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On a vu pour vous … Sob Pressaõ (Globo TV), Urgences do Brasil

Série médicale extrêmement efficace, Sob Pressaõ (multi-récompensée au dernier FIPA de Biarritz) raconte le quotidien d’un hôpital public de Rio, et montre toutes les carences du système de santé brésilien.

C’est quoi, Sob Pressaõ ? Dans un hôpital public de la banlieue de Rio de Janeiro, le personnel lutte au quotidien pour soigner les malades et sauver les patients, malgré le manque criant de moyen. Chef de la chirurgie, le Dr Evandro Moreira (Julio Andrade) se remet difficilement de la mort de sa femme, décédée sur sa table d’opération ; à ses côtés, le chirurgien vasculaire Carolina Almeida (Marjorie Estiano) tente de concilier sa foi religieuse avec l’exercice de la médecine. Tous deux traumatisés par des drames familiaux, les deux médecins se rapprochent ; animés par la même ferveur et le même dévouement, ils se démènent pour pallier aux carences de l’hôpital.

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Sob Pressaõ (Sous pression) est tirée du film du même nom, sorti en 2016 et lui-même adapté d’un livre dont l’auteur, le docteur Marcio Maranhao, a travaillé comme consultant sur la série. On y retrouve également le réalisateur Andrucha Waddington et les deux acteurs principaux, Julio Andrade et Marjorie Estiano, qui reprennent les rôles qu’ils tenaient au cinéma. Immense succès au Brésil (jusqu’à… 40 millions de spectateurs pour un seul épisode !) , la série accumule les prix dans les festivals internationaux – notamment au FIPA de Biarritz, où elle s’est vue décerner pas moins de quatre récompenses.

On l’admet volontiers : le titre de cet article fait dans la facilité. A notre décharge, la tentation est grande de jauger des séries médicales à l’aune d’Urgences ou de Grey’s Anatomy, incontournables du genre. A fortiori parce qu’on retrouve un peu de ces deux séries dans Sob Pressaõ : le cadre et le rythme de la première, les intrigues amoureuses de la seconde. Mais le rapprochement s’arrête là : plus sombre, très réaliste, la série brésilienne possède une identité, une originalité et un propos qui en font bien autre chose qu’une copie de ses homologues.

La série se penche donc sur la vie tourmentée de deux médecins, exerçant dans un hôpital public de Rio. D’un côté, Evandro, chef de la chirurgie ; de l’autre, sa collègue Carolina. L’équipe est complétée par un généraliste, un neurochirurgien, un résident, deux infirmières et un anesthésiste (impliqué dans un triangle amoureux, il apporte la seule touche comique de la série.), tous sous les ordres du directeur de l’hôpital. Dans un établissement manquant d’argent et de moyens, les praticiens tentent de sauver chaque jour le maximum de patients, en faisant preuve d’ingéniosité pour pallier à l’absence de matériel  : un tuyau d’arrosage sert à drainer l’estomac d’une patiente ; un smartphone est utilisé pour rechercher un sachet de cocaïne avalé par un jeune garçon.

Carolina et Evandro, les deux héros de Sob Pressaõ

 

Sob Pressaõ se focalise principalement sur Evandro et Carolina, dans leur travail au quotidien et dans la relation amoureuse qui se noue entre eux. Traumatisé par la mort de sa femme, Evandro (excellent Julio Andrade) se consacre entièrement à sa vocation de médecin, et est prêt à tout pour sauver la vie d’un patient, quitte à affronter sa hiérarchie. Brillante chirurgienne, Carolina (Marjorie Estiano, tout simplement exceptionnelle) est une jeune femme fragile, perturbée par les abus subis dans son enfance.  Liés par leur vocation et par les douleurs de leurs passés respectifs, les deux médecins se raccrochent l’un à l’autre, dans une liaison amoureuse dysfonctionnelle, un drame psychologique extrêmement sombre bien loin de l’intrigue sentimentale romanesque.    

Sob Pressaõ mêle intrigues feuilletonnantes centrées sur le personnel de l’hôpital avec le procédural classique, chaque épisode abordant le cas de deux ou trois patients.  Les scènes d’opération sont filmées au plus près ; le rythme haletant du récit accentue le sentiment d’urgence ; le cadre de cet hôpital aux couloirs délabrés renforce le climat sombre et pesant ; les problèmes médicaux sont vraisemblables, jamais extravagants. Dans cette ambiance concrète et réaliste, on a presque l’impression d’être devant un documentaire. Sob Pressaõ se garde du reste de tout lyrisme, ne romantise aucune de ses intrigues, ne traite aucun cas avec humour ou légèreté, comme le font souvent les séries médicales pour alléger la tension.

Intervention en urgence, sous pression, et avec les moyens du bord

 

On l’a dit : ce qui frappe dans Sob Pressaõ, c’est le bilan catastrophique du système de santé public qu’elle décrit. On est habitué aux hôpitaux des séries américaines, bien équipés et où les soignants ont les moyens de faire face aux situations les plus diverses. Ce n’est pas le cas ici, où médecins et infirmiers sont contraints de composer avec le manque de matériel, le manque de personnel, le manque d’argent, voire les coupures de courant… Des difficultés que  ne rencontrent pas les cliniques privées, réservées aux plus riches en raison de leurs tarifs prohibitifs.

Au-delà de cet état des lieux, la série s’empare des pathologies des personnages et de leurs histoires personnelles pour aborder  de façon concrète différents thèmes : maltraitance domestique, abus sexuels, pédophilie, suicide, automutilation, violence urbaine, addictions, prostitution, isolement social…  Progressivement, on comprend l’importance de ces sujets au Brésil, a fortiori lorsque chaque épisode se conclut sur un message de prévention, incitant les spectateurs à consulter en cas de dépression, de douleur thoracique, ou à alerter les services sociaux s’ils sont témoins de maltraitance, par exemple. Une démarche qui souligne les multiples carences de la société, et qui fait donc de Sob Pressaõ une série malheureusement nécessaire, et qui a la grande vertu d’avoir ouvert un réel débat dans son pays.

Critique sans concession, Sob Pressaõ a conquis le public brésilien et suscité le débat, en révélant toute la précarité et le manque de moyen du système de santé public national. Si le sujet est primordial, il ne doit pourtant pas éclipser les qualités de la série elle-même. Rythmée, bien écrite et bien réalisée, avec des personnages attachants et superbement interprétées, Sob Pressaõ est avant toute une excellente série, un drame médical prenant, plein de tension et d’émotion.  Mais qui, indéniablement, nous fait aussi prendre conscience d’une autre réalité : celle où s’écrier « NFS, chimie, iono » est parfois un luxe qu’on n’a pas les moyens de se permettre…

Sob Pressaõ (TV Globo)
9 épisodes de 50′ environ

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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