de traquer un chef terroriste. Lors d’un raid sur un village, l’équipe tombe sur un groupe d’insurgés talibans, parmi lesquels se trouvent deux américains. Le premier parvient à s’enfuir et le second, pourtant désarmé, est abattu par Rip… Deux ans plus tard, les hommes sont rentrés aux Etats-Unis tandis que Rip travaille comme chef de la sécurité pour une compagnie américaine au Nigeria. Lors de l’inauguration d’une école, Boko Haram lance un assaut : Rip est pris en otage en même temps que plusieurs civils. Apprenant la nouvelle, les anciens  hommes de Rip sont déterminés à venir à son secours ; mais l’information est aussi parvenue aux oreilles de Michael Nasry (Dominic Adams), le frère du terroriste abattu en Afghanistan, qui a juré de se venger…

Créée par William Broyles Jr. (Scénariste de Apollo 13 et Mémoire de nos pères) et son fils David, ancien des Opérations Spéciales, Six prend pour protagonistes l’unité des Navy Seals connue sous le nom de Team 6. Férocement protégée par le secret défense, cette unité est spécialisée dans la lutte contre le terrorisme et a acquis une certaine renommée en menant le raid ayant conduit à la mort d’Oussama Ben Laden en 2011. History présente sa série comme un “portrait authentique” des Seals et se place sous la houlette de plusieurs vétérans et spécialistes, notamment Mitchell Hall, conseiller technique sur le film Zero Dark Thirty. L’intention est là, mais le résultat laisse sceptique.

Le premier épisode juxtapose deux récits : d’abord le déploiement des militaires en Afghanistan, où ils sont chargés de neutraliser (comprenez : éliminer) un chef taliban, et le déroulement du raid se soldant par l’exécution d’un djihadiste américain ; un saut temporel nous transporte ensuite en 2016, où débute l’histoire proprement dite. La narration au présent est ponctuée de flashbacks centrés sur le héros et chef de l’Unité, Rip Taggart. L’ensemble est sous-tendu par un enjeu simple mais efficace : Rip capturé par Boko Haram, qui le trouvera en premier ? Ses anciens compagnons d’armes venus le sauver ou le frère du terroriste abattu qui cherche à se venger ?

L’idée était donc de s’appuyer sur ce suspense pour dresser un portrait réaliste et évidemment positif des Seals. Dans cette optique, malheureusement, Six manque quelque peu son objectif.  La raison principale réside dans le caractère simpliste des personnages. Les seconds rôles, par exemple : les personnalités distinctes émergent rapidement mais elles restent basiques – avec  le dur à cuire loyal et dévoué, le type tourmenté par sa conscience, celui qui hésite à prendre sa retraite ou le petit nouveau qui a étudié à Harvard… L’esquisse psychologique aurait pu être approfondie par les différentes situations auxquelles les soldats doivent faire face une fois rentrés au pays (difficultés familiales et / ou professionnelles) ; or, on reste dans du convenu et les personnages oscillent entre démonstrations de virilité bourrue et accès de sensiblerie. Si le but était de montrer que les Seals sont des hommes de chair et de sang, avec leurs faiblesses et leurs parts d’ombre, la démonstration manque de subtilité – à l’instar de dialogues souvent pleins de poncifs et de déclarations martiales (« Nous allons régler ça, parce que nous sommes des Seals ! Nous allons ramener Rip à la maison ! » )

 Six, hommage aux Seals bien camouflé…

 

Six commet la même erreur avec des « méchants »  tellement caricaturaux qu’on les croirait sortis tout droit d’un mauvais épisode de 24 : les vilains musulmans haïssent l’Amérique et se complaisent dans le viol, le rapt, la torture et le meurtre. Évidemment, on pouvait s’attendre à ce qu’une série sur les Navy Seals mette en scène des terroristes islamistes, et que ceux-ci ne soient pas décrits de manière à attirer la sympathie… Mais l’outrance et la caricature font rarement de bons antagonistes : cette maladresse, ajoutée au fait que les noms sont ceux d’organisations réelles, affaiblit considérablement la portée du récit en faisant des terroristes des épouvantails archétypaux.

Reste le rôle principal, dans lequel Walton Goggins (The Shield, Justified) est excellent – et ce n’est pas une surprise. Point fort de la série, il donne à son personnage une remarquable intensité, jouant parfaitement sur ses deux facettes : le Rip criminel de guerre de 2011 et celui du présent, brisé et hanté par son passé. Son personnage, plus complexe, est pourtant aussi rapidement construit que ses acolytes : l’illustration de ces deux facettes repose essentiellement sur les flash-backs, sans réelle transition entre le sauvage dépourvu de morale et le héros en quête de rédemption, qui – sortez les mouchoirs – se sauve lui-même en sauvant les autres

Vous aurez compris que du point de vue des personnages, Six échoue à leur donner l’épaisseur et l’intensité qui lui aurait permis d’offrir un portrait crédible et pertinent. La série est en revanche très efficace en termes d’action. Les épisodes (notamment ceux réalisés par Lesli Linka Glatter) comportent quelques scènes spectaculaires et bien filmées – par exemple une tentative d’évasion du camp de Boko Haram. De facture classique – caméra tremblante, vision nocturne et micro-ellipses avec brefs écrans noirs – la réalisation fait de Six une série musclée et haletante. A vous de voir si cela suffit à vous accrocher…

Trop basique pour offrir un portrait nuancé des Seals, Six est un hommage maladroit qui aurait gagné en crédibilité et en réalisme avec des personnages plus complexes et aboutis. Elle convainc davantage en série d’action, si l’on cherche un shoot d’adrénaline et de suspense sans s’embarrasser de la psychologie des personnages. Il faudra s’en contenter.

SIX – History Channel.

6 épisodes de 50’ environ.

A lire aussi : notre dossier sur la série Harley et the Davidsons

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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